En préparation de deux sorties, l'une avec l'antenne locale du Mémorial de la Shoah et l'autre avec le Musée de la Résistance, j'ai eu le plaisir de travailler durant deux heures avec une classe du lycée professionnel où j'exerce. Un groupe intéressé et attentif, qui participait et prenait des notes. J'ai rédigé les grandes lignes de cette construction commune en trois parties : pourquoi la guerre, les principales étapes de 39 à 45 et enfin les aspects majeurs de la Résistance à Toulouse avec quelques exemples emblématiques.
Je propose ce texte en ligne, sans prétention, avec l'idée que, malgré ses manques et ses insuffisances, il sera peut être utile à d'autres.

 

BTS 2è année – CULTURE GÉNÉRALE – Septembre 2016

Au croisement des deux thèmes d'étude : la mémoire / l'extraordinaire

LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE et LA RÉSISTANCE à TOULOUSE

Des hommes ordinaires aux parcours extraordinaires

Mémoire toulousaine de la 2ème guerre mondiale.

 

1 ) RAPPELS : LES PRINCIPALES ÉTAPES DE LA GUERRE

 

Pourquoi la guerre ?

 

- Après la 1ère guerre mondiale, le Traité de Versailles est vécu par les Allemands comme une humiliation qui demande revanche (il inclut notamment des « réparations » financières lourdes et une interdiction de réarmement).

 

- Janvier 1933 : Hitler prend le pouvoir (il est Chancelier). Il impose la dissolution des partis autres que le sien (le parti « NaZi = NAtionalsoZIalist) et des syndicats. Son parti glorifie le peuple allemand « Deutschland über alles » (= l'Allemagne au-dessus de tout) et désigne les Juifs comme bouc émissaire (responsables de tous les maux).

 

- Mars 1933 : premier camp de concentration sur le territoire allemand, à Dachau (près de Munich). Il est destiné d'abord à des prisonniers politiques et aux personnes qualifiées d'asociales (SDF, …) En juillet de la même année, il y a déjà près de 30.000 prisonniers dans ce camp qui sera la matrice où seront formés de nombreux SS.

 

- Mars 1938 : Hitler ne cesse de parler d'un grand « Lebensraum » (espace vital) que le peuple allemand mériterait. Il commence par l'annexion de l'Autriche (appelée « Anschluss »).

 

- Septembre 1938 : accords de Munich (France, Gde-Bretagne, Italie) : Hitler est autorisé à annexer une partie de la Tchécoslovaquie,. Les pays européens signataires croient ainsi préserver la paix.

 

Faits essentiels

 

En 1939 

 

- 1er avril : en Espagne, l'issue de la Guerre civile amène la dictature du Général Franco au pouvoir. Ses adversaires, les Républicains, fuient en masse vers la France, c'est « la Retirada ». Parmi eux, beaucoup deviendront Résistants, particulièrement les anciens des Brigades internationales.

 

- 23 août : signature d'un pacte germano-soviétique, pacte de non-agression, qui prévoit par ailleurs la division de la Pologne entre ces deux pays.

 

- 1er septembre : l'Allemagne attaque la Pologne et l'envahit aisément (malgré les efforts des troupes polonaises) notamment grâce à sa supériorité en matériel militaire.

 

- 3 septembre : la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne.

 

En 1940 

 

- 10 mai : les troupes allemandes envahissent une partie de la France, on l'appellera la « zone occupée » (la moitié Nord du pays + la côte Atlantique).

 

- 17 mai : le Maréchal Pétain, fort de sa réputation lors de la 1ère guerre mondiale, devient chef d'état. Il s'attribue les pleins pouvoirs le 10 juillet. La France n'est plus une République dont la devise est « Liberté, Égalité, Fraternité » mais on parle de « L'État français » avec pour devise : « Travail, Famille, Patrie ». C'est le Régime de Vichy.

 

- 18 juin : appel, depuis Londres, à résister à l'envahissement de la France par le Général de Gaulle : « La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre ».

 

- 22 juin : signature de l'Armistice : la guerre est officiellement terminée.

 

- début octobre : lois de Pétain sur le « Statut des Juifs » qui se voient infliger restrictions et interdits (un Juif ne peut plus être journaliste ou enseignant par exemple) et décide de l'internement des Juifs étrangers vivant en France, notamment au camp de Gurs (dans les Pyrénées-Atlantiques, à 240 km au Sud-Ouest de Toulouse, près de Pau).

 

- 24 octobre : « poignée de main de Montoire » entre Pétain et Hitler : c'est la collaboration (politique, économique et militaire) qui remet les forces françaises entre les mains des Allemands.

 

- 11 novembre : ce jour férié (fêtant la défaite allemande de 1918) est évidemment désormais interdit. Des milliers de jeunes parisiens, lycéens et étudiants, parviennent à se coopter pour une manifestation aux Champs-Élysées. Cette manifestation est considérée comme le 1er acte de Résistance. Il est évidemment suivi de représailles (200 arrestations notamment).

 

En 1941 

 

- En juin : en Allemagne, Hitler rompt le pacte germano-soviétique et lance ses troupes à la conquête de l'URSS. C'est l'opération Barbarossa. Derrière la Wehrmacht (armée allemande officielle), officient les Einsatzgruppen (meurtres de masse des citoyens juifs). C'est aussi la date, en France, de l'ouverture du camp de Compiègne-Royallieu où transiteront de nombreux prisonniers politiques avant d'être envoyés vers les camps allemands de Pologne.

 

- En août c'est l'ouverture du camp de Drancy en banlieue parisienne, qui deviendra le camp de transit des Juifs de France avant leur déportation pour Auschwitz. Il fonctionnera jusqu'en août 44.

 

En 1942 

 

- En janvier, en Allemagne, c'est la « Conférence de Wannsee » où la décision d'extermination des Juifs d'Europe s'officialise et s'organise (entre mars et juillet, Belzec, Sobibor et Treblinka, tous trois centres de mise à mort, entreront en fonctionnement).

 

- Au printemps, part le 1er convoi de France vers Auschwitz. Le port de l’étoile jaune est imposé aux Juifs en zone occupée.

 

- En juillet c'est la Rafle du Vel'd'Hiv : 13.000 Juifs de Paris (soit 30 fois la population totale du lycée) sont amenés au Vélodrome de la capitale par des bus de ville. Parmi eux 1/3 sont des enfants. En 1945, de ces treize mille personnes, seules 100 seront survivantes.

 

- Au mois d'août, les Juifs internés dans les camps du Sud de la France sont déplacés en zone occupée. Le Cardinal Saliège, témoin de ces faits et de leur brutalité, écrit un texte dont il impose la lecture dans toutes les églises sous sa responsabilité (Extrait : « Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier».)

 

- Novembre : Fin de la zone « no-no » : toute la France est occupée.

 

En 1943 

 

- En févrie: Mise en place du STO (Service du travail obligatoire) pour les 20-23 ans. En Haute-Garonne, 8 à 9.000 jeunes partent en Allemagne. Les réfractaires (ceux qui s'opposent à cette obligation) entrent donc de fait en Résistance (maquis).

 

- Au printemps : Auschwitz-Birkenau, les 4 grandes structures d'extermination entrent en service. A Varsovie, capitale de la Pologne, c'est le soulèvement des derniers survivants du ghetto qui mettra les soldats allemands en échec durant un mois.

 

- 02 août : révolte des prisonniers du centre de mise à mort de Treblinka.

 

- 14 octobre : révolte des prisonniers du centre de mise à mort de Sobibor.

 

Ces deux camps seront alors démantelés.

 

En 1944 

 

- En jui: c'est le Débarquement de Normandie. Les Alliés viennent combattre sur le front de l'Ouest (176.000 hommes).

 

- 23 juillet : dans leur avancée vers l'Ouest, les troupes Soviétiques découvrent le camp de Majdanek que les SS ont abandonné en l'état.

 

- En août : libération de Paris, De Gaulle défile sur les Champs-Élysées.

 

En 1945 

 

- Le 30 avril, plus aucun espoir d'être vainqueur ne lui est permis : Hitler se suicide à Berlin.

 

Cette guerre aura été la plus meurtrière de l'histoire humaine avec 60 millions de morts dont :

 → 25 millions de Soviétiques (15% de la population totale),

 → 6 à 8 millions d'Allemands (dont 90% de la population juive d'Allemagne),

 → 5 à 6 millions de Polonais (16 à 17% de la population totale dont 3 millions de Juifs, soit 90% des Juifs de Pologne)

 → 500 à 600.000 Français (1,3% de la population du pays).

 

- Ce printemps verra la libération des camps, à l'Est par les troupes soviétiques, à l'Ouest par les troupes alliées. 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques sont morts dans les camps, de même que 3 millions de Juifs. Au total, l'extermination des Juifs d'Europe voulue par la politique hitlérienne (aujourd'hui appelée « la Shoah ») aura fait 6 millions de victimes globalement réparties comme suit : 2 millions par les Einsatzgruppen sur le Front de l'Est, 1 million dans les ghettos et 3 millions dans les camps.

 

 

 

2 ) LA RESISTANCE : PRINCIPAUX ASPECTS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Les différents types de résistance

  

A – Actions de sabotage (ponts, voies ferrées,…) pour gêner les troupes allemandes

B – Actions de communication (tracts, journaux clandestins, …) information et contre propagande

C – Actions de protection (faux-papiers, cache de personnes, …)

D – Actions armées (pour se défendre ou abattre une personne ciblée)

E – Aides ponctuelles diverses (comme cet entrepreneur toulousain qui a proposé 10.000 litres de carburant aux forces résistantes)

 

 Les principales formes que prend la Résistance

 

- les réseaux (B, C)

- les maquis (A, D)

 - les personnes isolées (C, E)

 

 Quelques chiffres

 

En France : 141.000 déportés dont 75.000 « raciaux »

 42.000 pour « faits de résistance »

 350.000 Juifs vivaient en France, 76.000 ont été déportés, 3 % sont revenus.

 

 En Haute-Garonne : 617 exécutions

 1.370 déportations dont 1.068 à Toulouse

 416 internés.

 

 

3) QUELQUES EXEMPLES TOULOUSAINS

 

 

Aujourd'hui, 150 rues de Toulouse portent des noms de Résistant(e)s.

Je n'en citerai que quelques-un(e)s puisque, lors des deux sorties prévues, des spécialistes traiteront largement du sujet.

 

- Le 1er réseau : celui de Pierre BERTAUX (en 1941) avec les premiers parachutages organisés depuis Londres dès le mois d'octobre à Fonsorbes. Il sera capturé, emprisonné à St Michel, la prison toulousaine (cf station de métro actuelle), mais survivra à la guerre.

 

- Le réseau Françoise (Marie-Louise DISSARD) qui a compté jusqu'à 200 personnes (dont le nom a été choisi pour le lycée de Tournefeuille). Ce réseau organisait en particulier les passages vers l'Espagne. ML Dissard survivra à la guerre.

 

- Le GIF (Groupe Insurrectionnel Français) d'élèves du lycée Fermat (dont certains étaient fils de Résistants, tel le fils de Raymond NAVES, qui, lui aussi a été choisi pour nommer un lycée toulousain). Ils réalisaient des tracts. Ces jeunes passeront quelques temps en prison puis seront libérés.

 

- Le religieux avec le Cardinal SALIEGE et sa lettre du 23 août 1942 déjà évoquée, et Ariane FIKSMAN (dite Régine) qui a constitué le groupe « AJ » (Armée Juive) basé Rue de la Pomme, en centre ville (cache d'armes et de personnes en danger). Elle est tuée fin juillet 44 par la Milice.

 

- Les Frères LION, imprimeurs rue Croix-Baragnon, utilisaient leur matériel professionnel pour imprimer des journaux clandestins, de faux-papiers, … Arrêtés en février 44, enfermés à la prison St Michel puis déportés au camp de Mauthausen, ils n'en reviendront pas.

 

- Les FTP (Francs Tireurs et Partisans), groupe communiste crée lors de la rupture du pacte germano-soviétique par Hitler en 1941 et particulièrement la FTP-MOI (Main d'Oeuvre Immigrée) très active sur Toulouse avec Marcel (Mendel) LANGER, Juif de Pologne, à la tête de la 35è brigade toulousaine. Il avait auparavant fait partie des Brigades Internationales en Espagne. Il sera exécuté en juillet 1943 sur décision du tribunal de Toulouse et vengé par sa brigade.

 

- Le MUR (Mouvement Uni de la Résistance) voulu par De Gaulle pour coordonner et rendre plus fortes les actions des Résistants, avec François VERDIER (dit Forain), commerçant, qui sera pris et assassiné par les Allemands en forêt de Bouconne en janvier 44.

 

BTS 2è année – CULTURE GÉNÉRALE – Septembre 2016

Au croisement des deux thèmes d'étude : la mémoire / l'extraordinaire

LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE et LA RÉSISTANCE à TOULOUSE

Des hommes ordinaires aux parcours extraordinaires

Mémoire toulousaine de la 2ème guerre mondiale.

 Gideon Hausner, Procureur, au procès de EichmannAvertissements préliminaires
Cette page ne prétend pas à l’exhaustivité (l’ensemble du Procès Eichmann = neuf volumes). Il s’agit d'un résumé des notes que j’ai prises au fur et à mesure de ma lecture. Elles sont très partielles : j’ai retenu ce qui est susceptible de m’être utile dans mes recherches, pas forcément tout ce qui pourrait être considéré comme essentiel, ni certaines des informations qui me sont connues par ailleurs.
Ces notes vont sans doute paraître extrêmement froides et distanciées et, en cela, ne reflètent pas l’intensité des témoignages, mais à l’inverse privilégient l’aspect informatif à l’aspect humain. Vous y trouverez en revanche l’indication de l’intégralité des témoins ayant déposé devant la cour (mais seulement l’évocation de quelques documents parmi les très nombreuses pièces du dossier). Enfin, certains éléments biographiques concernant des SS et leur devenir sont ajoutés par moi et non pas indiqués au moment du procès.
Lorsque j’ai pris ces notes je ne pensais pas les faire figurer sur le site, ce n’est que plus tard que j’ai finalement pensé que cela pourrait intéresser certains d’entre vous d'en établir ce résumé.

 

VOLUME 3
(Du 08 au 24 mai 1961, session 52 à 74)

Session 52
Suite de la déposition de Philip Pinchas FREUDIGER.
Après l’arrivée des Allemands en Hongrie, des remplacements dans les Ministères ont lieu (1er Ministre KALAI remplacé par STOJAY, nouveau Ministre de l’Intérieur JAROSS). Les lois anti-juives se succèdent en avril-mai. En mai les déportations commencent (Carpatho-Russie, NE de la Hongrie). En tant que membre du Comité Juif (représentants de la communauté) il rencontrera régulièrement les SS KRUMEY et surtout WISLICENY, ainsi que EICHMANN en deux occcasions. Membres du Comité à ses débuts : Hofrat STERN à sa tête, Ernoe BODA et PETOE comme vice-présidents, et Karl WILHELM, puis Nison KAHAN, FRANKL, CSOBADI. Ces trois derniers seront remplacés (08 mai) par Joseph NAGY, Janos GABOR, Bela BEREND, TOEROEK et STOECKLER.  
Le "plan ENDRE" (membre du Ministère de l’Intérieur Hongrois) prévoit un départ de train de 3.000 personnes tous les 2 à 3 jours. EICHMANN demande plusieurs trains par jour. Déportations du camp principal : Kistarcsa au NE de Budapest (19 convois). Fin juin, le Régent HORTY décide d’arrêter ces déportations (le camp sera démantelé le 27 septembre 44). Il ne restait alors quasiment que les 150 à 200.000 Juifs de Budapest.
Les SS font envoyer aux déportés des cartes postales à leurs familles en Hongrie (toutes sur le même modèle "je vais bien, je travaille à Waldsee") mais la supercherie dure peu. Ils apprennent rapidement que la destination est Auschwitz et le rapport de VRBA et WEZLER qu’ils obtiennent en juin leur confirme ce qu’il en est. (Il sera publié par WEISSMANDEL à New York en 61 sous le titre "Out of the distress").
Il quitte la Hongrie pour la Roumanie le 10 août (où les Russes arrivent le 23), il y reste 14 mois avant de rejoindre la Palestine.
Alexander BRODY, né à Miskole, Hongrie, en 1900 dont il est parti en 49, vit désormais au Brésil. En 1944 il est devenu chef d’un bureau d’aide aux Juifs appelé Omzsa. Lorsque les Allemands arrivent (19 mars 44) les arrestations commencent immédiatement et les Juifs sont déportés à Kistarcsa. La Gestapo annonce que la communauté juive devra assurer leur subsistance. Il s’y rend quotidiennement et rencontre le commandant Istvan VASDENYEI dont l’attitude est rapportée comme tout à fait correcte. Le 1er train part en avril. Lui sera arrêté par les Croix fléchées mais réussira à s’évader.

Session 53
Elisheva SZENES, née en Slovaquie, journaliste en Hongrie. En mai 42 elle réussira deux fois à éviter la déportation depuis la Slovaquie et parviendra à s’enfuir en Hongrie. La semaine où les Allemands entrent en Hongrie, ils viennent l’arrêter chez elle. Elle sera enfermée 4 jours à l’hôtel Astoria sans nourriture puis emmenée à la prison de la rue Zrinyi. De là, elle est amenée au siège de la Gestapo du Schwabenberg et torturée avant d’être renvoyée à la prison d’où elle partira pour le camp de Kistarcsa puis pour Auschwitz.
Margit REICH vivait à Budapest avec son mari en 44. Celui-ci, déporté, n’est pas revenu.
Martin FOELDI était avocat à Uihgorod, qui était alors dépendante de la Tchécoslovaquie (en Carpatho-Russie) jusqu’en novembre 38 où cette région passe à la Hongrie. Début avril, les arrestations de Juifs commencent, ils sont regroupés (14.000) dans un ghetto qui est en fait une ancienne briqueterie. Marton ZOELDI, Hongrois sous uniforme allemand, y travaille pour la Gestapo. Les déportations y commencent à la mi-mai (un train de 1.500 à 2.000 personnes tous les jours ou tous les deux jours). Il partira dans le dernier avec sa femme et ses enfants (pour Auschwitz) et sera le seul survivant de sa famille. Il n’y restera que 10 jours avant d’être transféré. Il devra écrire une "carte Waldsee" (v. témoignage ci-dessus P. Freudiger).
Ze’ev SAPIR, né à Dobradovo près de Munkacs en Carpatho-Russie en 1924. Le 17 avril 44, tous les Juifs sont regroupés au ghetto de Munkacs (briqueterie) qu’Eichmann a visité (article dans le journal avec photo) deux jours avant le début des déportations. Il y avait un autre ghetto à proximité, à Sajovits. Déporté (A-3.800) avec ses parents et ses 5 frères et sœurs, il est le seul survivant de sa famille.

