Page mise en ligne en 2010. Dernière modification en 2016.

Partie I : Introduction


La première fois que je suis allée à Łódź, c'était grâce au Mémorial de la Shoah à Paris (Université d’été en Pologne). Je les en remercie chaleureusement, particulièrement J.Y. Potel et P. Boukara qui nous accompagnaient. Je suis ensuite retournée passer un plus long séjour dans cette ville à titre personnel.
La première fois que je suis allée à Łódź, je n'en avais que la (mauvaise) image qui en est couramment véhiculée. J’y suis donc arrivée avec un certain nombre d’a priori négatifs que le premier regard sur l’actuelle gare de la ville, alors que le jour tombait, pouvait difficilement combattre.

Lodz gare

La gare de Łódź, août 2010

[sauf mention contraire, toutes les photos sont issues de mes archives personnelles]


Dans le groupe "université d'été", nous eûmes pour guide une jeune femme remarquable, journaliste (à la Gazeta Wyborcza) et Présidente de l'Institut pour la Tolérance de Łódź, amoureuse de sa ville : Joanna Podolska. Qu’elle soit remerciée ici une fois encore de ses commentaires passionnés et passionnants (et en français !) sur la vie juive de la Łódź d’avant guerre.

Cette page du site s’appuie donc sur les informations que Joanna nous a données en différents lieux de la ville, puis sur mon second voyage, et bien entendu sur diverses lectures, dont au premier chef l’exhaustif et incontournable livre d’Isaiah Trunk (LA référence pour ce sujet avec celui de Lucjan Dobroszycki et les cinq volumes des Chroniques. Voir la bibliographie à la suite du présent texte).

Cette nouvelle page est surtout destinée à évoquer le passé juif de la ville, mais elle fera sentir également, je l’espère, combien j’ai trouvé Łódź attachante, respectueuse de son douloureux passé, mais aussi jeune, enthousiaste et courageuse. Il ne fait aucun doute que je reviendrai plus longuement dans cette ville.
Le sujet du ghetto de Łódź est bien entendu largement au-delà de celui de mes recherches, il ne s’agira donc pas d’un texte ayant prétention à l’analyse et encore moins à l’exhaustivité, bien évidemment. Il s’avère déjà beaucoup plus long que je ne l’avais imaginé au départ, mais je n’ai pas su -et finalement pas voulu- me contraindre à trop d’élagage.


Quelques mots sur la ville avant septembre 1939.

Łódź est la seconde ville de Pologne. Elle se trouve au centre du pays. On pourra recommander le film d’Andrzej Wajda Ziemia obiecana (traduit en français par La Terre de la grande promesse) qui évoque avec un lyrisme et un esthétisme magnifiques l’essor industriel de la ville à l’orée du XIXème siècle au travers de trois personnages d’entrepreneurs arrivistes dont l’un est Polonais, l’autre Allemand et le troisième Juif.

Après la première guerre mondiale, Łódź est devenue un centre industriel considérable et appelée "la capitale du textile polonais". Des Polonais pour moitié, des Juifs (de 36 % pour I. Trunk à 33,5 pour JC. Szurek) et des Allemands (10%) y cohabitent sans heurts apparents jusqu’en septembre 39. Au cœur de la ville, voisinent une église catholique, une synagogue et un temple.

Lodz industrielle photographie russe

La ville avant guerre. Archives du Musée de Łódź.

 

 

Partie II : Les principales étapes des années 1939 et 1940

 


Au 1er septembre 1939, l’Allemagne hitlérienne attaque la Pologne.
Dès le 13 octobre 39, Mordechaï Chaïm Rumkowski est désigné par les Allemands comme responsable et interlocuteur pour la communauté juive de la ville. Il était connu auparavant en tant que directeur d’un orphelinat pour enfants Juifs et membre du conseil de la communauté.
Les Allemands lui demandent de constituer un "Beirat" (conseil). Il choisit donc trente personnalités. Toutes sont convoquées à la Gestapo… et le 07 novembre seuls deux reviendront. Les autres ont été envoyés en prison, puis dans des camps, puis abattus. Rumkowski ne constituera un nouveau Beirat que début février 40 (21 membres).
 