Session 54 (26 mai 1961)
Avraham GORDON, né à Budapest en 1927. Témoigne du fait que, deux semaines après l’arrivée des Allemands, toutes les écoles de Hongrie sont fermées. 100 à 150 Juifs sont réquisitionnés avec lui au Schwabenberg. De la mi-avril à la mi-mai, un groupe de 10 jeunes et 5 adultes est envoyé à Rosehill, à Buda, dans une villa de la rue Apostol qui avait été réquisitionnée pour devenir la résidence personnelle d’Eichmann. Il y est témoin du meurtre d’un garçon par Eichmann et SLAWIK * son garde du corps.
Documents concernant la Hongrie dont le T/1164 qui émane de FERENCZY le 07 juin 44 et indique qu’il existe 11 camps de regroupement de Juifs en Hongrie. Le 09 juillet 44 il rapporte (T/1166) que, depuis le 14 mai 44, date de la 1ère évacuation, "434.351 personnes de race juive ont quitté le pays dans 147 trains" et qu’il s’agit des Juifs de toutes les régions du pays à l’exception de Budapest.           
Ferencz TIBOR, avocat, a vécu à Budapest jusqu’à son immigration en Israël en mai 1957. Il s’est consacré aux procès pour crimes de guerre. Evoque les moyens de défense de ENDRE ("j’appliquais les ordres d’Eichmann") et de BAKY ("j’appliquais les ordres d’Endre") du Ministère de l’Intérieur. De même Peter HAIN, qu’il a rencontré après sa condamnation à mort, et qui lui a dit qu’il recevait ses ordres d’Eichmann. Après l’automne 56, les criminels de guerre ont été libérés en nombre et certaines archives détruites.

Session 55
Interruption en ce qui concerne la Hongrie pour entendre
Gustave M. GILBERT du département de psychologie de l’Université de Long Island à Brooklyn. Après son doctorat à l’Université de Columbia en 39 il sera psychologue aux armées durant la guerre puis envoyé en Europe (maitrise l’allemand) et enfin rattaché au Tribunal de Nuremberg pour les examens psychologiques des accusés (leur état mental et leur surveillance). A ce titre, il était en contact quotidien avec les accusés. Il prenait des notes après toute discussion ou entretien dont les 2/3 ont été publiées en 47 (intégré T/1168). Aucun des juges n’était juif (lui oui). Il évoque HÖSS et sa certitude de psychologue qu’il disait et détaillait tout ce qu’il savait (contrairement à KALTENBRUNNER qui, lui, ne faisait que mentir). Les deux volumes de son journal seront les pièces T/1171 et 1172.

Sessions 56 et 57
Joël BRAND, né à Naszod (Transylvanie), a grandi en Allemagne, en est parti en 34 pour la Hongrie. En 41 il apprend que des Juifs sont envoyés en Ukraine, dans la région de Kamenets-Podolski, où se déroulent des tueries. Son parti (Po’alei Zion) décide de créer un comité de secours. De 41 à mars 44 ils ont fait venir 22 à 25.000 Juifs en Hongrie. En mars 44 on le prévient de l’arrivée d’Eichmann que KRUMEY représente. Il le rencontrera ainsi que WISLICENY à de nombreuses reprises pour tenter de mettre en place des plans de sauvetage des Juifs en échange de contreparties financières. Au début ils obtiennent des libérations et l’autorisation de visiter les camps. Le 25 avril, il rencontre pour la première fois Eichmann qui, dans une conversation qu’il qualifie de secret d’Etat, lui propose l’échange d’un million de Juifs contre 10.000 camions mais le somme de faire vite. Joël Brand part à Constantinople puis Jérusalem et restera finalement emprisonné au Caire durant quatre mois et demi.

Sessions 58 et 59
Documents de source allemande concernant la Hongrie entre le 19 mars (arrivée des Allemands) et le 15 mai (premières déportations). T/1178 : télégramme de VEESENMAYER * du 03 avril 44 demandant l’autorisation de tuer 100 Juifs par Hongrois mort lors des bombardements afin de créer un mouvement antisémite. T/ 1189 : du même, le 11 mai : le plan de déportation est de trois trains de 3.000 personnes par jour.
Hansi BRAND, née à Budapest, participait au mouvement sioniste, a épousé Joël Brand en 35. Evoque les activités (interdites donc illégales) du Comité (secours, faux papiers,…) Lorsque son mari est parti, elle a dû rester comme otage avec ses enfants. Elle voyait Eichmann très fréquemment. Il avait affirmé "retenir" (ne pas déporter) des Juifs, dans l’attente du retour de son mari avec une signature positive. Elle évoque la "Fußmarch" des Juifs de Budapest, incluant les enfants et les personnes âgées, pendant la période où SZALASI * est au pouvoir. Elle-même ne quittera la capitale qu’en 46.

Session 60

Documents sur la Hongrie, suite. Dans le témoignage de Wisliceny rédigé depuis sa cellule de Bratislava (déjà cité session 16) évocation de la mission de Joël Brand. Il affirme qu’Eichmann était certain qu’elle échouerait. T/1193 : rapport de Veesenmayer le 25 mai 44 disant qu’à ce jour environ 150.000 personnes ont déjà été "envoyées à destination".
Moshe ROSENBERG, né en Hongrie, était ingénieur à Budapest en 44 et actif dans la vie publique juive (Président du Fond national Juif, et de 42 à juin 44 membre du Comité d’aide et de secours). Jusqu’à l’arrivée des Allemands, il s’occupait des réfugiés qui arrivaient de Pologne, Slovaquie, Yougoslavie, etc. et par la suite de leur installation dans des villes de province (faux papiers) où des ghettos commencaient à être mis en place. A partir de l’occupation, toutes les communautés juives sont regroupées en une seule. Des réunions internes sont constantes, pluri hebdomadaires voire pluri quotidiennes selon les besoins. Il rencontrait aussi Joël Brand. Lui-même a fait partie du groupe (29 juin 44) qui a été envoyé à Belsen puis en Suisse. Il donne diverses informations à ce propos et fait remarquer que dans ce groupe, certains lui ont dit avoir pu en faire partie en remettant de grosses sommes à BECHER *.
Documents sur la Hongrie. T/1207 : rapport de Veesenmayer du 13 juin 44 qui annonce 289.356 Juifs déportés en 92 trains et que la situation de ceux du dernier district (zone de la ville de Budapest) va être réglée en une rafle avec des mesures spécifiques de précaution. T/1213 : rapport du même Veesenmayer du 11 juillet 1944 : 437.402 déportations, ne reste que Budapest.

Session 61
Dans la déposition d’Eichmann, il apparaît qu’il avait un plan pour les Juifs de Budapest ("selbstverständlich ist es vorgesehen, Budapest auch abzufahren"). Il dit par ailleurs que son rôle, attribué par Müller, était d’assurer l’évacuation la plus rapide possible de tous les Juifs vers Auschwitz.
Eichmann et les autres décideurs rentrent à Berlin, Wisliceny est envoyé à Bratislava, Dannecker reste sur place.
Arye Zvi BRESZLAUER, né dans un village près de Michalovce (Hongrois jusqu’en 18). Lors de l’occupation de la Hongrie par les Allemands, il était à Budapest. Il va rencontrer quelqu’un du groupe WALLENBERG qui lui fournira un passeport suédois. Il va s’occuper lui aussi d’opérations de sauvetage à partir d’août, quand il reçoit la carte qui lui permet de circuler librement dans la ville (organisation de Moshe KRAUSZ à la "Maison de verre" qui avait un statut d’extra territorialité). Le but était de rejoindre la Palestine via la Suisse avec des passeports collectifs. La situation change radicalement avec l’arrivée de Szálasi au pouvoir à la mi-octobre. Il détaille les évènements qui eurent lieu alors et les conditions épouvantables de la Fußmarch (200 à 220 km en 7 ou 8 jours).
Aviva FLEISCHMANN, née à Budapest. Elle raconte les conditions de la marche dans laquelle elle a été envoyée (en novembre) et des travaux qui lui ont été imposés ensuite.
Documents sur la Fußmarch : dans le rapport Kasztner, la déclaration Jüttner (T/692), la déclaration d’Eichmann (p.929). Termine le chapitre concernant la Hongrie.

Zvi Henryk ZIMMERMAN, avocat, membre de la Knesset. Il était au ghetto de Cracovie (mis en place en mars 41) jusqu’en mars 43. Une organisation clandestine s’y était mise en place sous le nom de "Ha-Sneh" (le Buisson, cf Exode 3:2) sous l’impulsion de départ d’étudiants de l’Université Jagellone. Lui faisait partie de la Résistance (Combattants Halutz de Dolek Liebeskind) qui cherche à préparer des caches d’armes, des faux papiers et maintenir des contacts avec l’extérieur. En mars 42 : première grande "Aktion" : plusieurs milliers de déportations. On leur dit que les déportés ont été répartis dans 4 ou 5 endroits différents dont Belzec sur lequel circulent des rumeurs inquiétantes. Ce n’est que fin 42 qu’ils sauront qu’il s’agit d’extermination. Il y aura alors une nouvelle Aktion d’envergure.
Les membres de la Gestapo qui s’occupaient du ghetto de Cracovie de façon continue s’appelaient KUNDE et HEINRICH. Se distingue BUSKO qui était l’un des gardes de la porte du ghetto et qui aidait dans la mesure de ses moyens. Il leur avait parlé d’Eichmann et du plan d’extermination. Il a été exécuté par les nazis.
A la liquidation du ghetto en 43, il a été transféré à Plaszow. En octobre 43 il s’en est évadé, est allé à Budapest où il vivait avec des papiers aryens et poursuivait les actions d’aide jusqu’en mars 44. Le Comité l’a ensuite fait passer en Roumanie d'où il est parti en bateau.
Leslie GORDON, né à Budapest mais de nationalité polonaise parce que son père était Polonais (lois en vigueur à l’époque en Hongrie). En juin 41, alors que les nazis occupent l’ensemble de la Pologne, ils doivent quitter le pays. Ils sont emmenés en trains puis camions conduits par des SS Totenkopf jusqu’à Kolomyia sur la rivière Prut. De ce groupe de 3 ou 400 Juifs dont beaucoup d’enfants, il est le seul survivant. Tous sont abattus dans des fosses qu’on leur fait creuser à Buczacz. Il y est témoin d’autres massacres, quotidiennement. Il parvient à s’évader. Il sera ensuite en Hongrie, soit dans des caches, soit en ghetto (à Keckemet), soit dans des camps.

Session 63 (02 juin 1961)
Documents : évocation du témoignage écrit de Hans Günther SERAFIM de l’Université de Göttingen qui a étudié la question de savoir ce qu’il advenait des officiers SS refusant d’obéir. Il n’a pas trouvé un seul cas de préjudice physique. T/1253 : un courrier d’Himmler à Kaltenbrunner du 19 mai 1943 sur l’utilisation de la croyance des meurtres rituels d’enfants par les Juifs à des fins de propagande dans divers pays et en particulier l’Ukraine.
Sont appelés ensuite deux témoins concernant la mort de Juifs de l’armée polonaise :
Avraham LEVINSON, né à Lublin. Il était au lycée quand la guerre a été déclarée. En 40 il est envoyé à Belzec pour creuser des tranchées (frontière germano-russe) durant plusieurs mois. Témoigne du fait que les gens y mouraient de typhus et de dysenterie. Il est ensuite ramené au ghetto de Lublin jusqu’à sa liquidation en octobre 42. Ils y étaient 40.000 dont 3 à 4.000 ont reçu une "Judenkarte" et ont survécu. Il raconte comment, en hiver 40, il a vu une marche de prisonniers de guerre Juifs amenés par l’armée polonaise à Lublin. Certains étaient pieds nus alors qu’il faisait -30°. Ils portaient l’uniforme de l’armée polonaise. Ils ont été tués et leurs corps amenés au Judenrat afin qu’ils soient enterrés.
D’autres prisonniers de guerre Juifs ont été amenés au "camp Lipowa 7" de Lublin géré par le SS DOLP. Après la liquidation du ghetto, ils étaient conduits au camp de Majdanek "champ 6" et tués puis incinérés.
Avraham BUCHMAN, charpentier. En août 39 il est appelé pour son service militaire en Pologne. L’unité dans laquelle il sert est capturée par les Allemands. Après être passés par différents camps, les soldats sont au Stalag 3b à Jessnitz sur l’Oder, en Allemagne. Là les Juifs (environ 300) sont séparés du groupe de soldats et renvoyés en Pologne (début 40). Ils seront transférés de nombreuses fois, de camp en camp, déplacements au fil desquels leur effectif montera jusqu’à 627. Il se souvient qu’au camp de Biala Podlaska ils ne sont plus que 280, tous les autres ayant été abattus.

Documents sur le "chapitre des camps".
T/1279 : le Brigadeführer GLÜCKS, officiellement en charge de la supervision des camps de concentration, fait connaître (le 21 novembre 42) l’ordre de rapport des décès de Juifs sur une liste collective et non plus individuelle comme les autres types de prisonniers. T/1284 : document paru dans un journal roumain après la libération. Ce sont des notes sur une réunion qui s’était tenue à Berlin les 26 et 28 septembre 42 sur les déportations de 600.000 Juifs du Gouvernement Général et 200.000 de Roumanie vers Treblinka, Belzec, Lublin, Chelmno et Sobibor.

Sur MAJDANEK

Yisrael GUTMAN. Actif dans la révolte du ghetto de Varsovie, il est blessé dans sa cache. Il en sort le 05 mai 43, il est conduit à l’Umschlagplatz à travers le ghetto en ruines et poussé dans le wagon d’un train déjà bondé. Ils s’attendent à être conduits à Treblinka mais arrivent à Majdanek. Il décrit le camp et ce qu’il sait de son fonctionnement au printemps 43. Lui-même sera finalement transféré à Auschwitz 1 (pas Birkenau). Il donne les informations qu’il connait quant à la révolte du Sonderkommando.

Session 64
Joseph REZNIK. Quand la guerre a été déclarée, il était dans l’armée polonaise. Fait prisonnier par les Allemands, il est envoyé (en 42) avec 240 autres hommes pour poursuivre la construction du camp de Majdanek commencée en 41. Ramené à Lipowa 7, il est renvoyé à Majdanek le 03 novembre 43, Feld 5, avec d’autres prisonniers de divers camps aux environs de Lublin. Ils sont dirigés droit sur les fosses (ce sera l'"Aktion Erntefest") après que 300 hommes (dont il fait partie) et 300 femmes aient été sélectionnés par le SS ROLFINGER et emmenés vers diverses baraques. Sous la direction de ce même SS ainsi que son adjoint RASCHENDORF, il sera ensuite envoyé dans un "Kommando 1005" dont il décrit les activités et conditions de vie jusqu’à l’évasion (4 survivants à ce jour).
Ya’akov FRIEDMAN vit dans le district de Lublin en 42, est considéré comme un Polonais aryen et travaille pour un agriculteur polonais. Il est arrêté un jour de septembre 42 dans le cadre de mesures aveugles de représailles suite à une attaque de partisans dans les environs, et mené à Majdanek. Il témoigne de tout ce qu’il a vu dans ce camp. En automne 42 il y verra Eichmann en inspection. Il sera libéré de Majdanek début 44 avec d’autres en tant que Polonais chrétien à la condition de ne rien dire de ce qu’ils y ont vu (ils signent un document en ce sens). Il ne connaît aucun cas de Juif relaché de Majdanek.
Document T/1289 : rapport du gouvernement Polonais sur Majdanek (Bulletin officiel PL n°4).

Sur SOBIBÓR

Dov FREIBERG
, né à Varsovie en 27. A la déclaration de guerre, il vit à Lodz. Du ghetto de Lodz il a été transféré à celui de Varsovie jusqu’en 42. Il parvient alors à s’évader et va dans le district de Lublin où il a de la famille. En mai 42 il est déporté et arrive à Sobibor. Il a 15 ans. Il fait partie des 100 personnes choisies ce jour-là. Il décrit les conditions de son arrivée et explique le fonctionnement du camp. Il évoque différents SS, leurs attributions et comportements (parmi lesquels un seul se comportait correctement, qui a d’ailleurs demandé et obtenu sa mutation). Il détaille les différents projets d’évasion et de révolte, jusqu’à celle qui a eu lieu le 14 octobre 43.

Session 65
Moshe Shkalek BAHIR, né à Plock, Pologne, en 1928. Déplacé de camp en camp durant plusieurs mois, puis déporté à la mi-mars 42 à Sobibór, dans le deuxième transport. Il a dû participer à la construction des bâtiments. Il explique le fonctionnement des différents Kommandos auxquels il a été affecté. Il affirme avoir vu la visite d’Himmler et Eichmann au camp en juillet 42.
Ya’akov BISKOWITZ. Début juin 42, sa famille est emmenée de Hrubieszow à Sobibor. Il avait 15 ans ½. A l’arrivée, ils ont attendu toute la journée dans les wagons. De ce train une douzaine de personnes ont été sélectionnées pour travailler au camp 1 (lui-même en tant que charpentier, avec son père dont c’était réellement la profession). Tous les autres ont été emmenés au camp 3 (où se trouvaient les chambres à gaz et les fosses). Là, 80 hommes ont été sélectionnés pour ce camp 3 (en tant que Sonderkommandos). Ils ont été tous tués peu avant la révolte. Il explique le fonctionnement du camp et ce qui s’est passé pour lui le jour de la révolte.
Document sur Sobibór du 19 mai 43 disant que l’Obersturmführer WIRTH, membre du RHSA, bureau Ia5, est promu "après la visite de Sobibor par le Reichsführer".

Sur CHELMNO

Michael PODCHLEWNIK vivait à Koło à la déclaration de la guerre. Les Allemands leur disent qu’ils les emmènent à Chełmno (entre Łódź et Poznan, appelé "Kulmhof" par les Allemands) pour travailler. Il part fin 41 dans un groupe de 30. Ils sont amenés à un château où se trouvent 30 SS. A la descente du camion ils sont enfermés dans une cave dans laquelle ils voient des graffitis de ceux qui les ont précédés et qui ne leur laissent pas d’espoir. Dès le lendemain matin il voit la première arrivée d’un groupe qui sera gazé dans un camion. Parmi les hommes de son groupe, certains sont employés à ramasser les affaires des Juifs qui ont été gazés, les autres sont "dans la forêt" et enterrent les corps dans des fosses. Il réussira à s’évader avec un ami.
Mordechaï ZURAWSKI était à Łódź en 44. Quand ce ghetto a été évacué, Hans BIEBOW * leur dit qu’ils vont aller à un camp de Leipzig pour travailler et que tout y sera bien pour eux. A Chelmno 6 hommes d’apparence solide (dont il fait partie) sont sortis du groupe et des chaînes leur sont mises aux pieds. Tous les autres sont enfermés dans une église jusqu’au lendemain où ils seront gazés dans les camions. Il raconte ce qu’on lui a fait faire comme "travail" au Waldkommando (couper des troncs d’arbre, vider les camions) et au Sonderkommando (brûler les corps). En septembre / octobre 44, les SS commencent à vider le camp. Il reste 100 prisonniers. Le 17 janvier 45 à la nuit, des SS arrivent pour les abattre en les emmenant 5 par 5. Il se jette sur les SS qui reviennent chercher un groupe de 5 dans la baraque, éteint la lumière, joue du couteau pour se frayer un passage et s’enfuit dans la forêt malgré une balle qui l’atteint à la jambe.

Session 66
Simon SREBRNIK était au ghetto de Łódź en été 43. Il est raflé dans une rue du ghetto où son père est tué devant ses yeux. Il a 13 ans. Il est emmené à Chelmno où on lui met d’emblée des chaînes aux pieds qu’il gardera jusqu’en 45. C’est la construction des baraques et du crématoire de plein air du Waldkommando puis les convois commencent à arriver. Lui devra récupérer l’or des dents sur les corps sortis des camions à gaz. Il décrit le quotidien qu’il a vécu et évoque la cruauté particulière du SS BOTHMANN *. Les prisonniers étaient normalement tués à intervalles réguliers et renouvelés, lui a été protégé de ces sélections, sans doute du fait de son jeune âge. 1.000 à 1.200 Juifs arrivaient chaque jour. Il évoque la tuerie de la dernière équipe (5 par 5, cf témoignage précédent) dont il est sorti vivant alors que la balle qui lui a été tirée dans la nuque est ressortie par la bouche, emportant deux dents.
Documents : T/1297 : rapport sur Chelmno par le Gouvernement Polonais et T/1299 : ordre de transfert des 85 hommes du SS Bothmann vers la Yougoslavie. Il s’agit de la division appelée "Prinz Eugen". Ce document indique qu’ils s’engagent à ne jamais parler de Chelmno.

Sur TREBLINKA

Ya’akov WIERNIK, né en 1889. Il est arrivé à Treblinka le 23 août 42. Il y avait alors 3 chambres à gaz. Il a participé à la suite de la construction. Dès 43, à Varsovie, il a dessiné un plan du camp (voir T/1300) puis en a construit une maquette. Il décrit le parcours des victimes, les chambres à gaz, le "Lazarett". Après la révolte, il va à Varsovie chez un ami Chrétien et fait partie de l’Armia Ludowa. Il écrit Un an à Treblinka à partir de notes prises alors qu’il était dans le camp. Le livre sera publié en 44 en Pologne et Angleterre.
Kalman TEIGMAN était au ghetto de Varsovie. Il a été envoyé à Treblinka le 04 septembre 42. Dans son convoi, 400 personnes ont été sélectionnées pour travailler, 200 au camp 1 et les 200 autres aux chambres à gaz. Il témoigne du fait qu’au début il y avait un train chaque jour, parfois même deux par jour, puis qu’il y en a eu moins après quelques mois et qu’ils étaient constitués de 60 wagons. Il évoque le "Lazarett" et le Scharführer MENTZ * qui y travaillait, surnommé Frankenstein tant il était laid. Il évoque les convois particuliers dont il se souvient : un train d’enfants, deux trains de Tziganes, un de Juifs de Grodno fin 42 qui ont refusé d’obtempérer et se déshabiller, même quand les SS et les Ukrainiens ont tiré dans la foule, et qui ont finalement été envoyés habillés aux chambres à gaz. Il se souvient de la visite de HIMMLER en janvier 43. Il évoque également différents SS, la réfection complète de la plateforme d’arrivée en 43 (la fausse gare), les tentatives d’évasion. Il termine avec les personnes actives dans la mise en place de la révolte et ce qu’il en a su et vécu personnellement le jour même.
Eliahu ROSENBERG, né en 1926. Il vivait à Varsovie dont il a été déporté le 11 juillet 42. Une trentaine d’hommes de son convoi ont été gardés en vie. Le lendemain matin, lors de l’appel, 20 prisonniers dont il fait partie sont sélectionnés pour le Totenlager par le Scharführer "MATTHIAS" *. Il explique comment y était menée l’extermination au camp 2 où les prisonniers étaient environ 200.
Avraham LINDWASSER, né en 1919. Il arrive de Varsovie à Treblinka le 28 août 42. Sur plus de 1.000 personnes de son convoi, seules deux ont été sélectionnées. Il dit qu’au ghetto ils avaient entendu parler de Treblinka mais ne pouvaient croire à l’extermination. Il est immédiatement envoyé au camp 2 en tant que "dentiste" (équipe de 4 à 6 prisonniers, voir ce mot dans le glossaire du site). Il se souvient également de la visite de HIMMLER en décembre 42 ou janvier 43.
Document T/1304 : rapport du Gouvernement Polonais sur Treblinka.

SESSION 67 (06 juin 61)

Sur BELZEC

Pas de témoin présent mais une déposition écrite dans le rapport du Gouvernement Polonais T/1316 + celui du SS Obersturmführer Kurt GERSTEIN T/1309 à T/1315.
Informations données : le centre d’extermination de Bełżec a fonctionné du 08 décembre 41 à la mi 43 avec un pic d’activité à la mi 42. Y ont été assassinés des Juifs de Tchécoslovaquie, Autriche, Roumanie, Hongrie et Allemagne. Toutes traces sont supprimées en 43 puis une ferme est construite sur les lieux où est établi un Volksdeutsche. Il en partira moins d’un an plus tard, à l’approche des troupes Soviétiques.

Le Tribunal appelle alors un dernier témoin avant de passer aux témoignages concernant Auschwitz.
David WDOWINSKI, professeur de psychologie et psychiatrie à New York. Il vivait à Varsovie et dirigeait l’Organisation Nationale Militaire Juive du ghetto. A ce titre il a pris part à la révolte. Il a été pris la dernière semaine d’avril 43 et amené à Majdanek puis à Budzyn (sous-camp de Majdanek) où l’Oberscharführer FEIKS * manquait de prisonniers pour une usine d’aviation (Heinkel). En ce qui le concerne, il y est affecté en tant que médecin. En octobre 43, tous les prisonniers des camps des environs sont emmenés à Majdanek où ils sont gazés. Seul Budzyn serait resté en l’état du fait de l’importance de l’usine et devenu camp de concentration en janvier 44.

SESSION 68

Sur AUSCHWITZ

Yehiel DINUR, né en Pologne, écrivain connu sous le nom de K. Zetnik. Il parle quelques minutes puis perd connaissance et s’effondre. Interruption de séance. Un nouveau témoin est appelé à la barre.
Joseph Zalman KLEINMAN, né en 1930. Il est arrivé à Auschwitz à 14 ans avec ses parents et son frère. Emmené à Auschwitz 2, camp A, il n’a jamais revu aucun membre de sa famille. Plus tard, tous les moins de 16 ans ont été regroupés au camp D. Ils ne travaillaient pas. Ils étaient plusieurs centaines, non tatoués. Ils avaient des relations avec les membres du Sonderkommando qui leur donnaient de la nourriture. Il évoque la sélection de 1.000 jeunes pour les chambres à gaz par les SS THILO et MENGELE lors de Roch Hachana puis une autre pour Kippour (quelques semaines après l’extermination des Tziganes). Plus tard sera constitué un groupe de travail de 1.500 jeunes (environ 50 survivants) pour Kaufering (sous-camp de Dachau) dont il fera partie.
Yehuda BACON, né en 1929, artiste, vivait à Morawska Ostrava, en Tchécoslovaquie lors de la déclaration de la guerre. Il a d’abord été déporté à Theresienstadt en 42 puis à Auschwitz Birkenau en décembre 43. Il avait alors 14 ans. Il était avec ses parents et sa sœur, il est le seul survivant. Il sera au camp des familles Tchèques où se trouvaient déjà 3.500 personnes des 5.000 déportées par les convois précédents. Il évoque le devenir de Jacob EDELSTEIN (Ältester de Theresienstadt) et l’arrivée de 7.500 autres personnes de Terezin. Ensuite ce sont les sélections par les SS SCHWARZHUBER et MENGELE : 89 enfants de 12 à 16 ans sont mis à part et transférés au Zigeuner Lager, les 18-40 ans partent vers un autre camp, les autres Theresienstädter vers les chambres à gaz. Les enfants sont séparés (Block 13, près de ceux des Sonderkommandos). Fin juin 44 il est affecté au Rollwagen Kommando, 20 enfants tirant chacune des deux charrettes.  Ils avaient à transporter de tout dans toutes les parties du camp, y compris aux crématoires. Il évoque divers aspects du camp et le fait que les hommes du Kanada et du Sonderkommando leur faisaient passer de la nourriture quand ils pouvaient. Il a participé aux marches de la mort et pesait 30 kg quand il a été libéré. Il a fait la plupart de ses dessins sur Birkenau en juin.
Alfred OPPENHEIMER vit au Luxembourg depuis 1926. Les Allemands y sont arrivés le 10 mai 40. Ils ont regroupé les Juifs dans un monastère. Il y avait alors 2.000 à 2.500 Juifs au Luxembourg ainsi que 800 à 2.000 réfugiés (le Grand Duché du Luxembourg et son gouvernement donnaient des visas à tous les Juifs qui en demandaient). La Gestapo a exigé un interlocuteur unique : ce fut lui (il faisait auparavant partie du Consistoire). Il a été déporté pour Theresienstadt puis Auschwitz début octobre 44. Il est parti au sous-camp de Gleiwitz (fabrication de pièces pour canons). Lors de l’évacuation (marches de la mort) il parvient à rester au camp en se cachant avec deux amis. Ils seront témoins du retour des SS qui viendront incendier des baraques avec les prisonniers à l’intérieur, quelques jours avant l’arrivée des Soviétiques.

SESSION 69
Aharon BEILIN, médecin. Déporté en février 43 de Bialystok à Auschwitz Birkenau (10.000 Juifs du ghetto en deux convois sur deux jours). A son arrivée, c’est le Dr RHODE * qui fait la sélection avec SCHWARZHUBER. Il évoque les différents Kommandos dont il a fait partie jusqu’à ce qu’il soit "Pfleger" (infirmier) au camp des Tziganes dont il témoigne dans tous les aspects. Il évoque également les médecins du Sonderkommando puis les particularités de la marche de la mort à laquelle il a été contraint, qui l’a amené à Krumholz (aujourd’hui Krassnegora) en tant que chimiste.
Deux témoins dont les dépositions seront anonymes expliquent les expériences de stérilisation avec ablation des testicules qui ont été menées sur eux à Auschwitz, pour l’un fin 42, il avait 16 ans ½, pour l’autre en avril 43.

SESSION 70
Raya KAGAN, née en 1910 à Charkow, Russie. En 37 elle vient de Vilna à Paris pour des études d’histoire. Raflée le 27 avril 42, elle sera dans le premier convoi de femmes juives parties de France (22 juin 42). Le lendemain de leur arrivée, 4 femmes seront sélectionnées pour la Politische Abteilung et le Standesamt. Il s’agit du registre civil où figurent les naissances, mariages et décès. Bien entendu, pour les prisonniers, il ne s’agissait que des morts. Lorsqu’une personne était morte, lui parvenait son "Aufnahmebogen" (questionnaire d’entrée) avec les feuilles de punitions corporelles éventuelles qui y étaient jointes et les courriers quand il en avait reçu (qui n’avaient pas été délivrés au destinataire, bien entendu). Quand les prisonniers arrivaient après enquête, il y avait aussi le rapport de la Gestapo. Ces dossiers lui étaient transmis par la Registratur. Elle devait écrire les causes de la mort en choisissant entre pneumonie, dysenterie, arrêt du cœur, … Lorsqu’il y avait l’indication "SB" (Sonderbahandlung : littéralement "traitement spécial") les dossiers étaient détruits par KIRSCHNER. A partir de février 43, ils ont cessé d’enregistrer les Juifs parce qu’il y en avait trop…
Elle témoignera également du camp des femmes d’Auschwitz 1 avant l’existence de Birkenau et de la révolte du Sonderkommando ("brièvement" demande le Juge, en outre Me Servatius l’interrompt et le juge Halévy lui dit ensuite "ce n’est pas ce que je vous demande"…).
En janvier 45, avant l’évacuation, une semaine est entièrement occupée à brûler tous ces documents à Birkenau.
Esther GOLDSTEIN a été déportée de Hongrie en mai 44. Dans ce convoi ils n’ont pas été tatoués. Lui sont montrées des photos prises par un SS à Auschwitz sur lesquelles elle figure et reconnaît des membres de sa famille et des habitants de sa ville. Elle était au camp C de Birkenau, à 1.000 femmes par Block avec une gamelle pour 12, sans cuiller. Toutes les semaines DRECHSLER et MENGELE pratiquaient des sélections. Elles ont été transférées en août.

SESSION 71
Vera ALEXANDER, née en Slovaquie, critique d’art. Elle se souvient de photos parues dans la presse de l’époque représentant la déportation sous un jour positif avec des visages heureux, etc. En avril 42 elle est arrêtée, transférée au camp de Zilina (garde Hlinka) en Slovaquie puis à Auschwitz. Rasées, on leur attribue des uniformes Russes comme vêtements. Elle est affectée au Landwirtschafts Kommando où le travail ne semble avoir aucun sens. Plus tard, Blockälterster au Block 3 du camp A (quarantaine) elle témoigne de la difficulté d’être dans l’obligation d’obéir aux ordres tout en voulant nuire le moins possible aux prisonniers. Elle a été aussi Blockältester au camp C.
Nachum HOCH, né en 28 en Roumanie, il a été déporté en 44 de Borsa à Auschwitz avec ses parents et trois sœurs. Il a été le seul sélectionné à l’arrivée. Le 12 octobre 44, cent jeunes de 14 à 16 ans sont emmenés aux Blocks fermés (11 & 13 ou 9 & 11) de Birkenau. Ils savaient qu’il s’agissait de l’antichambre des crématoires. Il raconte leur rébellion (qui n’a pas réussi) puis comment il a fait partie (cf Herman GOLDBERG, Jack BARR et Jo WASJBLAT) des jeunes que MENGELE a ressortis de la chambre à gaz.
Ben-Zvi GEDALIA a été déporté de Bratislava, Slovaquie, à Majdanek le 25 mars 42. Deux mois plus tard il est transféré à Auschwitz Birkenau. Il avait 16 ans. Il est tatoué à la fois sur la poitrine et sur le bras (voir la page sur les tatouages sur le présent site). Il évoque le Bauleitungsmagazin ou il a travaillé, le Block 11, les Stehzelle, les Blockältester, le Kanada (dont il a fait partie durant un an). Fin 44 il était dans un groupe de prisonniers transférés à Stutthof (camp près de Gdansk / Danzig pour les Allemands). Ils n’ont pas essayé de s’évader parce qu’ils étaient convaincus que les conditions ne pourraient être que meilleures, en fait elles furent pires. Il est parvenu à s’évader avec un ami lors des marches de la mort.
Mordechaï CHEN est anesthésiste. Durant la guerre, il était médecin pour l’armée Britannique. Il a visité le camp de Belsen quelques jours après la libération. Ils étaient en état de choc. Son ami était photographe, il a pris des photos en se disant que sans cela on ne parviendrait pas à les croire dans l’avenir.

SESSION 72 (09 juin 61)
Documents pour clore sur Auschwitz :
T/1346 : témoignage par les dessins de Zofia Rozenstrauch (visibles ici sur le site Nizkor)
T/1356 : témoignage de Höß à Cracovie (inclut d’autres témoignages de survivants)
.
T/1359 : ordre que les femmes ne soient plus envoyées à Ravensbrück mais à Auschwitz.
T/1362 : déposition du SS Hauptsturmführer Georg MICHELSON du 21 janvier 61 à Hamburg. Il s’occupait des déportations dans le Gouvernement Général et en particulier du ghetto de Varsovie et de la révolte.
Documents sur les squelettes de Strasbourg.
Documents sur les stérilisations.
T/1384 : explication de l’Aktion Reinhard par O. POHL

SESSION 73
Shalom CHOLAWSKI, vivait en Biélorussie. Le 30 octobre 41, regroupement de 85 % des Juifs de la ville (4.000 personnes) qui seront abattus dans des fosses à proximité. Le 21 juillet 42 c’est la révolte du ghetto de Nesvizh. Après des échanges de tirs, le feu est mis au ghetto, certains parviennent à s’enfuir dans la forêt où ils retrouvent d’autres Juifs enfuis d’autres ghettos. Ils mettent en place un groupe de Juifs combattants et un campement pour les familles. Il estime qu’il y avait environ 15.000 combattants dans les forêts au total. Les Allemands les cherchaient et pratiquaient des chasses à l’homme.
Aharon HOTER-YISHAI était en Europe en 45 à la fin de la guerre en tant qu’officier du 2nd Bataillon de la Brigade Juive qui faisait partie de la 8è armée Britannique. Il coordonnait les activités de la Brigade Juive. Il a eu à connaître des dizaines de camps et témoigne de la mortalité qui restait considérable malgré les soins. Il évoque les difficultés.

Fin des témoignages.

Volume IV
 : session 75 à 107 : interrogation de l’accusé sur les divers sujets.
Volume V : session 107 à 121 : idem jq 121 : sentence.
Volume VI : appel 
Volume VII & VIII : déclarations d’Eichmann (à la police d’Israël, avant le procès)
Volume IX : documents soumis au Tribunal.


 

Oberscharführer Alfred SLAWIK, né en 1913 à Vienne. Février 39 : à la Zentrastelle für judische Auswanderung à Vienne, Autriche. Octobre 39 : accompagne des convois de Juifs à Nisko. A partir du printemps 42 : en Slovaquie. A partir de 43 : à Salonique, Grèce. Automne et hiver 43 : à Athènes. Mars à décembre 44 : à Budapest, Hongrie. Arrêté en 46, livré à la justice autrichienne en 47, condamné à 5 ans de prison en septembre 49, libéré en mai 1950.

Brigadeführer Edmund VEESENMAYER (1904-1977). NSDAP en 25, SS en 34. A Bratislava de novembre 38 à mars 39. A officié en particulier en Yougoslavie, Croatie (en 41) et Hongrie (printemps 43 à mars 45). Subordonné de Kaltenbrunner et von Ribbentrop, collaborateur d’Eichmann. En procès en 49, il est condamné à 20 ans de prison. Sa peine est réduite à 10 ans en janvier 51, il est libéré en décembre 51.

Ferenc SZALASI (1987-mars 46) faisait partie de l’Etat-Major Hongrois. Il a fondé les Croix Fléchées, parti nationaliste et antisémite qui a d’abord été interdit et son leader incarcéré (en 39/40). Mais quand les troupes allemandes envahissent le pays, ce parti est à nouveau autorisé. Le 15 octobre 44, lorsque Horty annonce la signature d’un armistice entre Hongrie et Union Soviétique, les Allemands le remplacent par Szálasi. Sous son gouvernement les déportations reprennent. Il sera jugé en 46, condamné à mort et exécuté.

Obersturmbannführer Kurt BECHER (1909-août 1995). Entré dans la SS en 34. Arrivé en Hongrie en mars 44. Arrêté en mai 45 par les Alliés il n’est pas poursuivi mais entendu comme témoin. L’historien Yehuda Bauer fait partie des historiens qui affirment que Becher s’est constitué une fortune en Hongrie sur les biens Juifs. Après guerre, il devient un riche businessman à Brème. Il témoigne (par écrit) au procès d’Eichmann. Il deviendra propriétaire de nombreuses sociétés dont la Handel Gesellschaft de Cologne qui a beaucoup travaillé avec Israël.