A Łódź, des intellectuels et des religieux sont arrêtés, les premières persécutions anti-juives apparaissent immédiatement. Un témoignage du 18 octobre 39 cité par I. Trunk (archives du ŻIH) raconte par exemple comment, l’après-midi de ce jour-là, un groupe de SS fait irruption dans un grand café fréquenté par des Juifs. Revolver à la main, ils arrêtent toutes les personnes présentes (cent à cent cinquante personnes) et les emmènent. Ils seront tous sévèrement battus. Des rançons seront demandées aux familles pour la libération de cinquante d’entre eux, quarante six autres seront tués sur place, les personnes restantes seront envoyées en prison…

Le 28 octobre 39, un recensement général des populations juives de Pologne est établi avec tamponnement des pièces d’identité (in POLIAKOV, Bréviaire, 1951, p.44).

carte Gaue fr.academic.ru

Carte des Gaue (site fr.academic.ru)


Dès le 09 novembre 39 la ville est rattachée au Reich : elle se trouve sur le territoire d’un "Gau", une région annexée. Cette région est nommée "Warthegau" (et ne fait donc pas partie du Gouvernement Général). Les premières pendaisons publiques ont alors lieu à Bałuty Rynek.
 
Durant la nuit du 11 novembre 39 –date qui rappelle évidemment la "Nuit de cristal" de l’année précédente [lien ici vers une page qui l’évoque] les nazis brûlent les synagogues de la ville, notamment celle de la rue Kościuszki (ci-dessous).

Lodz Kościuszki Koscielny synagogue דער הויפּט שול אין לאָדזש

Synagogue  du 2 al. Kościuszki, à l’angle de l’actuelle rue Koscielny.
 « La grande synagogue » : דער הויפּט שול אין לאָדזש


Les autres synagogues de la ville sont également détruites par le feu. C’est en particulier le cas de celles qui se trouvent ul. Wólczańska (synagogue Voliner), ul. Zachodnia / Wesoła (synagogue Wilker) ou ul. Wolborska (près du Park Staromiejski, la limite Sud du futur ghetto). Cette synagogue est visible sur les deux images suivantes. Sur la première, elle figure sur un ouvrage que présente Joanna, à l’entrée du parc, près de l’actuelle sculpture dite "du Décalogue" (représentant Moïse tenant les Tables de la Loi). La seconde montre cette synagogue de façon plus précise.

Lodz Moïse parc Staromiejski sculpture Gustaw Zemło

Le Moïse du parc Staromiejski, sculpture de Gustaw Zemło – août 2010.

Lodz synagogue Wolborska

La synagogue qui se trouvait 20 rue Wolborska.


L’obligation de porter un brassard est décrétée le 14 novembre, le 30 les magasins appartenant à des familles juives doivent porter l’indication "Jude", les interdictions se multiplient (d’utiliser les transports en commun, …)  

Le 28 novembre 39 une ordonnance concernant l’ensemble des territoires sous dépendance allemande décrète la mise en place d’un groupe de responsables Juifs pour représenter chaque communauté juive dans les différents ghettos. Ce groupe est appelé Judenrat dans le Gouvernement Général et Ältestenrat dans les territoires annexés.

Lodz ghetto Judenrat Ältestenrat 1941 1942 Rumkowski

Conseil Juif (Judenrat / Ältestenrat) du ghetto de Łódź 1941-42.


Rumkowski est confirmé dans ce rôle du Judenälteste, c’est à dire chef du Judenrat/Ältestenrat. I. Trunk fait remarquer (p.33) que de nombreux exemples montrent que tout Judenrat ne se pliant pas aux souhaits des nazis était immédiatement destitué, voire même ses membres assassinés. Les représentants des Judenräte savent d’emblée qu’il leur faudra être habiles s’ils veulent espérer avoir la moindre chance d’être utiles.

En décembre 39 les nazis décident officiellement la "dépolonisation" et la "déjudaïsation" de la ville, ce qui implique des déportations (6.000 personnes) vers le Gouvernement Général (décrété, quant à lui, et mis en place à la fin du mois d’octobre 39).

L’ordre de création du ghetto date du 08 février 40 (c’est le premier de Pologne, le ghetto de Varsovie par exemple date de novembre). Il concerne le quartier Nord de la ville, quartier très pauvre, au-dessus de l’actuelle place Wolności. La carte ci-dessous l’explicite avec les limites du ghetto redessinées sur un plan actuel de la ville.  

Lodz emplacement ghetto plan

Emplacement du ghetto, redessiné sur un plan de ville actuel.


Dans un premier temps, le ghetto n’est pas fermé. De violentes exactions de la police allemande et des SS ont lieu, en particulier les 6, 7 et 8 mars 40, où des centaines de Juifs sont assassinés dans les rues de la ville, 800 déportés dans le Gouvernement Général et 160 tués dans la proche forêt de Zgerz. Face à cette situation, le ghetto apparaît alors aux Juifs comme un hypothétique refuge (ce qu’il a d’ailleurs pu être, historiquement, autrefois) et beaucoup s’y précipitent.

D’une surface à peine supérieure à 4km², il est conçu avec trois ponts de bois enjambant deux grandes artères (les rues Zgierska et Limanowskiego) afin que la circulation des nazis puisse s’y poursuivre en les maintenant "aryennes" (interdites et inaccessibles aux Juifs). Ces ponts sont aménagés durant l’été 40.

Lodz plan ghetto Izthak Trunk

Plan du ghetto extrait du livre d’I. Trunk avec indication des emplacements des trois ponts.


Le 11 avril 40, Łódź est rebaptisée Litzmannstadt (du nom de Karl Litzmann qui s’était emparé de la ville lors de la 1ère guerre). Un service de Gestapo rattachée au ghetto ouvre à la fin du mois (angle Limanowskiego / Zgierska).

Le 1er mai 40 le ghetto est fermé. 160.000 Juifs en sont prisonniers dont 25% ont moins de 14 ans. Il y a alors 39 écoles dans lesquelles Rumkowski impose le yiddish comme langue (que tous les enseignants ne parlaient alors pas forcément). Elles persisteront dans des conditions convenables jusqu’en octobre 41, lorsque les Allemands feront venir au ghetto 20 à 30.000 Juifs (selon les sources) déportés d’Allemagne, Autriche et Tchécoslovaquie (elles sont alors réquisitionnées comme abris pour ces populations). Dans son livre sur le procès d'Eichmann, (Eichmann à Jérusalem, Ed.  Gallimard, coll. Quarto, p.1109) Hannah Arendt évoque ce convoi comme étant le premier organisé par Eichmann, qui a pris la liberté, contrairement à l'ordre qui lui avait été transmis, d'attribuer le ghetto de Lodz comme destination aux déportés (Juifs et Tziganes) au lieu de Minsk ou Riga (qui signifiaient la fusillade par les Einsatzgruppen).
Au moment de la fermeture du ghetto, 70.000 Juifs de la ville s’étaient enfuis (vers le Gouvernement Général ou l’Union Soviétique). Les statistiques font état d’une surpopulation de 3,5  personnes par pièce en moyenne (I. Trunk p.16), densité qui atteindra 5,8 personnes (N. Weinstock). Les premiers cas de typhus se déclarent très vite. La surface du ghetto est de 4.13 km² et sera stabilisée à 3.82km² en juin 42.

Lodz photo archives pancarte entrée ghetto 1940 1941

Pancarte à l’entrée du ghetto en 1940-41. Archives USHMM.


Le 7 mai, l’ordonnance de fermeture du ghetto est exécutive. Toute communication avec l’extérieur est interdite, des peines sont prévues pour toute relation entre Chrétiens et Juifs. Entouré de barrières et barbelés, les Allemands (Schupo) assurent une surveillance très serrée aux abords du ghetto. La population environnante est désormais très majoritairement hostile aux Juifs : les Polonais de Łódź ont été expulsés, les habitants restants sont ceux qui s’étaient déclarés d’origine allemande ainsi que des Allemands venus s’installer.
Certains gardes sont vite devenus tristement célèbres parmi les habitants du ghetto. Ce fut le cas de "Geler Yanek" qui, avant guerre, travaillait au "marché vert" (donc parmi les commerçants juifs). Ayant postulé pour être garde, les archives gardent trace du fait qu’il a dû donner toute satisfaction côté allemand : pour le mois de juillet 40 il a 24 meurtres de Juifs à son actif…

Lodz photo SS garde ghetto

Garde du ghetto, entre barrière et barbelés.