Hans BIEBOW (1902-avril 47) était le chef de l’administration allemande du ghetto de Lodz dont il a substantiellement tiré profit. En 45 il s’est caché en Allemagne mais a été reconnu par un survivant du ghetto. Arrêté, extradé, il est jugé à Łódź. Condamné à mort, il a été exécuté.

Hans BOTHMANN (1911-1946) entre à la SS en 33. Affecté à Poznan en septembre 39. Au printemps 42 il est à Chelmno en remplacement de Lange. Il y revient en avril ou juin 44 (plus de 7.000 Juifs du ghetto de Łódź sont assassinés entre 23 juin et 14 juillet) puis fait disparaître les traces ("Kommando 1005") et abat ensuite les derniers prisonniers durant la nuit du 17 au 18 janvier 45. Il revient alors en Allemagne et est arrêté par les Britanniques. Il se suicide dans sa cellule le 04 avril 46.

SS Willy MENTZ, né en 1904. Il entre au NSDAP en 32. Il participe à l’opération T4. Il est à Treblinka de l’été 42 à novembre 43, sucessivement affecté aux deux parties du camp puis au Lazarett. Jugé, il sera condamné à perpétuité.

SS Arthur MATTHES, né en 1902. Infirmier pour T4, il arrive ensuite à Treblinka en été 42 où il s’occupe des gazages, puis à Sobibor en septembre 43 et ensuite à Trieste. Après guerre il redevient infirmier dans des cliniques en Allemagne jusqu’au procès de Treblinka en 1965 où il est condamné à la prison à vie.

Oberscharführer Reinhold FEIX, après avoir été à Belzec, il devient le 3è commandant du camp de Budzyn, de décembre 42 à août 43, dont il semble avoir été le plus cruel. Il se serait pendu dans un camp de travail Soviétique.

Obersturmführer Werner RHODE (1904-1946) : voir la page des biographies de SS concernés par Auschwitz (sur le présent site).

 [Page mise en ligne en octobre 2009]


Des liens vers des présentations concernant le procès (vidéos):
série 1 "nous étions témoins au procès Eichmann" /
série 2 "il y a 50 ans, le procès Eichmann"

 

 Procès Eichmann Gideon Hausner, procureurAvertissements préliminaires
Cette page ne prétend pas à l’exhaustivité (l’ensemble du procès d'Eichmann = neuf volumes). Il s’agit d'un résumé des notes que j’ai prises au fur et à mesure de ma lecture. Elles sont très partielles : j’ai retenu ce qui est susceptible de m’être utile dans mes recherches, pas forcément tout ce qui pourrait être considéré comme essentiel, ni certaines des informations qui me sont connues par ailleurs.
Ces notes vont sans doute paraître extrêmement froides et distanciées et, en cela, ne reflètent pas l’intensité des témoignages, mais à l’inverse privilégient l’aspect informatif à l’aspect humain. Vous y trouverez en revanche l’indication de l’intégralité des témoins ayant déposé devant la cour (mais seulement l’évocation de quelques documents parmi les très nombreuses pièces du dossier). Enfin, certains éléments biographiques concernant des SS et leur devenir sont ajoutés par moi et non pas indiqués au moment du procès.
Lorsque j’ai pris ces notes je ne pensais pas les faire figurer sur le site, ce n’est que plus tard que j’ai finalement pensé que cela pourrait intéresser certains d’entre vous d'en établir ce résumé.

 

VOLUME 1
(Du 11 avril au 08 mai 1961, session 1 à 30)


Session 9
Naphtali BAR-SHALOM, officier de police qui s’est occupé des documents du procès.
Avner LESS, commissaire de police chargé de l’interrogatoire préliminaire.

Session 12
Salo BARON, historien.

Session 14
Zyndel Shmuel GRYNSZPAN, né en 1886 à Radomsko, Pologne. Venu en Allemagne (Hanovre) en 1911. Il avait huit enfants dont quatre fils parmi lesquels Herschel Feidel Grynszpan qui, vivant à Paris où il est venu en mai 36, a assassiné Ernst vom Rath, secrétaire de l'ambassade d'Allemagne à Paris, en 1938. Ce fut le prétexte à des représailles d’envergure contre les Juifs qui aboutiront, trois jours plus tard, à la "Nuit de cristal".
Mordechaï GRYNSZPAN, frère de Herschel.
Benno COHN, né dans la région de Posen en 1894. A vécu à Berlin à partir de 1922. Avocat. Son témoignage évoque les années 33 à 39, les départs vers la Palestine, la "Nuit de cristal".

Session 15
Aharon LINDENSTRAUSS né en 1904 à Berlin. Avocat. Quitte l’Allemagne le 1er mars 39 pour la Palestine. Evoque son passage à Vienne (où il a vu Eichmann) avant son départ.

Session 16
Document

Manuscrit de D. Wisliceny daté du 26 octobre 46 intitulé "Zelle 133". Evoque le Plan Madagascar et écrit "à partir de 1942 [il commença] l’extermination organisée aux camps de Lublin et Auschwitz et l’extension des déportations sur toute l’Europe. Comme Eichmann lui-même me le confirma en 44 en Hongrie, ce plan a été conçu par lui et Globocnik […] qui l’avaient suggéré à Himmler. Cet ordre a été donné personnellement par Hitler […] Eichmann allait fréquemment voir Himmler après 40 et davantage encore après 42. A part avec Globocnik à Lublin, il était particulièrement proche de Höß le Commandant d’Auschwitz, et du Brigadeführer Glücks."
Moritz FLEISCHMANN né à Vienne en 1889. Parti en août 39 pour l’Angleterre. Evoque l’arrivée des nazis à Vienne.

Session 17
Franz Eliezer MEYER
né à Breslau, Allemagne. Evoque Eichmann en 36 ou 37. A vu à Beuthen [Bytom] l’expulsion des Juifs Polonais et la "Nuit de cristal" à Berlin.

Session 18
Documents

T/103 de Müller sur l’administration des camps
T/113 : lettre de Heydrich à Göring le 18 novembre 38 : rapport sur la "Nuit de cristal".


Session 19
David Paul MERETZ
, juriste (universités de Vienne et Prague). Etait avocat à Maehrisch-Ostrau (Ostrava, Tchécoslovaquie) jusqu’au 14 mars 39, date à laquelle les nazis ont envahi la ville. Il est alors allé à Prague. Évoque l'établissement du Centre d'immigration juive. Quitte Prague le 15 novembre 39 vers la Palestine.
Walli Malka ZIMET vivait à Prague en 39 et travaillait comme dactylo dans un centre destiné à aider à l'émigration (HIAS) qui ferme à l'arrivée des Allemands. Ceux-ci ouvrent et gèrent donc le "Zentralstelle für Judische Auswanderung" à Stresovice où Eichmann venait parfois. Elle a été déportée en 43 à Theresienstadt et en octobre 44 Auschwitz.
Max BURGER, né à Moravska Ostrava qu'il quitte en 39 quand les Allemands arrivent. Il fera partie des mille Juifs envoyés à Nisko où viendra Eichmann. Ils sont censés se construire des bâtiments. Plus tard arrivent 1000 Juifs de Vienne. À la mi-avril 40 ils sont renvoyés à Moravska Ostrava. En septembre 42 il sera déporté à Theresienstadt et en octobre 44 à Auschwitz.

Session 20
Ya’akov Hugo KRATKY
, était médecin à Moravska Ostrava. Faisait également partie des 1000 personnes du "plan Nisko".
Ada Ethel LICHTMAN a vécu à Cracovie et Wielicza avant guerre. Témoigne de l'arrivée en septembre 39 d'hommes en uniforme vert (alors que les Juifs -hommes adultes- sont déjà victimes de persécutions et humiliations) qui se livrent à des meurtres. Elle s'enfuit à Cracovie où est constitué le ghetto et témoigne des atrocités qu’elle a vues. Ce témoin sera rappelé à propos de Sobibor.

Session 21
Hirsch Zvi PACHTER
était à Hrubieszow en Pologne en 39 (50 km de Chelm, 120 de Lublin). Le 1er décembre est annoncé que le lendemain matin tous les hommes de 15 à 60 ans doivent se regrouper sur la place du marché aux bestiaux. Ils partent pour une marche. Après des sélections, des hommes abattus sur place, d'autres qui les rejoignent, une séparation en deux sous-groupes, ils arrivent aux limites du territoire du Gouvernement général et de la Russie soviétique. Les Allemands les obligent à traverser le Bug qui fait frontière.
Ya’acov GURFEIN vivait à Sanok en Pologne (région de Przemysl). En été 42 on leur fait construire un camp, Zaslav, où sont envoyés tous les Juifs de Sanok et des environs : 13.000 personnes. En décembre il ne reste que 1.300 personnes qui sont déportées en janvier 43. Voyant que le train part vers Belzec, il tente l'évasion, comme d'autres, bien qu'ils entendent les tirs des SS. Il parviendra, à l'issue d'un long périple, à gagner la Palestine.
Noah ZABLUDOWICZ né en 19 à Ciechanow ("Zichenau"). Il passait des courriers entre les ghettos. Il témoigne de la déportation générale des 6.000 Juifs de la ville vers Auschwitz en 42. À sa connaissance ont survécu 10 femmes et 72 hommes.
Moshe BEISKY, né en 1921, est magistrat. Il vivait à Cracovie en 39. Quand le ghetto se met en place, il part chez ses parents à 80 km de là (Dzialoszyce) jusqu'en septembre 42. La population juive de la ville est alors rassemblée et sélectionnée soit pour Belzec soit pour un camp près de Cracovie (Prokocim) puis pour Plaszow en janvier 43. Le ghetto de Cracovie est liquidé le 13 mars 43, il y avait alors plus de 60 000 personnes dont 8 à 10.000 ont été conduites à Plaszow. Il témoigne des conditions de survie dans ce camp.
À son témoignage, il ajoute une réflexion sur les raisons pour lesquelles il pense qu'il n'y a pas eu (qu'il ne pouvait y avoir) de révolte générale même si les prisonniers juifs étaient des milliers face à quelques centaines de SS. Il commence par expliquer que la terreur dans laquelle ils vivaient est indicible. En outre, cela faisait déjà trois ans que durait la guerre (ce qu'il faut entendre à la fois comme "3 ans d'horreurs et d'épuisement" mais aussi comme expression de l'espoir que "cela va bien finir un jour" au sens de "ce jour est peut-être imminent"). Il ajoute que le fait d’être obligés de travailler pour les Allemands leur laissait à penser qu'ils étaient nécessaires, ce que les Allemands leur faisaient croire également. Il fait remarquer qu'il n'y avait pas d'endroit où fuir, toute la Pologne étant sous la botte nazie, sans parler de leur "coupe Straße" et de leurs vêtements qui les auraient désignés comme évadés. Une évasion signifiait aussi laisser derrière soi des membres de sa famille et savoir que des dizaines de personnes seraient tuées en guise de représailles. Il fait enfin remarquer qu'ils ignoraient où étaient les membres de leur famille qui n'étaient pas en leur compagnie et s'ils étaient vivants ou morts.

Session 22
Leon Weliczker WELLS
, ingénieur en mécanique et physique, est né près de Lvov en 1925. Dans cette ville que l'armée allemande occupe le 30 juin 41, vivaient environ 150.000 Juifs sur une population de 420.000 habitants. Il est le seul survivant des 76 membres de sa famille. Il témoigne du camp de Jankowska en 42. Le 15 juin 43, 40 personnes sont sélectionnées, prétendument pour construction de routes. Ils feront partie d'un commando spécial "1005". Il explique comment fonctionnait une brigade de ce commando. Il tenait un journal qu'il gardait constamment sur lui et qui a été publié après-guerre (pièce T/214).

Session 23
Henryk ROSS
, journaliste et photographe, né en 1910. En 39 il est à Lodz. Le ghetto y est mis en place en 40. En mai il est officiellement fermé, 203 000 Juifs y sont enregistrés. D'autres arriveront de la région puis de l'étranger. H. Ross était officiellement photographe, au ghetto, et prenait également des photos "interdites" dont il a caché les négatifs en juillet 44 et retrouvé la plus grande partie après-guerre. Certaines de ses photos lui sont montrées au moment du procès, il les contextualise et témoigne du quotidien du ghetto.

Session 24
Documents

Pièce T/235 photos d'un départ de Lodz pour Auschwitz.
Pièce T/249 lettre de Greiser indiquant que le ghettode Lodz ne sera pas transformé en camp de concentration mais qu'il faut en réduire le nombre d'habitants au minimum nécessaire pour les usines d'armement.

Esther SILOH, née en 1925, vivait à Lodz quand la guerre a été déclarée. Elle avait 14 ans. Elle a été transférée au ghetto à son ouverture, en 40, avec ses parents et ses deux frères. Elle a été déportée à Auschwitz en 44.
Josef BUZMINSKY, médecin. Etait à Przemyśl en 39. À l'automne 41 : ordre que tous les Juifs aillent dans le ghetto sous peine de mort. Témoigne de la vie au ghetto de Łódź et des déportations pour Bełżec.
Israël CARMEL, magistrat. A été Consul d’Israël en Pologne. A mené des recherches sur Hans Frank et son journal (38 volumes !) qui évoque toutes les activités du Gouvernement général auxquelles il participait, d’octobre 39 à mai 45. Il en lit des extraits.

Session 25
Zivia LUBETKIN-ZUCKERMA
N, née à Bytom, évoque le ghetto de Varsovie et la révolte. La communauté juive à Varsovie avant guerre était estimée à 350 000 personnes. Le jour du Grand Pardon en 1940 est déclarée la constitution d’un "quartier Juif". Ce ghetto est bouclé en novembre avec des gardes Allemands et Polonais aux portes. Environ 100 000 autres personnes des environs sont envoyées au ghetto en quelques jours dans des conditions s'apparentant à des marches de la mort. Fin 41 l'organisation de résistance apprend les exterminations à Ponar, début 42 celles de Chelmno, mais comment croire à une volonté d’extermination totale ? En juillet 42 commence la liquidation du ghetto qui est annoncée comme "Aussiedlung nach dem Osten". 70 à 100 000 personnes partent… pour Treblinka. Evoque la "Kessel Aktion" de septembre 42 qui a duré une semaine et l'opération de janvier 43 dont va témoigner son mari. Le 18 avril 43 est le premier jour du combat, de la révolte du ghetto.
Yitzhak ZUCKERMAN, son mari, était donc à Varsovie en 40. Avec son groupe, il essaie de faire fuir des Juifs vers la Palestine. Il évoque les divers groupes et ses propres activités ainsi que la NST, organisation fasciste de Pologne qui travaillait avec les Allemands. Il évoque janvier 43 où, sur l’Umschlagplatz, des membres de la résistance juive (avec Mordechaï Anilewicz) déclenchent une attaque.

Session 26
Rahel Eiga AUERBACH
a étudié l’histoire et la philosophie à l’Université de Lvov. Elle était à Varsovie pendant la guerre où elle est arrivée en 33 (livre Les Rues de Varsovie 1940-1943). Elle travaille aujourd’hui pour Yad Vashem. Elle évoque la vie juive de l'époque. Au ghetto elle était proche de Ringelblum. En 42 elle a recueilli le témoignage d'un homme qui avait passé 18 jours à Treblinka, cet écrit a été transmis à E. Ringelblum et retrouvé en 46. Elle a recueilli ensuite des témoignages avec le Comité historique juif qui travaillait avec la Commission d'investigation polonaise.
Adolf Avraham BERMAN, titulaire d'un doctorat en psychologie, était l'un des médecins d'un établissement pour enfants juifs à Varsovie. Au ghetto, il faisait partie d'un groupe essayant de mettre en place un service d'aide pour ces enfants. Il évoque des enfants, quelques milliers, sauvés par des Polonais et des organisations catholiques, par des transferts clandestins du côté aryen.
Baruch DUVDEVANI travaillait au département immigration de l'Agence juive. Après guerre il a sauvé les sermons du rabbin Shapiro (mort à Trawniki) cachés dans les ruines de Varsovie. Il en lit des extraits.
Rvka KUPER était l’épouse d’Adolf Dolek LIEBESKIND, leader de la résistance à Cracovie. Elle évoque la mise en place du ghetto de Cracovie en mars 41 (qui se trouvait à Podgorze) et la vie religieuse. Des rumeurs sur Belzec sont arrivées jusqu'au ghetto de Cracovie, des liens étaient établis avec le ghetto de Varsovie. Rappelle pour mémoire qu’à la prison Montelupi, Gusta Dawidson-Draenger a écrit un témoignage sur le ghetto qui a été retrouvé et publié (pièce T/259). Elle a été déportée à Birkenau le 18 janvier 43 où elle a été envoyée au Strafkommando.
Hela Betsheva RUFEISEN, née en 1920, assurait le contact entre les ghettos de Cracovie et Varsovie. Elle est allée nouer des contacts également avec le ghetto de Lvov. Elle passait des armes et de faux papiers. Elle a participé à la révolte puis rejoint le côté aryen par les égouts.
Documents
Pièce T/263 qui donne les noms des officiers du Gouvernement général dont Otto Moll dans la liste B.
T/273 et 274 ordre donné par Himmler à J. Stroop, commandant de la Waffen-SS, pour la destruction du ghetto de Varsovie.


Session 27
Frida MASIA
vivait à Sosnowiec, en Silésie (50 km d’Auschwitz), au déclanchement de la guerre, où la population juive était de 30.000 personnes. Elle pense que 200 ont survécu. Elle était infirmière. Elle participait à une organisation résistante qui a permis le départ d'hommes et de femmes juifs vers l'Allemagne et l’Autriche en tant que travailleurs Polonais (non Juifs). A la fin du mois de septembre 42 elle essaie d'établir des liens avec la résistance d’Auschwitz mais n’y parvient pas.
Meir Mark DWORZECKI, médecin. Durant la guerre il était à Vilna, que les Allemands ont occupée le 24 juin 41. Il y avait alors 80 000 Juifs à Vilna. Il pense que 40 000 d'entre eux ont été exterminés à Ponar. Immédiatement après l'arrivée des Allemands, les Juifs commencent à "disparaître" (fosses de Ponar) mais il n'arrive pas à y croire jusqu'à ce qu'une survivante arrive chez lui et lui raconte. Son témoignage détaille les différents certificats donnés au ghetto (voir pièces T/276. 277. 278) et explique les règles en vigueur au quotidien dans ce ghetto, la solidarité, la lutte contre la faim,... Dès la troisième nuit au ghetto a lieu la première réunion d'un groupe de résistance. Il raconte "l’opération Kovno" : les Allemands annoncent qu'ils vont emmener 5.000 Juifs du ghetto de Vilna à celui de Kovno (dont la rumeur disait que les conditions y étaient bien meilleures)… ces 5.000 personnes seront tuées à Ponar. Lui-même, à la liquidation du ghetto, a été déporté de camp en camp depuis l'Estonie en septembre 43 jusqu'à Dachau et son évasion en mars 45.
Abba KOVNER, écrivain. Il est entré à Vilna le 13 juillet 44 avec un groupe de partisans (Fareinikte Partizanen Organizatzie). Il évoque les "Ypatingi", Lituaniens organisés en formation paramilitaire au service des Einsatzgruppen, l'action du 31 août 41 où 10 000 personnes sont menées à Ponar, les certificats du ghetto (T/281 à T/287), des témoignages sur Ponar (T/288), l'appel à la révolte du premier janvier 42 (T/289), la mémoire de Anton Schmid, officier allemand qui les aide et sera pour cela arrêté par la Gestapo et exécuté en mars 42, et celle de Itzik Wittenberg, 1er commandant de la résistance combattante.