Cet isolement total est une spécificité du ghetto de Łódź. Elle implique l’impossibilité de toute évasion, de tout contact avec le monde extérieur (aucune aide ne peut être apportée de l’extérieur, a fortiori aucune arme ne peut pénétrer dans le ghetto). En revanche une radio –dont l’existence est aussi hautement interdite que tenue secrète- permettra, jusqu’à la fin du ghetto, de tenir bon nombre de ses habitants informés des évolutions de la guerre.

Lodz Chroniques ghetto place Koscielna

Vue actuelle (2010) du bâtiment où furent rédigées les Chroniques, 4 Place Koscielna.


Le 17 septembre 1940, la création du Bureau des Archives (mémoires du ghetto) est décidée par Chaim Rumkowski aux côtés de quatre autres bureaux qui, eux, étaient officiels. L’ensemble était dirigé par Henryk Neftalin, ami de Rumkowski, dont le souhait, dès le début de l’existence de ces archives, les Chroniques, était qu’elles servent de matériau source pour le futur (cité par J.Dobroszyski). La première entrée de cette collection de textes est datée du 12 janvier 41. Sept principaux auteurs chroniquent à la fois ce qu’ils savent et voient mais aussi ce qu’on leur dit. Bien entendu, l’administration allemande du ghetto ignorait l’existence de ces activités. Les Chroniques étaient rédigées en polonais et yiddish dans un premier temps, en allemand ensuite (après l’arrivée de Juifs de l’Ouest, et du journaliste Oskar Singer en particulier.)

Dans cette même partie du ghetto se trouvaient également deux lieux importants : l’un des trois ponts qui enjambaient les "rues aryennes" (celui de la rue Zgierska) :

Lodz ghetto photo archives pont Zgierska 1941

Pont de bois dans le ghetto, au-dessus de la rue Zgierska, en 1941.

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Et, de l’autre côté de l’église (toujours existante, les SS s’en servaient alors d’entrepôt), la "petite maison rouge". C’était le siège de la Kriminalpolizei, notamment lieu d’interrogatoires (aujourd’hui utilisé par l’Eglise Ste Marie de l’Assomption). Les agents de la Kripo s’occupaient également des pendaisons publiques dans le ghetto…

Lodz 2010 ghetto Mały czerwony dom bâtiment Kripo

"Mały czerwony dom", le bâtiment où siègeait la "Kripo"(Kriminalpolizei) du ghetto.


Le 18 octobre 1940, une réunion sous la présidence du SS Regierungspräsident Friedrich Übelhör entérine l’autarcie totale par le fonctionnement d’industries installées dans le ghetto et l’obligation pour les Juifs de travailler. 

Lodz Litzmannstadt Getto Verwaltung tampon

Tampon du "Getto Verwaltung", l’administration du ghetto. Musée de Wannsee

 

 

Partie III : Le ghetto jusqu’au début 42

 


Le 05 juin 41, Himmler vient visiter le ghetto. Sur la gauche de l’image ci-dessous on reconnaît C.Rumkowski avec ses cheveux gris.

Himmler ghetto Łódź juin 1941 diapo SS Genewein archives Francfort

Himmler au ghetto de Łódź (juin 41) - Photo SS Genewein – Musée juif de Francfort.


Le 15 octobre 41 un ordre allemand indique que tout Juif découvert en Pologne hors d’un ghetto sera mis à mort sur le champ.

A partir du 17 octobre 41 arrivent des convois depuis l’Autriche, la Tchécoslovaquie, le Luxembourg et l’Allemagne (cf déposition de Mme Hildegard Henschel au procès d’Eichmann, session 37. Née à Berlin, elle témoigne de la déportation de ce premier convoi depuis sa ville vers Łódź). 19.953 personnes arriveront en 20 convois entre le 17 octobre et le 04 novembre.