Session 28
Avraham KARASIK
, serrurier. Vivait à Białystok (qui ne faisait pas partie du Gouvernement général), occupée dès le 27 juin 41. Les arrestations sont immédiates et le ghetto est mis en place une semaine après. Il y avait alors entre 45 et 60 000 Juifs à Białystok. En été 43, seuls 700 hommes sont encore en vie. En mai 44, le témoin fera partie d'un groupe de 40 hommes transférés à Augustov qui formeront un commando 1005. Le 13 juillet 44, ils tentent une évasion, pour lui elle sera réussie, bien qu'il ait été touché par les balles des gardes SS à plusieurs reprises. Il rejoint l'Union Soviétique, s'engage dans leur armée qu'il quittera fin 45 pour émigrer en Palestine.
Documents
Pièce T/292 texte sur les transports d'Auschwitz signé Müller du 16 décembre 42.
Pièce T/293 sur la liquidation du ghetto par le SS Friedel, écrit depuis sa prison à Białystok en 49.
Pièce T/294 compte-rendu de rendez-vous à Prague le 10 octobre 41 où était notamment présents Heydrich, Eichmann et Günther, concernant les 5000 Juifs de Prague que Eichmann envoie à Nebe et Rasch (les SS des Einsatzgruppen B et C…).

Aharon PERETZ, gynécologue. Témoigne sur le ghetto de Kovno (Kaunas) et particulièrement sur la situation des femmes et des enfants. Les Allemands entrent à Kovno le 24 août 41, il y a alors plus de 40 000 Juifs dans cette ville. Les meurtres de masse aux différents Forts commencent immédiatement. En particulier, il voit passer des Juifs de toute l'Europe qui sont conduits au 9ème Fort. Confirme l’appellation de "Malines" pour les cachettes secrètes conçues à l'intérieur du ghetto, ce que d'autres témoins ont déjà dit pour d'autres ghettos. Lors de la liquidation du ghetto, les Allemands jettent des explosifs dans ces cachettes. Oshry, qui en sortira vivant, écrira plus tard son témoignage.
Documents
Pièce T/295 rapport d’Einsatzkommando qui évoque 7.800 Juifs de Grodno mais dit "weitere Massenerschiessungen sind nicht mehr möglich".

Session 29
Eliezer KARSTADT
, industriel né en Lettonie en 1914. Il était à Riga de 41 à août 44 (puis Stutthof puis Buchenwald). Les Allemands ont occupé Riga à partir du 1er juillet 41. 40.000 Juifs y vivaient alors. Les arrestations et les tueries commencent immédiatement. Le ghetto est mis en place le 23 octobre 41. Il restait alors 32 000 Juifs. Ce ghetto n'a existé qu'un mois. Un petit ghetto séparé a été installé pour ceux qui travaillaient en tant qu'artisans et un autre pour les Juifs déportés d'Allemagne. Les Lettons qui prêtaient main-forte aux Allemands étaient appelés "Perkonkruzt" (= Donnerkreuz). Beaucoup de transports arrivaient à Riga mais seuls deux ou trois personnes sur un transport de 1000 entraient au ghetto, les autres étaient abattus. Un mouvement de résistance va se mettre en place. En octobre 43, c'est la liquidation du ghetto, 3.000 Juifs au moins sont envoyés à Auschwitz. Certains ont aussi été envoyés dans des "Kommandos 1005" mais aucun n’en est revenu. Sur 100 000 Juifs Lettons, seules 800 personnes ont survécu.
Avraham AVIEL, né à Dowgaliszuk près de Raduń, Pologne, district de Lida, entre Grodno et Vilna (aujourd'hui en Biélorussie). Lorsque les Allemands arrivent à l'automne 41, il est transféré au ghetto de Raduń. Il sera témoin des exterminations par les Einsatzgruppen. Seuls les 90 à 100 Juifs du ghetto qui ont été employés à creuser les fosses reviendront dans le ghetto désormais désert. Il s'enfuira avec son frère, trouvera des partisans en forêt à l'automne 42. Les gens de la région les aidaient (nourriture, vêtements,...) mais avaient en général trop peur pour les loger, car lorsqu'ils étaient découverts, la maison était brûlée avec tous ses habitants à l'intérieur.
Haïm BEHRENDT, né à Berlin en 19. Il témoigne des déportations de Berlin vers Lodz en 39 et, en ce qui le concerne, des modalités et conditions des déportations vers Minsk. Fin octobre 41, il reçoit une lettre demandant une liste de leurs biens. Dix jours plus tard, ils reçoivent l'ordre de donner leurs clés à la police et de se rendre à la synagogue avec 15 kilos de bagages au maximum. Leurs papiers d'identité leur seront rendus avant le départ avec un tampon mentionnant "evakuiert nach Minsk". A Minsk, il y a deux ghettos, l'un est réservé aux Juifs Allemands, ils y sont environ 7.500 personnes, l'autre est réservé aux Juifs Russes, on leur dit qu'il regroupe 90.000 personnes. Un jour, un grand nombre de SS a tué sur place, dans le ghetto même, 30 000 Juifs. À partir de l'automne 43 il a été déplacé dans divers camps.

Session 30
Liona NEUMANN
, née à Vienne où elle a vécu jusqu’au début 42. Elle témoigne de sa déportation vers Riga et du fait qu'une première sélection eut lieu dès leur arrivée (500 enfants et personnes âgées ne sont jamais entrés au ghetto). Cinq jours après son arrivée, environ 300 Juifs sont "mis au travail", les autres disparaissent. Durant plusieurs mois elle travaillera à la désinfection de vêtements qui sont ceux des Juifs tués au 9ème Fort. Déportée ensuite à Stutthof, elle y reste neuf mois puis, le six août 44 335 personnes sont embarquées dans un bateau sur la Baltique. 190 survivront.
Shmuel HOROWITZ, tailleur, vivait à Kolomea (Kołomyja) en Galicie (aujourd'hui en Ukraine). Les Allemands arrivent à Kolomea en 41, et lui ordonneront de travailler comme tailleur pour la Gestapo (jusqu'à la fin de 43). Le jour de leur arrivée, les Allemands brûlent la synagogue. Le lendemain, ils emmènent 2.000 Juifs à Szeparowce, une forêt proche, où ils sont tués. Il témoigne de l'extrême surpopulation du ghetto, et d'une séparation, là encore, en plusieurs parties. A Kolomea il y avait environ 22.000 Juifs. Avec ceux qui ont été déportés des alentours, le ghetto s'est monté à 60.000 personnes. À l'évacuation du ghetto, restaient 30 personnes. Il est le seul survivant.
Rivka YOSELEWSKA est née à Powost Zagorodski, s’est mariée en 34. Quand les Allemands arrivent en 41, ils commencent par transformer la synagogue en écurie. Des non-Juifs des villages voisins viennent leur dire de s'enfuir parce que les Allemands tuent tous les Juifs, ce qu’ils n'arrivent pas à croire dans un premier temps. Un jour, un camion emmènera tous les Juifs vers des fosses. Ils devront se déshabiller puis seront abattus par rangs de quatre. Elle ne mourra pas de la balle qui lui est tirée dans la tête. Elle témoigne que, dans ces fosses, beaucoup mouraient en réalité d'étouffement... Elle parviendra à en sortir ainsi que trois autres femmes et quelques enfants. Un paysan passant par là la prendra en charge. Plus tard, elle rejoindra un groupe de Juifs dans la forêt et restera avec eux jusqu'à l'arrivée des Soviétiques.
Documents
Pièce T/308 : le SS Wezel informe le Reichkomissar qu'il s'est arrangé avec Brack pour l'appareil (camion à gaz) destiné à remplacer les tueries de Juifs par balles "comme à Vilna".
Pièce T/309 : documents de Nuremberg sur les camions à gaz de Chelmno.
Pièce T/312 : témoignage du SS Ohlendorf devant le Tribunal Militaire International : noms des commandants des Einsatzgruppen, description de l'organisation des gazages dans les camions.
Pièce T/325 : à propos des Juifs de Minsk : un Judenrat qui ne convient pas aux Allemands est exécuté et renouvelé.
Pièce T/337 : rapport du 14 janvier 42 sur les tueries de 41 qui évoque la révolte des Juifs de Zagare (et montre d'ailleurs comment toute révolte était vouée à l'échec)
Pièce T/343 : le SS Blobel sur les meurtres dans les camions : explique comment ça se passait.
Aharon Silberman témoigne de la situation de son beau-frère, argentin de nationalité, pris par la Gestapo, mis en prison. L'Ambassade argentine demandant des nouvelles de son ressortissant, Eichmann en personne répond qu'il est mort d'un arrêt du cœur le 12 avril malgré des soins intensifs. La date est mensongère puisque cet homme a été transféré à Auschwitz en juin mais permet de faire croire qu'il est mort avant même que l'ambassade ne demande des comptes.
Le tribunal évoque d'autres cas du même type.

[Page mise en ligne en juin 2009]

 Gideon Hausner, procureur, au procès EichmannAvertissements préliminaires
Cette page ne prétend pas à l’exhaustivité (l’ensemble du Procès Eichmann = neuf volumes). Il s’agit d'un résumé des notes que j’ai prises au fur et à mesure de ma lecture. Elles sont très partielles : j’ai retenu ce qui est susceptible de m’être utile dans mes recherches, pas forcément tout ce qui pourrait être considéré comme essentiel, ni certaines des informations qui me sont connues par ailleurs.
Ces notes vont sans doute paraître extrêmement froides et distanciées et, en cela, ne reflètent pas l’intensité des témoignages, mais à l’inverse privilégient l’aspect informatif à l’aspect humain. Vous y trouverez en revanche l’indication de l’intégralité des témoins ayant déposé devant la cour (mais seulement l’évocation de quelques documents parmi les très nombreuses pièces du dossier). Enfin, certains éléments biographiques concernant des SS et leur devenir sont ajoutés par moi et non pas indiqués au moment du procès.
Lorsque j’ai pris ces notes je ne pensais pas les faire figurer sur le site, ce n’est que plus tard que j’ai finalement pensé que cela pourrait intéresser certains d’entre vous d'en établir ce résumé.

 

VOLUME 2
(Du 08 au 24 mai 1961, session 30 à 51)

Session 31
Documents concernant la Pologne et les décisions prises par le bureau d'Eichmann, dont T/364 par le SS Hauptstumrführer HOEPPNER qui était à Poznan : contient un compte rendu des échanges entre Eichmann et le SS Untersturmführer SEIDL à Poznan le 5 juin 40 qui mentionne les activités de KRUMEY, SCHMIED et SCHWARZHUBER (ce dernier étant celui qui arrive Auschwitz en septembre 41).
Ces documents forment une conclusion à ce qui concerne la Pologne et les pays de l'Est. S'ouvre donc la partie concernant l'Ouest et le Nord, destinée à "démontrer que l'accusé était la personne immédiatement et directement responsable de l'exécution de cette opération, qu'il l'a dirigée, conseillée et supervisée, que ce soit personnellement ou par le biais de ses subordonnés, les hommes de son service". Cette partie commence par la France où DANNECKER est le représentant d'Eichmann à Paris. Sont évoquées la spoliation puis les mesures antisémites.
Pièce T/389 : courrier de KNOCHEN visé par Dannecker dans lequel le dernier paragraphe expose que, basé sur des fondements idéologiques, l'antijudaïsme ne "marchera pas" en France, qu'il faut utiliser des raisons économiques (concerne les Juifs d'origine étrangère).
T/393 : rapport de Dannecker à ZEITCHEL sur le nombre de Juifs en France selon les régions. Il se plaint par ailleurs de l'inactivité des autorités Françaises concernant les mesures antijuives.
T/405 : souhait que la Hollande, la Belgique et la France soient "gérées" simultanément (à Bruxelles Sturmbanf. EHLERS, à Amsterdam ZOEPF et Sturmbahnf. LAGES).
T/416 : sur le premier convoi parti de France (Compiègne -> Auschwitz) : un télégramme de GÜNTHER : seulement les Juifs capables de travailler, essentiellement des hommes, 5 % de femmes au maximum.

Session 32

T/430 : document d'Otto ABETZ, ambassadeur d'Allemagne à Paris, disant qu'il ne fera pas d'objection à ce que 40.000 Juifs soient déportés de France, mais qu'il faudrait que ces déportations soient conduites de telle manière qu'elles augmentent l'antisémitisme de la population française.
T/432 : évoque la rencontre du 4 juillet 42 en présence notamment du Standartenf. Knochen et de l'Hauptsturmf. Dannecker, et pour représenter la France BOUSQUET, DARQUIER de PELLEPOIX et d'autres.
T/433 : Dannecker informe Eichmann que LAVAL demande que soient déportés aussi les moins de 16 ans de la zone non occupée et sollicite son accord pour le 15e convoi. À cette époque ils avaient décidé que quatre trains devaient partir de France chaque semaine.
T/439 : le 20 juillet 42 appels téléphoniques (Eichmann et l'Oberscharf. NOVAK) pour dire que "Kindertransporte können rollen".

Session 33
Georges WELLERS, né à Paris, maître de recherches au CNRS et à la Sorbonne. Né à Koslov (Russie), arrivé en France en 29, citoyen français depuis 38. En 39 il s'engage dans l'armée, en juin 40 il est à Bordeaux. Il revient alors à Paris et reprend son travail au laboratoire de physiologie. Il témoigne d'une première rafle en mai 41 ou sont arrêtés, après convocation, les hommes adultes et de nationalité étrangère qui seront emmenés à Beaune et Pithiviers. Deuxième rafle le 2 août 41 à Paris 11e : 4.000 arrestations à domicile -> Drancy. [Erreur de date, il s'agit du 20 août] Lui sera arrêté le 12 décembre 41, chez lui, par un simple policier allemand puis regroupé avec 750 prisonniers intellectuels et/ou connus. Ils sont emmenés à Compiègne, officiellement appelé Frontstalag 122, gardé par la Wehrmacht et divisé en trois parties : un camp pour les Russes arrêtés en juin 41 (Juifs ou non, Soviétiques ou immigrés), un pour les politiques français, un dont ils furent les premiers occupants, tous Juifs. Dans les deux autres camps était possible d'envoyer et recevoir des courriers, recevoir des colis voire même des visites. La première fois qu'il a vu Dannecker, c'était à l'Ecole militaire le jour de son arrestation. Il l'a revu le 12 mars 42 avec PELZER (commandant des camps de Compiègne) et NACHTIGAL (Commandant du camp des Juifs de Compiègne). Il est ramené à Drancy en juin 42, d'où il a vu partir 40 à 50 convois. On ne savait alors pas du tout où allaient les trains. Il se souvient avoir vu trois cartes postales "de Birkenau" en janvier 43 disant que tout allait bien. Les 16 et 17 juillet 42 (Vel d'Hiv) sont arrêtés hommes femmes et enfants. Les plus de 12 ans sont envoyés directement à Drancy, pas au vélodrome. Le 19 juillet ce sont les premières déportations de ces familles ayant des enfants de plus de 12 ans. Elles dureront jusqu'au 15 août environ.
Chaque semaine 3.000 Juifs "partaient" et 3.000 autres arrivaient à Drancy. Ceux qui étaient au Vélodrome ont d'abord été emmenés à Beaune la Rolande et Pithiviers puis tous les adultes ont été envoyés directement à Auschwitz. Leurs enfants sont arrivés seuls à Drancy durant la deuxième moitié d'août en quatre convois de 1.000 avec 200 adultes qu'ils ne connaissaient pas. Ils arrivaient, comme tous à Drancy, en bus, encadrés par la police de Vichy. Quatre équipes de femmes ont été constituées pour s'en occuper. Les enfants étaient à 120 par pièce. À partir de neuf heures du soir, tout adulte était interdit avec les enfants sauf les trois ou quatre personnes qui pouvaient se déplacer partout dans Drancy comme c'était son cas. Tous ces enfants furent déportés en août et septembre, en convois de 1.000 enfants plus 500 adultes. ROETHKE était présent à la plupart des départs de convois.
En été 42, il y a eu beaucoup de suicides à Drancy. Il y avait alors entre 4 et 8.000 personnes. Il a vu embarquer des gens sur des brancards, des malades mentaux après piqûre de tranquillisant, des femmes avec un bébé dont elles venaient d'accoucher...
Ont "géré" Drancy : DANNECKER puis ROETHKE puis BRUNNER. Brunner a officiellement pris ses fonctions le 2 juillet 43. Il a alors renvoyé tous les membres de l'administration de Vichy, seuls des policiers gardaient le camp à l'extérieur. Il était avec trois autres SS : BRUECKLER, Oberscharf. WEISEL et Unterscharf. KOETTLER. Ils faisaient régner la terreur, les deux premiers en particulier. Les "émissaires" étaient aussi une invention de Brunner. En septembre 43, Brunner est parti à Nice puis des groupes de Juifs arrêtés dans le Sud ont commencé à arriver à Drancy, surtout de l'ex zone Italienne (capitulation de l'Italie entre temps).
Ceux qui avaient porté l'étoile par solidarité et avaient été pour cela arrêtés le 8 juin 42 ont été envoyés à Drancy puis libérés le 1er septembre de la même année.
Le 30 octobre 43, 250 hommes environ sont envoyés au 43 Quai de la Gare puis 100 femmes aussi pour le "Deutsche Dienstelle" ou "Dienstelle Rosenberg" ou "Einsatzstab Rosenberg". Dans ce lieu, des camions apportaient les biens des Juifs arrêtés, tout ce qui était dans leurs appartements (vêtements, livres, jeux d'enfants, tout). C'était ensuite envoyé en Allemagne par train. Les objets de valeur étaient exposés et des Allemands de haut rang venaient y faire leur choix puis indiquaient l'adresse où envoyer les objets qu'ils avaient choisis. 50 à 60 camions arrivaient chaque jour. Brunner lui-même y passait quasiment tous les jours.
Le 30 juin 44 il est déporté à Auschwitz. Ils étaient 70 à 80 par wagon. Seul le premier train parti de France était un train de voyageurs. Il y avait 20 à 25 wagons par train. Sur son convoi : seuls quatre ou cinq survivants.
 
Session 33
Documents.  
T/443 : de ROETHKE au IVB4 qui fait le rapport de la Rafle du Vel'd'Hiv.
T443 : signé GÜNTHER disant que ces enfants doivent être peu à peu envoyés à Auschwitz.
T/444 : de ROETHKE à EICHMANN : le 14 août 42 à 8h55 un train a quitté Le Bourget-Drancy vers Auschwitz avec 1.000 Juifs dont, pour la première fois, des enfants.
T/454 : demande de ROETHKE : que la police française soit informée au dernier moment des rafles, sans quoi ils préviennent les populations.
Différents documents disant que la France ne veut plus coopérer pour la déportation des Juifs français. Documents concernant l'attitude de l'Italie, protégeant les Juifs en France du Sud Est.
T506 : suggestion de KNOCHEN de payer les dénonciateurs de Juifs cachés. Dans le même esprit est évoquée la situation en Belgique avec BARGEN (représentant du Ministère des affaires étrangères à Bruxelles) où l'on se plaint que trop de Belges cachent des Juifs chez eux.

Session 34
T/520 : chiffres des déportations concernant la Belgique : 25 437 déportés (10.800 hommes, 9.900 femmes et 4.364 enfants).
Joseph MELKMAN, médecin, né en Rolande, installé en Israël depuis mai 57. Devenu chercheur sur la Shoah à Yad Vashem. À la déclaration de la guerre, il était à Amsterdam, professeur de latin et grec dans un lycée non juif et rédacteur d'un hebdomadaire sioniste. Rafle dès 41 ("Grüne Polizei"). La SS leur disait qu'on ne revenait pas vivant de Mauthausen. À l'origine, Westerbork avait été mis en place par des fonds juifs pour les Juifs enfuis d'Allemagne après 38. Le quartier juif d'Amsterdam est bouclé et déporté en mai 43. Lui-même est pris dans une telle rafle le mois suivant avec sa femme (leur enfant était caché chez une femme non juive). Ils resteront 8 mois à Westerbork où le commandant était GEMMEKER. Il y avait un grand camp dans le Sud du pays à Vught (que les Allemands appelaient Hertogenbosch). Il y avait Ellerkorn, un camp d'entraînement pour les SS. Les gens arrivant à Westerbork depuis ce camp étaient dans un état épouvantable. Les trains partaient de Westerbork le mardi : à 3h du matin on appelait ceux qui allaient être déportés et le train partait le lendemain à 11h. 4.000 enfants environ ont été sauvés parce que cachés dans des familles non juives. Il y avait 140.000 Juifs en Hollande, 110.000 ont été déportés et 6.000 sont revenus.
Félix GUTMACHER, né à Bruxelles en 1926 de parents Polonais ayant émigré en 23 (témoignage écrit dont sont lus des extraits). Il évoque les débuts de Malines (juin-juillet 42). Lui-même a été déporté à la mi-septembre. Son train a été arrêté, on a fait descendre ceux qui avaient de 16 à 45 ans puis le train est reparti pour Auschwitz. Eux sont allés au camp de Sakrau, là de nouveau une sélection (par un "Judenhändler"), cette fois selon l'emploi : tous ceux qui déclarent des professions intellectuelles sont dirigés vers un camp d'extermination. En 43, ce même Judenhändler viendra demander des volontaires pour une usine. Il s'avérera qu'on y manipule du soufre. Seuls les prisonniers non juifs auront le droit de porter un masque. Les 500 prisonniers juifs sélectionnés mourront.
Documents.
SEYSS-INQUART est le représentant du Reich pour la Hollande, avec son adjoint l'officier WIMMER dont STILLER est l'un des assistants. ZOEPF est le représentant d'Eichmann ("le Dannecker de la Hollande").
T/537 : ZOEPF écrit noir sur blanc "le camp de propagande de Theresienstadt".

Session 35
Documents concernant la Hollande.
L'Hauptsturmführer SEIDL, qui avait été commandant de Theresienstadt, adjoint d'Eichmann, va devenir commandant de Belsen. Il est actif aussi quant aux déportations de Slovènes en Yougoslavie.
En novembre 43 Eichmann vient en Hollande.
T/572 : rapport officiel du Gouvernement Hollandais pour Nuremberg.
Werner David MELCHIOR. Son père était rabbin à Beuthen puis au Danemark. Ils vivaient au Danemark quand les Allemands sont arrivés le 9 avril 40. Il y avait alors près de 7.700 Juifs dont 1.400 étaient des réfugiés d'Europe centrale. Une propagande antisémite s'est mise en place mais rien de plus jusqu'en août 43 car les incidents qui avaient lieu étaient réprimés par la loi. Le 23 août 43 c'est l'instauration d'un régime militaire. Werner BEST est aux "Affaires Juives". Le Roi dit qu'il se considère comme prisonnier de guerre. Le 28 septembre 43, DUCKWITZ est informé de la rafle en préparation. Elle doit avoir lieu la nuit du 1er octobre 43. L'information est donnée au leader du parti social-démocrate BOHL ainsi qu'à deux autres anciens Premiers ministres HEDTOFT et HANSSON. Ces hommes politiques préviennent le jour même la communauté juive qui a du mal à y croire. Les rabbins annoncent la rafle dans les synagogues (c'est Rosh Hashana) et disent qu'il ne faut pas être chez soi. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Seules 472 personnes seront capturées et envoyées à Theresienstadt où le gouvernement Danois expédiera des colis. Ils n'ont été victimes d'aucun mauvais traitement, 422 sont revenus. Comme la plupart des Juifs Danois qui ont été sauvés, il est lui-même passé en Suède, par bateau, avec un pêcheur. [Voir aussi la page Copenhague sur le présent site]

Session 36
Documents concernant le Danemark.
T/580 : de VON THADDEN à Eichmann : le plénipotentiaire du Reich au Danemark, le Gruppenführer Werner BEST informe le Ministère des affaires étrangères que le commandant des forces Allemandes au Danemark a refusé de mettre la police militaire et la Feldgendarmerie à disposition de la police de sécurité allemande pour l'opération contre les Juifs. Le traitement spécifique réservé au Danemark par les Allemands a des raisons politico-économiques.
Situation de la Norvège : les Allemands décident que les Juifs de Norvège seront déportés vers Auschwitz d’abord par bateau (départ d'Oslo, arrivée à Stettin).
Henrietta SAMUEL, né à Berlin, elle arrive en Norvège en 1930 avec son mari qui est rabbin à Oslo. Il y avait alors 1.700 Juifs en Norvège dont 1.200 à Oslo où ils vivaient normalement, sans antisémitisme. Les premières mesures commencent au début de l'année 42 puis les premières arrestations. Le 26 octobre 42 tous les hommes Juifs sont arrêtés par la police norvégienne et les Allemands puis emmenés au camp de Berk. Le 26 novembre ce sont les femmes et les enfants qui sont arrêtés. Il s'agira au total de 750 personnes qui ont toutes été emmenées à Auschwitz. 12 survivront, dont Kai FEINBERG. La résistance en Norvège était très secrète : qui aidait un Juif était tué. 850 Norvégiens juifs furent néanmoins sauvés, pour la plupart en passant en Suède malgré l'étroite surveillance.
Documents   
T/608 : déposition de Kai Feinberg.
Concernant l’Italie. Les Allemands considèrent que le "mauvais exemple de l'Italie" qui refuse de livrer ses Juifs influe sur l'attitude de la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie. Les Allemands prennent le pouvoir en Italie le 9 septembre 43, en octobre ils décident la déportation des 8.000 Juifs de Rome vers Mauthausen.
Helda CAMPAGNANO née CASSUTO est née à Florence. Après des études en mathématiques à l'Université de Florence puis de Rome, elle obtient le concours de professeur de math-physique. Elle se marie en 39. Malgré les lois antijuives, jusqu'en 43 il n'y a pas d'inquiétude pour la sécurité personnelle de chacun. À partir de septembre 43, le changement est radical. Elle a alors deux enfants. Elle avait entendu (radio Londres) parler des chambres à gaz et l'avait cru, même si elle pensait qu'il devait y avoir aussi une part de propagande. À Florence -où elle était alors- les arrestations commencent fin septembre, deux à trois semaines après l'arrivée des Allemands. Elle va se cacher dans un monastère avec divers membres de sa famille mais, apprenant que les Allemands fouillent les monastères, elle fuit, d'autant qu'ils annoncent qu'aider un Juif sera puni de la peine de mort. Elle témoigne avoir reçu de l'aide de tous les types d'Italiens et de toutes les classes sociales, ce qu'elle explique par trois raisons : la haine des Allemands, l'action des partisans, la gentillesse italienne.

Session 37
Documents sur l'Allemagne.
T/644 : HEYDRICH qui déclare déjà le 08 septembre 39 que "tous les hommes Juifs de nationalité polonaise doivent être arrêtés".
Hildegard HENSCHEL, épouse et veuve de Moritz Henschel. Elle est née à Berlin où elle est restée jusqu'au 16 juin 43. Le port de l'étoile est obligatoire à partir du 19 septembre 41, lendemain de Kippour. Dans un premier temps, les Juifs sont évacués de leurs logements et regroupés dans une synagogue. À cette époque, elle travaillait comme secrétaire des médecins à l'hôpital juif qui devait examiner la "transportabilité" des malades. Le 16 octobre 41 c'est le premier transport vers Lodz. Durant l'été il y avait déjà eu quelques déportations, certaines vers Gurs, notamment depuis la région de Baden. La seule façon d'éviter la déportation était le suicide et, de fait, beaucoup ont attenté à leurs jours. Comme elle travaillait à l'hôpital où ils étaient amenés, elle peut dire qu'environ 1.200 personnes ont tenté de se suicider entre octobre 41 et le début de 42, rien que pour Berlin.
Avant le départ, les bagages étaient fouillés dans un local surnommé "Schleuse" (écluse). En novembre 43, on disait aux déportés qu'ils allaient pouvoir mettre en place des kibboutz dans la région de Riga.

Session 38
Mordechaï ANSBACHER, né à Würzburg en 27 où il est resté jusqu'en janvier 39. Il est alors déporté en Belgique puis, avec l'occupation de la Belgique, vers Gurs. Après de nombreuses étapes intermédiaires, il arrive à Theresienstadt avec sa mère en été 42. Il témoigne du fait qu'il y avait sans cesse des transports "vers l'Est" à partir de 43. Il décrit Theresienstadt : les bâtiments, les conditions de vie, le travail, les cours organisés pour les jeunes par Yaacov Edelstein bien que toute école soit interdite, Freddy Hirsch, Frizi Zucker, ... Il avait alors 15 ans. A Theresienstadt ils ne disaient pas "organisieren" mais "schleusen". Document T/651 où l'on voit le bâtiment où il habitait, sur une photo montrant l'arrivée d'un convoi à la "Schleuse". Il raconte également la "Verschönung Aktion" lorsqu'une visite de la Croix-Rouge était annoncée.
Max PLAUT. Son témoignage a été déposé en 53 à Tel-Aviv, des passages en sont lus parce qu'il est alors hospitalisé à Brême.
Documents :
Notamment sur les Juifs Allemands déportés dans les camps de France fin 40 depuis Baden et le Palatinat.
Evocation de la rencontre du 15 janvier 41 où il était question de citoyenneté, propriété et perte des biens par perte de citoyenneté. Le Ministère de l'intérieur propose que tout Juif allemand, qu'il soit dans ou hors du pays, perde la nationalité et devienne apatride, sauf cas exceptionnel. Le IVB4 est créé en janvier 41.
T/680 : les colis partant d'Allemagne vers les camps de France (nourriture, vêtements ou argent) sont interdits.

Session 39
Michaël MUSMANNO (qui a été juge à plusieurs des procès de Nuremberg). Long débat suscité par Maître Servatius : un juge peut-il être cité comme témoin ? Il vient finalement à la barre pour témoigner de ce qu'il a appris sur Eichmann par d'autres accusés lors d'autres procès. Il affirme qu’Eichmann est allé voir des opérations d'Einsatzgruppen. Évoque le lien Blobel-Eichmann (effacement des traces).

Session 40
W. Best a été jugé au Danemark puis est parti vivre en Allemagne. Il a témoigné à son procès du fait que Heinz JOST ne voulait pas participer à l'abattoir des Einsatzgruppen. De l'avis de Michael Musmanno, Hitler avait une confiance totale en Eichmann et lui a mis le programme d'extermination entre les mains au travers d'Himmler. Ribbentrop allait jusqu'à dire qu'Hitler n'était responsable de rien d'autre que de sa totale confiance en Eichmann... Il évoque l'attitude de Frank, le gouverneur général de Pologne, lors de son procès. Il cite le SS Erwin Schultz, dirigeant un Einsatzkommando, qui a demandé à être relevé de ses fonctions et l'a été par Heydrich, ce qui n'a pas empêché d'être promu ensuite. Ce cas de figure s'est produit pour d'autres. [Davantage de détails sur le cas du SS Schultz ici, site Nizkor]
   
Session 41
Documents sur la situation en Hongrie.
T/689 et 690 : Les interrogatoires du SS Standartenführer Kurt BECHER (1909-1995) à Nuremberg. A la tête du Bureau économique de la SS à Budapest en 44, il était le représentant d'Himmler pour les négociations avec les institutions Juives de Budapest pour les permis de départ à payer, sujet pour lequel il était en partie en contact avec Eichmann.
Horst GRELL s'occupait des "Affaires Juives" à Budapest, à l'Agence Allemande du Ministère des affaires étrangères "une sorte d'officier de liaison entre VEESENMEYER et la section IVB4 de l'accusé".
T/691 : déclaration de Veesenmeyer à son procès où il mentionne l'affaire du camp Kistarcsa. Il vivait toujours à Francfort en 1961.
T/692 : témoignage du SS Obergruppenführer Hans JÜTTNER (1894-1965) à Nuremberg où il évoque la marche forcée en novembre 44 dont Eichmann est accusé. L'ayant vue et trouvée choquante, il avait essayé de la faire cesser.
Heinrich Karl Ernst GRÜBER, Chrétien, habite Berlin, pasteur de profession. Durant la guerre, il est allé à différentes reprises avec les représentants de la communauté juive (rabbin BAECK, Otto HIRSCH, EPSTEIN) au 116 de la rue Kurfürstenstraße pour représenter, tenter de défendre, et parler pour ceux qui étaient devenus des "citoyens de 2nde classe". Il avait l'impression d'être face à "un bloc de glace ou un bloc de marbre" et quelles que furent ses demandes, il ne se souvient pas d'une seule réponse favorable. Il a été arrêté le 19 décembre 40 pour ses activités par rapport au camp de Gurs (il parvenait à y envoyer argent et médicaments) et envoyé à Sachsenhausen (où il y avait le pasteur Niemoeller). En octobre 41 tous les religieux sont envoyés à Dachau (ils y étaient environ 700, isolés des autres) d'où il sera libéré le 23 juin 43.
Il évoque les sélections des "invalides" pour le travail à Sachso, environ 300 par transport, qui étaient emmenés et sans doute gazés en Allemagne (Hadamar ?) avant que leurs affaires personnelles ne reviennent au camp 15 jours plus tard. Il témoigne qu'à Dachau arrivaient beaucoup de biens venant d'Auschwitz. Il évoque les expériences médicales. Il dit qu'en Allemagne les personnes les plus promptes à aider les Juifs émanaient des classes ouvrières et que, par ailleurs, la Suisse n'était pas favorable à l'immigration Juive.

Session 42
Charlotte SALZBERGER née WRESCHNER, née en 23 à Francfort, elle part en Hollande avec sa famille en 34 où elle reste jusqu'en 44. Enregistrée comme Juive après l'invasion allemande de février 41 (v. T/694) elle perd sa nationalité allemande. Elle obtient la nationalité équatorienne et reçoit un passeport en 42 mais il sera impossible de sortir de Hollande. Elle fait également des demandes pour la Palestine. Elle sera transférée à Westerbork avec sa sœur en octobre 43 (T/700 : la carte du camp par sa soeur) où elles restent jusqu'en janvier 44. Elles sont alors déportées à Ravensbrück (T/701 : leur document d'entrée) dont on leur dit que c'est un "Austauschlager", un camp destiné aux échanges. Elles y restent jusqu'en février 45. Elle décrit le quotidien à Ravensbrück sous le commandement de SUHREN. Elles sont ensuite emmenées à Theresienstadt. Elle raconte la fin du camp.

Session 43
Documents essentiellement sur la spoliation et les ghettos et camps spécifiques (par ex pour les "Juifs d'échange" ou le camp de Nisko).

Session 44
Documents
T/816 : déposition du SS Rudolf Hermann Emil BRANDT (1909-1948), conseiller personnel de Himmler en lien avec le Ministère de l'intérieur, au procès des médecins à Nuremberg.
Documents sur l'Autriche puis sur le Protectorat de Bohême Moravie, notamment T/294 : compte rendu d'une réunion à Prague le 10 octobre 41 qui évoque pour la première fois la mise en place de Theresienstadt. Le Bureau central pour l'émigration juive (Zentralstelle fur jüdische Auswanderung) contrairement à celui de Vienne puis celui de Berlin, changera de nom à Prague et deviendra "Zentralstelle für die Regelung der Judenfrage". Les archives d'Eichmann (du bureau du 116 Kurfürstenstraße) font partie de ce qui a été brûlé à Theresienstadt en mars 45 (cf témoignage de Charlotte Salzberger).
Documents sur la Tchécoslovaquie puis Theresienstadt dont T/842 : la déposition de Siegfried SEIDL (1911-1947) en octobre 45, le premier commandant du camp (du 1er novembre 41 au début juillet 43) lors du procès à Vienne où il sera condamné à mort et exécuté. À Theresienstadt c'est l'Obersturmbannf. BURGER qui lui succèdera. Seidl deviendra ensuite le premier commandant de Belsen. En mars 44 : Mauthausen puis rejoint l'Einsatzkommando d'Eichmann en Hongrie.
T/843 : documents du Conseil Juif de Theresienstadt, enterrés puis récupérés après guerre et gardés à Prague.
Ernst RECHT, né à Pilsen, 59 ans, vivait à Prague en 39 et était directeur d'imprimerie. Il a pu travailler jusqu'au 30 décembre 41, son imprimerie est ensuite devenue "entreprise aryenne". Son témoignage concerne la tutelle ("Treuhandstelle") du Conseil des Anciens de Prague.