Comme le montre le document ci-dessous, signé par le SS Oberbürgermeister Genewein, les convois déportés vers Łódź sont bien entendu une nouvelle source de revenus pour le Reich.

Lodz Litsmannstadt ghetto archives

Archive : l’argent volé aux Juifs arrivant de Prague le 04 novembre 1941 se monte à 100.000 Reich Marks.


Du 05 au 09 novembre 41 ce seront plus de 5.000 Rom et Sinti, hommes femmes et enfants qui, déportés du Burgenland en Autriche, arriveront au ghetto de Łódź. Ils seront installés dans des bâtiments manquant d’installations sanitaires (pas d’eau notamment) et privés du confort le plus élémentaire (récipients et cuillers par exemple n’ont pas été prévus pour eux). Dans ces conditions, plusieurs centaines mourront dans les deux mois. Ensuite, du 04 au 12 janvier 42 les 4.300 personnes restantes seront les premières du ghetto à être emmenées à la mort à Chełmno…

Chełmno nad Nerem ("Kulmhof am Nehr" pour les Allemands) se trouve à 60 kms de Łódź. C’est le premier lieu à avoir été mis en place dans la seule perspective d'extermination. Il est entré en fonction début décembre 41. Les SS y perpétuent les meurtres des groupes dans des "camions de gazage" (les gaz d’échappement sont renvoyés à l’intérieur du véhicule et asphyxient les victimes durant le trajet du château de Kulmhof à la proche forêt où –du moins à cette époque- elles seront enterrées).

Zigeuner Lager camp Tzigane Ghetto Lodz Litzmannstadt photo archives Francfort  Frankfurt.

Zigeuner Lager im Ghetto Litzmannstadt - Archives : Jüdisches Museum Frankfurt.


La photo ci-dessus montre une partie du camp dit "des Tziganes" (Zigeuner Lager), inclus dans le ghetto. Ci-dessous, il s’agit d’une image prise en août 2010. On voit sur la droite l’un des bâtiments encore existant dans lesquels ils furent logés et sur la gauche de l’image le Mémorial qui leur a été dressé par la ville. Le texte informatif y figure en trois langues : polonais, anglais et romani.

Lodz Litzmannstadt Tziganes Roms et Sintis 2010

Bâtiment Roms et Sintis – Août 2010.

 

 

Partie IV : Le ghetto en 42 jusqu’à septembre


D’après les statistiques officielles, 163.623 personnes vivaient dans le ghetto au 1er décembre 41. Le 20 décembre, C.Rumkowski annonce que des déportations doivent avoir lieu, que les personnes qui quitteront le ghetto seront ceux qui se sont rendus coupables d’exactions diverses et qu’il espère par ailleurs réduire de moitié le nombre de déportations demandées par les nazis (I. Trunk, p.230).

Du 16 janvier au 15 mai 42, près de 55.000 Juifs sont déportés et assassinés à Chełmno. 

ghetto Lodz déportation Juifs Chelmno

Photo des archives du Musée des combattants des ghettos (Beit Lohamei Haggetaot).


Le premier convoi part le 16 janvier, il est constitué de 780 hommes, 853 femmes et 154 enfants. Ils sont autorisés à emporter jusqu’à 12,5 kg de bagages. Durant quatorze jours un convoi partira quotidiennement. Les victimes sont en réalité les gens les plus pauvres du ghetto.

Une nouvelle série de convois est organisée par les SS du 22 février au 02 avril 42 (40 convois, 34.073 victimes). "Au cours des cinq premiers mois de 1942, le ghetto perd déjà environ un tiers de sa population (55.000 personnes) par l’effet des déportations." (N. Weinstock)

A partir de mai arrivent alors au ghetto des Juifs de l’Europe de l’Ouest mais surtout de ghettos environnants qui ont été liquidés (plus de 14.000 entre mai et août).

archives SS ghetto Lodz gazages camions Chelmno

Un courrier du 05 juin 42 du RSHA, le Reichssicherheitshauptamt.


Le début de cette lettre est le suivant : "Depuis décembre 1941, on en a par exemple traité 97 000, avec 3 véhicules spécifiques, sans déficience des véhicules." (Seit Dezember 1941 wurden beispielsweise mit 3 eingesetzten Wagen 97 000 verarbeitet, ohne daß Mangel an den Fahrzeugen auftraten.)

On notera, le 25 juin 42 le décret du SS Arthur Greiser (Reichsstatthalter et Gauleiter du Wartheland) qui indique : „Jüdische Arbeitskräfte erhalten keinen Lohn“ (la main d’œuvre juive n’a pas à percevoir de salaire). Ce décret sera valable pour l’ensemble des camps du Warthegau jusqu’à leur liquidation (Document : archives ŻIH).

En juin est également procédé à un recensement spécifique des enfants de moins de dix ans et des personnes âgées de plus de 65 ans. En effet, les nazis ont décidé la sélection des malades, enfants et vieillards présents dans le ghetto. Une commission juive formée de cinq personnes doit en établir les listes par rue et par bâtiment pour les 13.000 personnes concernées.

Affiche du "Gehsperre" (interdiction de sortir, couvre-feu).

 
Le matin du 4 septembre 1942, des discours sur la situation sont annoncés. Se succèderont David Warszawski (dirigeant l’usine de confection Centrala) et Szaja Stanislaw Jakobson (Président du tribunal du ghetto) qui informent et demandent que les enfants et les personnes âgées du ghetto soient remis dans le calme, sans quoi ce seront "d’autres" qui s’en occuperont dans la violence. Il le faut "pour sauver la communauté" annoncent-ils. C.Rumkowski va leur succéder et parlera en dernier avec ce texte devenu tristement célèbre : "pères et mères, donnez-moi vos enfants…" dans lequel il insiste sur le fait qu’il ne faut pas se laisser conduire par la pensée de "combien seront condamnés" mais par celle de "combien seront sauvés".

Départ pour Chełmno d’un convoi d’enfants du ghetto de Łódź.


Le 05 septembre à 17h est annoncé un couvre-feu (Gehsperre) : interdiction de se déplacer. Il s’avère que, bien entendu, beaucoup d’enfants ne sont pas livrés. C’est alors, durant une semaine, la "Garde blanche" (des Juifs qui se portent volontaires pour collaborer, en échange de nourriture et de protection pour leurs familles) qui entre en action. Avec des hommes de la Gestapo et de la SS, ils passent de maison en maison. On ne peut évidemment imaginer les scènes qui eurent eu lieu et encore moins leur vécu psychologique. Seuls nous restent les chiffres pour approcher l’épouvante : plus de 570 personnes abattues sur place, 21 ou 22 pendues place Bazarowa et 15.859 déportées. Cette "September Aktion" fut un choc traumatique considérable.

 

 

Partie V : Le ghetto de septembre 42 à juin 44


Fin 1942, restent 87.000 habitants dans le ghetto. Ils survivent dans un calme relatif durant un an et demi : il n’y a plus de déportations entre septembre 42 et juin 44. La situation alimentaire est meilleure. Plus des 4/5ème travaillent, de nombreuses entreprises allemandes existent dans le ghetto (AEG, Neckermann Berlin, …).

Il ne s’agit que d’un répit. En 43 tous les autres ghettos de Pologne sont liquidés. Les prisonniers du ghetto de Łódź ignorent bien entendu que leur devenir fait alors l’objet de désaccords et de débats entre les décideurs nazis (Himmler et le WVHA d’une part, et la Wehrmacht avec Greiser et l’administration du ghetto d’autre part). Eichmann finira par venir à Łódź à la mi-décembre 43 (conférence au sommet et inspection des ateliers). De nombreuses commissions d’étude se succèdent, O.Pohl se déplace également au ghetto en février 44 et rencontre Himmler et Greiser à Poznań ("Posen" pour les Allemands). Ils aboutissent à un accord qui inclut la réduction du nombre de Juifs dans le ghetto. Cette nouvelle "Aktion" devait être menée par l’unité du SS H.Bothmann (second commandant de Kulmhof). Finalement, en mai 44, le RHSA décide de la liquidation du ghetto. Le processus d’extermination (qui avait été arrêté au printemps 43) va être repris à Chełmno.