Session 45
Documents sur Theresienstadt. Les commandants : Seid puis Burger puis Karl RAHM (condamné à mort et exécuté) dont la déposition du 24 mars 47 est la pièce T/864.
Viteslav DIAMANT né en 1901 en Tchécoslovaquie, vivait à Prague en 39. Le 14 décembre 41 il a été envoyé à Theresienstadt avec l'un des premiers transports. Du fait de sa formation d'électricien, il était employé comme tel, habitait la même baraque que le Conseil des Anciens. Il y faisait des copies de tous les ordres venant du commandant du camp qu'il a cachées puis envoyées au gouvernement Tchèque après guerre. Il dit que le 9 janvier 42 est parti le premier transport de Theresienstadt. Il témoigne du fait que les déportés étaient choisis par le Conseil des Anciens non pas par les SS.
Adolf ENGELSTEIN, né en 1903 à Stonova près d'Ostrava en Tchécoslovaquie. Ingénieur. En 39, il vivait à Moravia et travaillait à la construction de voies ferrées jusqu'en août 42 où on lui a interdit ce travail. Le 23 janvier 43, il est envoyé à Theresienstadt jusqu'au premier mars 44. Il est ensuite affecté par Eichmann à la construction d'un camp près de Berlin (Trebenitz) qu'on leur avait dit destiné aux SS. Le 3 février 45 ils sont ramenés à Theresienstadt où ils sont affectés à la fermeture hermétique de corridors souterrains et en particulier de la "raveline 20". Ces travaux sont arrêtés à la mi-mars.
Documents qui concernent la Yougoslavie et les différentes situations selon les régions du pays. En 41, environ 78.000 Juifs y vivaient dont 4.000 étrangers venus s'y réfugier. 60.000 seront assassinés.
 
Session 46
Documents
WEBER du Ministère des Affaires étrangères. Untersturmf. Franz STUSCHKE du IVB4. Sturmbannf. Friedrich SUHR du IVB4 (1907-1946). Docteur en droit. A participé aux Einsatzgruppen de novembre 42 à novembre 43. Se suicide en prison en mai 46. Sturmbannf. Ernst WEIMANN chef de la police de Belgrade. Standartenf. Wilhelm FUCHS (1898-1947) BdS (Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD) en Serbie en 41-42 puis Einsatzgruppen 3 en Union Soviétique en 43 et 44. Condamné à mort à Belgrade. Franz RADEMACHER (1906-1973) Juriste de formation, diplomate pour le IIIe Reich en Uruguay jusqu'en 40 où il arrive au Judenreferat du Ministère des affaires étrangères (Ribbentrop). Martin LUTHER (1895-1945) qui a l'idée du plan Madagascar. Il va finalement gérer les déportations et exécutions de Juifs Serbes en octobre 41. Il a des responsabilités également dans ce domaine en France, Belgique et Hollande.
Hinko SALZ, né à Bieleca (Herzégovine) en 1906, dentiste, études universitaires à Zagreb et Vienne. En février 41 il vivait à Slavonski Brod, ville industrielle de Yougoslavie, en Croatie. Service militaire comme officier de réserve (février 41). La guerre contre la Yougoslavie est déclarée le 6 avril 41. Fait prisonnier, il s'évade et réussira à s'enfuir pour atteindre la Suisse à la mi-septembre 43.
Alexander ARNON, 63 ans. Le 10 avril 41 (à l'entrée des troupes allemandes dans Zagreb) il vivait à Zagreb où il était secrétaire de la communauté juive, directeur de l'Organisation d'émigration puis directeur territorial du Joint. En Yougoslavie 0,5 % de la population était Juive (35.000 personnes). Il n'y avait d'antisémitisme que dans la région Croate.
Les victimes Yougoslaves : 20 000 Juifs sont morts dans les camps croates et 10.000 dans les camps d'extermination ainsi que 40.000 Tsiganes. Selon les sources les plus fiables 330 à 390.000 Serbes ont été victimes des Oustachis (en Croate "insurgés". Parti fasciste fondé en 29 par Ante PAVELIC qui sera appelé le "Poglavnik").
Ce même 10 avril 41 le maréchal KVATERNIK proclame l'Etat indépendant de Croatie. Le lendemain matin, le premier homme de la Gestapo arrive au bureau de la communauté juive et annonce que le bâtiment est confisqué et les personnes présentes en état d'arrestation. Les mesures antijuives s'ajoutent aux actions des Oustachis. Fin mai se mettent en place des lois modelées sur celles de Nuremberg et le port de l'étoile (avec le Z de "Zidov") sur la poitrine à gauche et sur l'épaule droite (même pour les bébés). Le camp de Jadowna (province de Licca) était géré par les Oustachis. Quelques mois plus tard, lorsque les Italiens se préparent à occuper ce district, les Oustachis tuent tous les occupants du camp. Le 22 juin la Croatie déclare la guerre à la Russie. Le 26 on collait des affiches annonçant la création de camps de concentration. À part Jadowna, qui existait déjà, est notamment créé Jasenovac où périrent 60.000 personnes dont 20.000 Juifs. En dehors de Loborgrad, les camps étaient tenus par les Oustachis.
Il parviendra à fuir à Ljubljana (territoire occupé par les Italiens) en mai 42 puis en Italie en août et en Suisse en septembre 43. Il apprendra la création de Sajmiste, le grand camp près de Belgrade où 90.000 personnes ont été détenues dont 7 à 8.000 Juifs. Les prisonniers y mouraient de faim, étaient tués, ou "déportés vers l'Est".
Sur les 75.000 Juifs de Yougoslavie, 60.000 furent tués, 8.000 sont venus en Israël, 2.000 en Amérique du Nord ou du Sud, au Canada ou en Australie. 5 à 6.000 vivent aujourd’hui en Yougoslavie.
Documents
T/892 : rapport de la Commission Yougoslavie (juin 45) de Milan MARKOVIC.
Le Sturmbannf. Hans HELM est resté à Zagreb lors de la retraite de l’armée Allemande. En 46 il est reconnu, arrêté, jugé.
Obersturmbannf. Ludwig TEICHMANN (1909-?1947), entré à la SS dès 29, n°1789. En Croatie et Serbie de 41 à 43. Concerné par Sajmiste où il n’y avait pas de chambres à gaz mais officiaient 5 camions (T/896). Même procès que Fuchs à Belgrade en 46.
T/897 : August MEISNER commandant de la police et de la SS, a été condamné à mort. Aleksander BENAK, administration croate qui agissait avec les SS, condamné à mort. Leurs dépositions sont ajoutées aux pièces du présent procès.
Slovénie. Une partie (la Styrie, "Untersteiermark") sous occupation allemande doit être vidée de sa population chrétienne par le bureau d’Eichmann, vers la Serbie et la Croatie. A Marburg on retrouvera Seidl, le Standartenf. LURKER, Fuchs et l’Hauptsturmf. Franz ABROMEIT (1907-?1964) qui, à partir de 42 est Judenberater pour la Croatie au IVB4. On le retrouve en Hongrie en 44. En 45 il s’enfuit en Egypte. Il est considéré comme mort en 1964.
Evocation des refus Italiens de livrer des Juifs.
Evocation de l’Organisation Todt.
Obergruppenf. Siegfried KASCHE (1903-1947) Ministère du Reich à Zagreb de 41 à 45. Jugé en mai 47 en Yougoslavie, condamné, pendu.

Session 47
Documents.
T/910 : déportation des Juifs Croates vers Auschwitz (2.000 personnes).
Hermann KRUMEY (1905-?) pharmacien de formation. A Posen en 39, à Lodz en 40, en Croatie en 41, à Zamosc avec Globocnik fin 42, à Budapest avec Eichmann en été 44. Arrêté en 45, relâché en 48. Arrêté à nouveau en 68, condamné à l'emprisonnement à vie, confirmé en appel en 1973.
Texte d'un entretien de Life magazine avec le SS Untersturmf. Willem SASSEN (1918-2001),nazi hollandais, journaliste. En juin 41 il s'engage sur le front de l'Est (Barbarossa), il est correspondant de guerre avec la division SS Viking. Il est exclu par les Allemands en octobre 44. Arrêté en 45 il s'évade. Dans les années 70 il est au Chili au service de Pinochet. Dans les années 50 il avait interviewé Eichmann pour Life magazine : c'est ce dont on parle ici.
Bulgarie. Adolf BECKERLE (1902-1976) "Deutscher Gesandter in Sofia" participera à la déportation des Juifs Bulgares. Il faisait partie de la SA et du NSDAP (n°7.197). Fin 39 il est à Lodz puis volontaire sur le front de l'Ouest en 40. Capturé en septembre 44 par les Soviétiques, il est condamné à 25 ans de prison. KLINGENFUSS du Ministère des Affaires étrangères. DANNECKER à partir de janvier 43. Le 8 février 43, il annonce (T/932) la possible déportation immédiate de 10 à 12.000 Juifs qui n'ont pas la nationalité Bulgare et que (T/933) le Premier Ministre bulgare est d'accord. Prévision de 2 convois par semaine de 2 à 3.000 personnes chaque (T/936). Au Parlement bulgare, PESHEV (qui va démissionner) et le Ministre de l'intérieur BELEV (qui travaillait directement avec Dannecker). Le 5 avril 43, 11.343 Juifs ont été déportés et Günther écrit qu'il en reste 51.000. Mais le roi Boris s'exprime contre les déportations et le gouvernement bulgare va le suivre. Le gouvernement propose d'assurer le transfert de 8.000 Juifs Bulgares vers la Palestine via la Turquie.
Grèce. Rapport du 20 juillet 1960 sur les Comités Juifs de Grèce avant et après guerre (T/953). La Grèce était divisée en deux zones : l'une occupée par les Allemands au Nord (Salonique) et l'autre par les Italiens au Sud (Athènes) jusqu'à l'avènement du gouvernement Badoglio. Wisliceny et Brunner sont venus "gérer" à Salonique (Wisliceny arrivait de Bratislava, début 43). MERTEN représentait la Wehrmacht (Kriegsverwaltungsrat) à Salonique. Etablissement d'un "Abwicklungstelle für das jüdische Barvermögen" (Bureau de liquidation pour les biens Juifs en numéraire). Rabin KORETZ chef de la Communauté de Salonique.  SCHÖNBERG, Consul général allemand en Grèce, estime (au 26 février 43) à 56.000 le nombre de Juifs à Salonique.
T/972 : lettre de Von Thadden à Eichmann disant que les Italiens autorisent le rapatriement en Italie de leurs ressortissants juifs vivant à Salonique.
Itzchak NECHAMA, né à Salonique en 1910. Il était papetier, associé avec un Yougoslave. Le 11 juillet 42 apparaît un nouveau journal "Das neue Europa", un quotidien, dans lequel est annoncé (T/974) que les Juifs de 18 à 45 ans doivent se présenter au "square de la Libération" (Plaza Elefteria). 9.000 y sont allés. Des photos lui sont montrées par le tribunal qu'il reconnaît et explique. Son convoi pour Auschwitz : 2.700 personnes, 78 par wagon. 10 survivants.
Documents.
MACKENSEN : Ambassadeur d'Allemagne à Rome.
T/992 : partie de la déclaration de Wisliceny depuis sa prison à Bratislava en juin 47 concernant la Grèce.
T/999 : déclaration d'Erwin LENZ, soldat Allemand, témoin à Nuremberg (10 mai 47) qui décrit les "Aktion" concernant les Juifs de Rhodes (juin-juillet 44).

Session 48
Roumanie.
Perla MARK, née en Pologne, études de pharmacologie, venue en Roumanie en 26 où son mari était rabbin de Czernowitz de 26 à 41. Le 7 juillet 41, quatre SS et deux soldats en armes viennent chez eux et emmènent son mari. Deux jours après, ils brûlent la synagogue. En septembre, est constitué le ghetto. Il y avait 70.000 Juifs à Czernowitz. Ils ont été déportés en Transnistrie, les convois ont commencé immédiatement. Ce sont des Roumains qui les assuraient. Certains pouvaient obtenir des Roumains des certificats pour rester en ville : ce fut son cas. En 44, elle obtient un permis pour la Palestine.
Documents.
La Transnitrie : entre le Bug et le Dniestr, à l'Est de la Roumanie, avant l'Ukraine, c'est un territoire de Moldavie. À partir du 2 août 40, République Soviétique (suite au Pacte germano-soviétique). La ville d'Odessa s'y trouve. Divers documents sur les fusillades qui ont eu lieu en Transnistrie.
Le 12 décembre 41, Richter arrive à Bucarest et rencontre le Premier Ministre Mihaï ANTONESCU.
T/1019 : recensement de la population Juive de Roumanie transmis par l'Hauptsturmf. Richter à Eichmann en avril 41.
Radu LECCA : conseiller aux Questions Juives dans le gouvernement Roumain, auprès du Premier Ministre..
Theodor LOEWENSTEIN, né en Roumanie où il vécut jusqu'en 57. Il y était professeur d'histoire juive à l'Université juive et professeur de philosophie dans un lycée de Bucarest. L'armée Allemande arrive à l'automne 40 et Richter en avril 41. Quand Antonescu est arrivé au pouvoir, Horia Sima commandait la "Garde de fer" et sa police, la "Police verte" qui arrêtait les Juifs et fonctionnait sur le modèle Allemand (voir le livre de Walter Hagen -alias Hoettl- Die Geheime Front). En fait il y avait désaccord entre eux et Antonescu qui, lui, demandait des lois sur lesquelles s'appuyer. Elles apparurent en effet, après le pogrom de Bucarest en janvier 41. De nombreux massacres furent ensuite perpétrés. Il dit : "la Transnistrie était notre Auschwitz", il y avait des camps d'extermination et des camps de travail forcé. En dehors de la Transylvanie, il pense que la moitié des Juifs Roumains (environ 300.000) a péri. Ils ont néanmoins réussi à faire partir de 15 à 18 bateaux vers la Palestine. Ceux qui le pouvaient payaient pour le voyage et Lecca prenait 50 % des sommes. Après l'interdiction des organisations juives officielles, se mettent en place des organisations clandestines. À partir du printemps 44, s'est organisée une résistance armée à Bucarest pour défendre le quartier juif.
En réponse à une question des juges, il dit que l'antisémitisme a toujours existé en Roumanie, mais sous une forme qu'il qualifie d'économique. Les théories raciales amenées par les nazis n'existaient pas. Les pogroms prenaient aussi une forme politique au sens où ils permettaient d'orienter l'opinion publique quand des problèmes sociaux ou économiques se faisaient pesants.
Il explique que les "Chemises vertes" étaient les SS de la Garde de fer roumaine.
Il raconte qu'ils ont envoyé des informations par un messager de l'ambassade Suisse, fondées sur des témoignages exposant ce qui se passait en différents lieux y compris la révolte du ghetto de Varsovie. Ces documents devaient partir vers Istanbul et Genève en 43 ou 44. Mais Welitsch, le messager, était en réalité un agent de la Gestapo qui a donné les documents aux services secrets Roumains. Une brochure les contenants est parue en 45 ou 46 sous le nom de "Gordonia".
Documents concernant la Roumanie.

Session 49
Documents concernant la Slovaquie.
Le contrôle des autorités Allemandes est absolu avec l'aide de Tiso qui aurait promis que la question juive serait résolue en Slovaquie pour le 1er avril 44.
Dieter Wisliceny, représentant d'Eichmann à Bratislava, a fait une déposition lors de son procès, le 6 mai 46 (T/1074) où il déclare que Eichmann prévoit la déportation de tous les Juifs Slovaques vers Lublin, avec perte de nationalité et participation financière de 300 à 500 Marks par personne. Eichmann vient à Bratislava en mai 42, il rencontre Vojtech TUKA (précédemment Bela Tuka en Hongrie, professeur d'Université, antisémite) puis MACH (Ministre de l'Intérieur de la Slovaquie) et raconte que les Juifs déportés autour de Lublin seront installés dans de petites villes polonaises où ils seront libres de leurs mouvements. Tuka insiste sur l'exigence que les populations juives soient bien traitées et dit qu'il prévoit d'envoyer une commission sur place parce qu'il a des doutes. Eichmann refusera sous le prétexte qu'ils n'ont plus la nationalité slovaque. Il finira par accepter une visite de Theresienstadt en août 43. C'est lors de cette visite d'Eichmann qu'ils apprennent l'attentat contre Heydrich, et Eichmann file à Prague.
Shlomo Yehuda Ernst ABELES, né en Slovaquie, études de Droit en Hongrie, officier de l'armée Austro-hongroise durant la première guerre. Actif dans la communauté juive depuis 33. Avant-guerre il y avait environ 95.000 Juifs en Slovaquie qui, jusqu'en 38, étaient à égalité de droits avec les autres citoyens du pays. C'était une minorité représentée en Tchécoslovaquie qui, par exemple, avait des élus au Parlement. Fin 38, la Slovaquie devient autonome avec le parti Hlinka, antisémite, au pouvoir. Des actes de brutalité se manifestent aussitôt dans les rues et même chez les habitants. En mars 39, c'est la déclaration d'indépendance de la Slovaquie qui devient en réalité un satellite de l'Allemagne. La garde Hlinka se met en place (uniformes noirs) ainsi qu'une autre organisation paramilitaire : les volontaires Schutzstaffel ou FS, composée d'Allemands citoyens Slovaques.
Le journal "Der Grenzbote" était jusqu’alors entre des mains Juives (propriétaire, éditeur en chef) parce qu'en Slovaquie, les défenseurs de la culture sllemande étaient juifs. Après l'établissement de l'État Slovaque, il passe entre les mains des Allemands avec Franz FIALA comme éditorialiste et le journal devient antisémite.
Le seul parti autorisé, hormis Hlinka, était le "Parti allemand" à la tête duquel se trouvait un ingénieur nommé KARMASIN.
Les premières lois anti-juives étaient plus désordonnées que systématiques, jusqu'à l'arrivée de Wisliceny. Un "Code Juif" est mis en place (lois déjà votées + nouvelles lois, dont le port de l'étoile). Un Office central économique est créé, l'UHU (Ustredni Hospoda Ugurat) destiné à transférer les biens juifs dans des mains aryennes. Il est géré par un Slovaque nommé MORAVEC. Un bureau spécifique auprès du Ministère de l'Intérieur appelé "14è bureau" est chargé de gérer la vie publique des Juifs. L'Office central Juif, ou UZ (Ustredna Zidov) avait à sa tête le Starosta Heinrich SCHWARZ, qui a rapidement été arrêté et maltraité, s'est enfui en Hongrie où il est mort. Le deuxième Starosta était Arpad SEBESTEYN (son secrétaire Ehrenfeld), il n'a pas été choisi par les organisations Juives contrairement au troisième, Oscar NEUMANN.
Il y avait trois camps de travail : à Sered, à Novaky et à Vyhne, dont l'UZ était responsable, tant sur le plan du matériel destiné à travailler, que sur celui de la nourriture. En 41 c'est le début de la déportation (appelée "transfert") des Juifs de Bratislava : 40 à 50 % sont emmenés dans quatre ou cinq petites villes de province de Slovaquie dites "de transfert". Leurs maisons sont confisquées par l'État Slovaque. Les expulsions commencent fin mars 42. Au début il s'agit des hommes et femmes de 16 à 40 ans et célibataires, Wisliceny disait que leurs familles les rejoindraient plus tard. Ils allaient à Zwardo, en bordure de la Pologne, escortés par FS et gardes Hlinka, puis là étaient pris en charge par les SS : trains en convois de 1.000. Les camps existants (Poprac, Jilina, Patronka, Sered) s'avèrent vite insuffisants et de nouveaux sont mis en place.
Arrêté, envoyé à Zilina dont il parvient à revenir, il est destitué de ses fonctions officielles et agit désormais dans l'ombre. En août 44, la population Slovaque se révolte. Tout le pays est occupé par l'armée Allemande et les SS. La chasse aux Juifs est générale, le Centre Juif est fermé, le camp de Sered, détruit lors de la révolte, est remis en service comme camp de concentration et de départ de déportation pour tous les Juifs. Plus tard ce sera Aloïs Brunner qui en prendra le commandement.
Il y avait 95.000 Juifs Slovaques avant-guerre, 20.000 après.