Le bâtiment de la Gestapo – Image d’archives DÖW, Autriche.


Dans le ghetto la situation est évidemment vécue dans la méconnaissance totale de ces transactions. Ils constatent que début mars 44 deux convois partent pour Cęstochowa. Cela rassure les  habitants du ghetto parce qu’ils ne sont pas déplacés vers un camp d’extermination mais vers un camp de travail. C’est à nouveau une période de répit jusqu’en juin. Entre temps, les prisonniers du ghetto apprennent les victoires des Soviétiques sur le front central et le débarquement de Normandie (par la radio secrète cachée dans le ghetto). Un certain espoir renaît donc parmi la population du ghetto au moment où, en parallèle, la décision définitive d’extermination est prise.

Les Allemands demandent à Rumkowski de livrer 3.000 Juifs par semaine "pour déblayer les ruines des bombardements en Allemagne" dont les départs auront lieu les lundis, mercredis et vendredis. Pour endormir les soupçons au maximum, différentes consignes sont instaurées : les départs et le voyage se feront en famille, les partants recevront des vêtements et des chaussures, ainsi qu’un numéro qu’ils devront reporter sur les 15 kg de bagages qu’ils seront autorisés à emporter. Chaque convoi devra inclure un médecin et chaque personne partant recevra 10 ReichsMark pour les premiers besoins sur place.

Affiche de 09 juin 44. Appel à l’enregistrement volontaire "pour aller travailler à l’extérieur du ghetto"


Pour autant, les prisonniers du ghetto n’ont déjà eu que trop d’occasions de vérifier la perfidie de leurs bourreaux et les volontaires pour le départ ne sont pas nombreux. Le service d’ordre Juif bloque une rue après l’autre et embarque toutes les personnes rencontrées. On lit dans les Chroniques : "Des Juifs chassent d’autres Juifs comme si c’étaient des bêtes sauvages" (pour cette participation ils recevaient de la nourriture supplémentaire).

Valises retrouvées à Auschwitz à la libération du camp. Certaines portent des numéros.


Le premier convoi part le 23 juin 44. Entre le 23 juin et 14 juillet 44, ce sont 7.000 personnes qui sont conduites à Chełmno, mais les moyens d’extermination n’y sont pas suffisants.

Le 02 août, une annonce de Rumkowski est placardée sur les murs : tout le ghetto doit être transféré. Le premier départ est prévu le 03 août pour 5.000 personnes… qui n’aura pas lieu faute de partants. Toutes sortes de discours sont tenus par H.Rumkowski ou le SS Biebow, sans résultat. La Gestapo décide de prendre les choses en main. Les convois se dirigeront vers Auschwitz Birkenau, Stutthof et Ravensbrück.

Dov Paisikovic (survivant de Birkenau qui fut un prisonnier du Sonderkommando) déclare, dans sa déposition pour le procès d’Auschwitz à Francfort : "Après les grands convois de Hongrie, l'Aktion suivante fut celle du ghetto de Łódź. Tous les jours -je crois que c'était en août 1944- deux de ces convois arrivaient de Lodz."

Photo d’archives – Déportation, août 44, Łódź. Musée Beit Lohamei Haggetaot


Déportation après déportation, la taille du ghetto est réduite (les 10 août, 17 août, 22 août) et l’annonce est faite que tout Juif trouvé dans une zone "Judenrein" sera abattu. H.Rumkowski sera entendu publiquement pour la dernière fois le 24 août 44. Le 30 il est déporté avec toute sa famille.

Dernier convoi de déportation vers Auschwitz, 30 août 1944. Photo d’archives Yad Vashem.


68 à 70.000 Juifs sont déportés durant l’été 44. Il ne reste que 870 Juifs dans le ghetto (d’après un courrier d’époque du SS H.Biebow). Ils seront répartis en deux groupes qui constitueront les "Aufräumungskommandos" (commandos de nettoyage) pour vider les appartements des biens restants. L’un sera déporté vers Sachsenhausen et Ravensbrück le 22 octobre 44. L’autre restera davantage et en janvier 45, le SS H.Biebow fait creuser huit tranchées au cimetière… mais ne pourra mener à bien son dernier projet meurtrier : les Soviétiques sont là le 19. Ils ne trouveront de l’importante communauté juive de Łódź que quelques centaines de Juifs, cachés.