Session 50.
Documents.
Dans un premier temps, le Ministre Slovaque de l'Intérieur souhaite "seulement" mettre en place des ghettos, mais pas de déportations. Il accepte ensuite 20.000 départs. Le gouvernement Slovaque devait payer 500 Marks pour chaque personne (T/1080)
L'UHU, Zentralwirschaftshamt, Office central d'économie, à la tête duquel il y a le Slovaque Moravek est en réalité subordonné à Wisliceny et contrôle le Centre juif (UZ).
T/1089 : après un premier groupe de 20.000 personnes déportées vers Auschwitz et Lublin, un autre groupe de 20.000 est en cours début mai avant la venue d'Eichmann à la fin du mois.
Eichmann dit qu'il n'a eu connaissance du massacre de Lidice qu'après-guerre. Néanmoins, il y a eu la déportation de 88 enfants de Lidice vers Lodz, dont 7 sont "rückdeutschungsfähig". T/1093 : KRUMEY demande ce qu'il doit faire des autres enfants au IVB4.
Bedrich STEINER est né à Nove Mesto nad Vahom en Slovaquie. Il était avocat à Prague jusqu'en 39. Il revient en Slovaquie fin 39 avec l'accord (et un laissez-passer) de la Gestapo. À partir de juin 40, il commence à travailler pour le Centre Juif au service des statistiques. En 42 : près de 58.000 déportés en 57 transports (dont 19 pour Auschwitz, 4 pour Lublin, et 34 dans la région d'Opole). Moins de 300 personnes sont revenues. Après guerre, 150 fosses communes ont été retrouvées. Au total : 71.000 disparus sur 89.000.
Après-guerre il a suivi tous les procès, dont celui de Wisliceny. Il a réalisé un album sur les Juifs Slovaques : T1118.

Session 51
Adolf ROSENBERG, né en Slovaquie où il était propriétaire d'une entreprise de charpente à Nove Mesto nad Vahom qui s'est faite "aryaniser" en 41, mais où il a continué à travailler comme conseiller technique. En novembre 41, il fait partie d'un groupe de 100 personnes envoyées au camp de Novaky pour construire des bâtiments dont on leur dit qu'ils seront les leurs plus tard. Ses compétences étant utilisées, il a pu rester dans son appartement jusqu'en 44. Début septembre 44, il est arrêté par la garde Hlinka et envoyé à Sered. C'est le SS KNOLLMEYER, un Allemand né à Bratislava, d'une vingtaine d'années, qui s'occupe alors du camp. BRUNNER le remplace ensuite avec une autre équipe et les transports commencent quelques jours après son arrivée, le 30 septembre 44. Le 10 octobre, le rabbin Weissmandel et toute sa famille font partie du convoi. Le 17 octobre c'est Gisi Fleischmann.
Documents concernant la Hongrie.
Sont à distinguer une première période jusqu'au 19 mars 44, et la seconde ensuite, quand l'armée Allemande est entrée dans le pays.
T/1138 : document signé par MÜLLER visant à permettre individuellement le départ de Juifs de Slovaquie et de Hollande contre 100.000 Francs Suisses, l'argent devant servir à recruter des volontaires pour la Waffen-SS en Hongrie.
Le 19 mars : rencontre Horty - Hitler.
Pinchas FREUDIGER, né à Budapest. Il travaillait dans l'usine textile de son grand-père au service du gouvernement (vêtements pour l'armée hongroise, ...), grand-père anobli par le roi Franz Joseph. Ce même grand-père était par ailleurs l'un des fondateurs de la Communauté orthodoxe de Budapest qu'il dirigea, puis ce fut son père jusqu'en 39 (date de sa mort) puis lui-même de 39 à 44.
En 39, il y a près d'un demi-million de Juifs en Hongrie. De la fin 38 à 1940, le territoire de la Hongrie a considérablement augmenté et la population, de 8 ou 9 millions, est passée à 12 ou 13. De même, la population juive est passée de 500 à 800 000 personnes.
Le pays avait connu des vagues d'antisémitisme après la première guerre mondiale qui sont ensuite allées décroissantes parce que l'économie était florissante. Peu avant la deuxième guerre mondiale apparaissent pour la première fois en Hongrie des partis antisémites tels le "Réveil hongrois" ou le "Parti pour la défense de la race". À partir de mars 38 (Anschluss) l'antisémitisme entre au gouvernement. Du fait des déplacements de frontières, beaucoup de Juifs sur le nouveau territoire hongrois n'ont pas eu la nationalité : ordre est donné de les déporter. Dans un premier temps c'était surtout théorique et des autorisations de séjour étaient reconduites de six mois en six mois, mais en 41 un leader hongrois (Odon MARTINIDES, avec Arpad KISCH) présente un plan d'expulsion des Juifs, prétendant qu'il s'agissait de démarrer une nouvelle vie en Galicie. 100.000 personnes étaient concernées. En deux à trois semaines, 17.500 personnes y sont déportées ainsi qu'à Kamenets-Podolski (aujourd'hui en Ukraine). Cette dernière est occupée par les troupes Allemandes en juin 41. Fin août, 18.000 personnes y ont été déportées, les 27 et 28 août les Einsatzgruppen s'y livrent à une tuerie. JECKELN inscrit la mort de 23.600 Juifs dans son rapport : c'est le premier meurtre de masse à grande échelle.
Dans un premier temps, à partir de 39, il y a des camps de travail en Hongrie concernant aussi les Juifs de nationalité hongroise. Le discours du Gouvernement hongrois, notamment du Premier Ministre KALAI (qui occupe ce poste de 38 à mars 44), expose que : si des lois antijuives sont promulguées, cela permet de circonvenir le risque d'une explosion antisémite de grande ampleur.
Le 19 mars 44, il reçoit un appel téléphonique lui donnant l'information selon laquelle les Allemands sont entrés en Hongrie. Le lendemain, il est convoqué à une réunion avec d’autres représentants Juifs par les Allemands. Le bureau du Premier Ministre avait donné l'ordre d'obéir aux demandes des Allemands. Le 20 mars au matin il y a donc une quinzaine de représentants de la communauté juive hongroise, et côté Allemand, trois officiers (Wisliceny, Hunsche et Krumey), une personne en civil et un secrétaire. Ils annoncent que désormais ce qui concerne les Juifs Hongrois est sous l'autorité des SS. Ils ajoutent que, pour autant, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, même s'il faut prévoir des sacrifices liés à la situation de guerre. Plus tard, les institutions communautaires sont abolies au profit d'une seule qui devra être leur interlocuteur unique et qu'ils ont appelée "Comité central". Il sera composé de sept personnes avec Hofrat STERN à leur tête, lui était l'un des sept.

La déposition se poursuit sur la session 52 : voir en volume trois.

[Page mise en ligne en août 2009]

Treblinka se trouve à proximité de Varsovie. C’était un camp de petites dimensions comparables à celui de Sobibor "500 mètres dans sa plus grande extension" témoigne le SS Suchomel, mais 1km sur 600m pense Ya'akov Wiernik, survivant de ce camp. Il semble que ses dimensions aient été de 600 x 400m. Il est conçu en deux parties : le camp inférieur (la zone d’arrivée) aussi appelé "camp 1" et le camp supérieur ou camp 2, le "Totenlager" (la zone d’extermination). Il ne reste rien aujourd’hui de ces 24Ha car, après la révolte des prisonniers (02 août 43) où tout le camp a été incendié à l'exception des chambres à gaz qui étaient des constructions de brique, ce qui restait encore du camp a été entièrement démantelé. Les SS ont tout arasé et fait disparaître les moindres traces.

Vingt à trente SS en assuraient le commandement (une quarantaine était affectée au camp, mais une vingtaine était présente en permanence), avec quatre-vingt à cent gardes Ukrainiens (Trawniki). 500 à 1 000 prisonniers Juifs étaient utilisés aux corvées, régulièrement renouvelés, parmi lesquels les prisonniers affectés au commando équivalent aux Sonderkommandos qui, à Treblinka, était appelé Leichentransportkommando ou Leichenkommando (commando des cadavres) ou encore Totenjuden. D’après Suchomel, il s’agissait d’une centaine de personnes "renouvelée" tous les jours. Les témoignages de deux survivants ayant dû travailler au Totenlager, Eliahu Rosenberg et Avraham Lindwasser, prouvent le contraire. En effet, l'un comme l'autre ont été affectés dès leur arrivée du ghetto de Varsovie, en été 42 (mais par deux convois différents), au camp 2. E. Rosenberg au transport des corps entre les chambres à gaz et les fosses et A. Lindwasser comme "dentiste" (de même qu'à Birkenau, c'était ainsi qu'étaient appelés les prisonniers qui devaient extraire les dents en or au sortir des chambres à gaz). Ces deux témoins ont donc passé un an au camp 2. Bien entendu, ils témoignent du fait que les SS travaillant dans cette partie du camp n'hésitaient pas à tuer des prisonniers, il leur suffisait ensuite d'en sélectionner d'autres parmi les arrivants du convoi suivant. Les prisonniers Juifs de ce Kommando étaient environ 200.

Le premier convoi est arrivé le 23 juillet 42. Le camp ne comportait alors "que" trois chambres à gaz alimentées par un moteur diesel. Le dernier convoi est arrivé le 19 août 43. Entre temps un bâtiment plus grand comportant 2 x 5 chambres à gaz (Eliahu Rosenberg) de 7m x 7m (Ya'akov Wiernik). L'estimation officielle du nombre de victimes, acceptée par tous, en porte le nombre à 900.000. Néanmoins, certains parmi les survivants ont témoigné de l'organisation d'une "fête du millionnième mort" chez les SS du camp et Franciszek Zabecki, qui était contrôleur du trafic ferroviaire à la gare de Treblinka et membre de la Résistance Polonaise, a pris des notes détaillées sur tous les trains partant au camp, déclare : "J'ai noté les chiffres inscrits à la craie sur chaque wagon. Je les ai additionnés encore, encore et encore. Le nombre de tués à Treblinka a été de 1.200.000. Là-dessus, il ne peut pas y avoir de doute."

Les commandants du camp furent : Imfried EBERL jusqu’à la fin d’août 42, Franz STANGL jusqu’en août 43 puis Kurt FRANZ.
Eberl ne sera pas jugé : arrêté par les Américains en 1948, il se suicidera dans sa cellule.

Il est à noter que : sur "tous" les SS jugés pour leurs activités à Treblinka (c'est à dire 1 sur 4, les autres n'ont pas été poursuivis), aucun n'a été condamné à mort...

Le premier procès concernant un responsable de Treblinka fut celui de  


Josef HIRTREITER (1909-1978), Scharführer.

Il intégra le NSDAP en 1932. Il participa à l’Aktion T4 et "passa par Lublin" (1) avant d'arriver à Sobibor. A Treblinka d’octobre 42 à octobre 43, il surveillait le déshabillage des victimes avant le gazage. Arrêté en 46, il fut condamné à Francfort sur le Main le 03 mars 1951 à la réclusion à perpétuité.

(1) [Par "passer par Lublin", entendre une affectation décidée par Odilo Globocnik au quartier général SS. Il dirigeait l'extermination des Juifs en Pologne, après avoir été Gauleiter de Vienne et démis de ces fonctions pour "irrégularités financières". Il se suicida le 06 juin 45 lorsqu'il allait être arrêté.]

On remarquera également que la centaine de SS choisis pour mener "l'action Reinhardt" en Pologne l'ont été parmi les 400 membres de "l'action T4" d'euthanasie.

Le second procès, celui qui est couramment appelé « procès de Treblinka » s’est tenu à Düsseldorf du 12 octobre 64 au 03 septembre 65. Il a concerné dix accusés dont neuf ont été condamnés. Plus de 100 témoins y ont été entendus.

Les accusés étaient :


Kurt FRANZ (1914-1998), Untersturmführer.

Il entre dans la SS en 37. Il fait partie du projet euthanasie, intervient dans différents camps (Buchenwald en 1940). Il est très vite réputé brutal et sadique. En 42 il passe par Lublin puis va à Belzec et Treblinka (août à novembre 43) où il aura la charge des gardes Ukrainiens avant de devenir commandant du camp. Il  est surnommé "poupée". Il s’occupe alors des derniers gazages puis du démantèlement du camp. Arrêté en 1959 (alors qu'il est revenu vivre à Düsseldorf, sa ville natale, sous son vrai nom) il est jugé et condamné à la prison à vie. Du fait de son âge et de sa santé, il est libéré en 1993 et meurt en 1998.

 

Heinrich MATTHES (1902- ?), Oberscharführer.

Il entre à la NSDAP en 37, à la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en été 42. Il est responsable du "camp supérieur" qu’il commande et surveille : faire entrer dans les chambres à gaz, fermer, ventiler, faire sortir les corps. En septembre 43 il est envoyé à Sobibor. En 1962 il est arrêté (il avait repris la vie civile en toute quiétude lui aussi) jugé et condamné à perpétuité.

 

August MIETE (1908- ? /, Unterscharführer.

Il entre à la NSDAP en 1940 et la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en juin 42 (jusqu’à novembre 43) où il est affecté au "camp inférieur" (arrivée des transports, gestion des tueries du Lazarett après Mentz). Il est surnommé "l’ange de la mort". Arrêté en 1960 il est condamné à perpétuité et meurt en détention.

Willi MENTZ (1904- ? ), Unterscharführer.

Entre à la NSDAP en 32, participe à l’Aktion T4. A Treblinka de l’été 42 à novembre 43, il est successivement assigné aux deux parties du camp (inférieur et supérieur) et au Lazaret. Il est surnommé "Frankenstein" par les prisonniers. R. Glazar ou K. Teigman parmi d'autres survivants se souviennent très bien de son aisance à tuer au "Lazarett"… Condamné à perpétuité.

Otto STADIE (1897 - ? )

A Treblinka de juillet 42 à juillet 43, il s’occupe de l’administration du camp (personnel allemand et ukrainien) et de l’arrivée des convois. Il est surnommé "Fesele" pour son embonpoint. Arrêté en juillet 63, il est condamné à sept ans de prison qu’il n’effectuera pas pour raisons de santé.

 

Gustav MÜNTZBERGER (1903-1977) Unterscharführer.

Menuisier de formation qui entre à la SS en 38 et au NSDAP en 40. Il arrive à Treblinka de Lublin après avoir officié à Sonnenstein (euthanasie) en septembre 42. Assistant de Matthes (chambres à gaz, Leichentransportkommando). Il est responsable des deux Ukrainiens Ivan et Nicolaï qui géraient les chambres à gaz. Il reste jusqu’à décembre 43. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 12 ans de prison dont il sort en juillet 1971 pour bonne conduite.

 

Franz SUCHOMEL (1907-1979 ?), Unterscharführer.

Participe à l’Aktion T4 de 40 à 42 à Berlin et Hadamar. A Treblinka d’août 42 à octobre 43. D’abord en poste à l’arrivée des trains puis à la baraque de déshabillage des femmes avant le Schlauch, et enfin en charge des « Goldjuden ». Il est ensuite envoyé à Sobibor. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 6 ans de prison. Libéré en 1969.

 

Erwin LAMBERT (1909- ? ) Unterscharführer.

Entre à la NSDAP en 1933. Il construit des chambres à gaz pour l’Aktion T4 en divers endroits dont Hadamar. De même à Treblinka il gère la construction de baraques et des nouvelles chambres à gaz en août 42. En octobre il est envoyé à Sobibor. Arrêté en mars 62 il est condamné à 4 ans de prison. Un témoin le décrit comme traitant bien les prisonniers mais n’osant rien par peur de ses collègues SS.

 

Franz RUM (1890-1970), Unterscharführer.

Adhère à la NSDAP en 1933. Participe à l’Aktion T4. Arrivé à Treblinka en décembre 42, il y reste jusqu’en novembre 43. Il commande le Leichenkommando et surveille le Schlauch (le « tube » : passage conduisant aux chambres à gaz après que les victimes se soient déshabillées et que les femmes aient été tondues). Condamné à trois ans de prison.

 

Karl LUDWIG (1906-1963), Scharführer.

Arrivé à Treblinka début 43. Il est acquitté parce que les témoins Juifs décrivent son comportement de façon positive.

 

Le troisième procès fut celui de Franz STANGL en 1970 à Düsseldorf (qui avait jusqu’alors réussi à échapper à la justice en s’enfuyant à l’étranger).

Franz STANGL (1908-1971), Hauptsturmführer.

En novembre 1940 il est au centre d’euthanasie de Hartheim puis à celui de Bernburg. Il met en place le camp de Sobibor (Reichleitner lui succèdera) avant de devenir commandant de Treblinka de septembre 42 à août 43. Il est peu vu au camp (mais souvent dans un costume de cavalier de couleur blanche...). Il est muté pour Trieste trois semaines après la révolte des prisonniers du camp. Arrêté en été 47 pour ses activités à Hartheim, il s’évade en mai 48. Il passe en Syrie puis va s'installer avec sa famille au Brésil où il est arrêté grâce à Simon Wiesenthal et extradé en 1967. Lors de son procès, il déclare que, s’il a été le commandant du camp de Treblinka, il n’a pour autant rien à voir avec l’extermination des Juifs… Condamné à la prison à vie, il meurt quelques mois après d’une attaque cardiaque.

Certaines informations figurant sur cette page proviennent de l’excellent site http://www.deathcamps.org/
et beaucoup, bien sûr, du livre de Gitta SERENY / Au fond des ténèbres (voir médiagraphie).
Il convient de citer l'ouvrage du survivant Richard GLAZAR (témoignant dans le film Shoah) titré Trap with a green fence.
On peut également signaler une biographie de Globocnik par Siegfried PUCHER en 1997.
A la Libération, seuls 57 survivants de Treblinka sont connus. Les témoignages disponibles sont celui de Yankel (Ya'akov) WIERNIK en 1945 puis celui de Samuel RAJZMAN en 1946 à Nuremberg. Il fallut attendre ensuite le procès Eichmann à Jérusalem en 1961 où quatre survivants déposèrent (session 66) : Y. WIERNIK à nouveau, Kalman TEIGMAN, Eliahu ROSENBERG et Avraham LINDWASSER.
En 2009 est édité le témoignage de Chil RAJCHMAN / Je suis le dernier Juif dont l'auteur (né en 1914 à Łódź) a réussi à s'évader de Treblinka lors de la révolte du camp. Il a écrit cet extraordinaire document dans l'immédiat après guerre (également chroniqué dans la médiagraphie du site dont le lien figure ci-dessus).

A propos de John DEMJANJUK, voir ici le post du 6 avril 2009 sur le blog du site.

D'autres informations sur Treblinka (compte-rendu de visite) sont visibles sur le présent site.