Les traces aujourd’hui visibles de ces fosses- Août 2010.

 

Un enterrement dans les années 40. Diapo du SS Genewein (voir partie suivante).

 

 

Partie VI : Les "personnalités" du ghetto


Les principaux acteurs SS sur le terrain sont évoqués d’abord, non pas par déférence, cela va sans dire, mais bien parce qu’il ne faut pas perdre de vue que les ordonnateurs -donc les seuls responsables- étaient les SS.
La question des comportements des prisonniers Juifs des ghettos ne peut se discuter qu’après avoir énoncé cette évidence essentielle : chacun négociait sa survie et celle de ses proches, à chaque instant, dans le contexte -à tous égards mortifère- pensé, voulu et mis en place par des décideurs SS.


Le SS Arthur Greiser né en 1897, était Reichsstatthalter et Gauleiter dans le Wartheland de 39 à 45 (en tant que tel, supérieur de Biebow, voir ci-dessous). Il avait auparavant (1919 à 1921) fait partie des Freikorps puis été Gauleiter de Danzig. Il était entré au NSDAP en 1929 et à la SS en 31 (n°10.795).
Il s’enfuit dans la nuit du 21 janvier 45 pour Francfort. Arrêté par les troupes américaines en mai 45, il est remis aux Polonais pour jugement. Son procès (du 21 juin au 07 juillet 46) se solde par une condamnation à mort du fait de ses responsabilités dans l’extermination menée à Chelmno. Il est pendu le 14 juillet 46 devant sa résidence à Posen.


Le SS Hans Biebow  né en 1902, était responsable de l’administration du ghetto (Gettoverwaltung) à partir du 15 mai 40. C’était avant-guerre un entrepreneur de Brême.

Diapositive du SS Genewein (voir ci-dessous). Le SS Biebow est derrière le vieil homme et devant les policiers du Judenrat.


Au départ, sa mission à Łódź était de s’occuper de la nourriture du ghetto. Dans ce cadre, même lui écrit à la Gestapo du ghetto (courrier du 04 mars 42) pour se plaindre des conditions de survie. Il expose notamment dans cette lettre qu’en 42, il manquait 10.865 tonnes de pommes de terre dans les livraisons prévues.

Anniversaire du SS Hans Biebow, décembre 42, photo du SS W. Genewein, archives USHMM.


La valeur allouée par personne et par jour au ghetto est inférieure à celle appliquée dans les prisons de l’époque. On comprend de suite à quel point le manque de nourriture est un problème majeur. Outre l’insuffisance criante de telles rations, s’ajoute l’impossibilité de commercer avec l’extérieur du ghetto (que ce soit officiellement ou officieusement). Comme nous l’avons vu, le ghetto est sévèrement gardé et ces gardes ont ordre de tirer sur toute personne approchant des palissades de clôture. Même se parler de part et d’autre n’était pas autorisé et menait à la mort. Enfin, avait cours une monnaie spécifique au ghetto (ci-dessous), obstacle supplémentaire aux échanges éventuels s’il en était besoin. Bien entendu, les colis de nourriture susceptibles d'arriver de l'extérieur étaient interdits.

Argent du ghetto de Łódź : les "Rumkies"

Argent du ghetto de Łódź : billet



Les attributions de H.Biebow ne feront que s’étendre, jusqu’à son active participation aux déportations de 1944. Il restera à Łódź jusqu’en janvier 45, avec les derniers prisonniers du ghetto.
Capturé, il sera jugé au tribunal de Łódź et condamné à mort le 30 avril 1947 puis exécuté.

 
Le SS Walter Genewein, autrichien, était le "Finanzleiter" (gestionnaire, intendant) du ghetto. Il y est arrivé à sa création, en février 40. On peut supposer qu’il a donné toute satisfaction à ses supérieurs puisqu’il n’a fait que monter en grade au fil des années passées à ce poste.

Le SS Walter Genewein à son bureau.


Il est particulièrement connu car, s’étant emparé d’un appareil photo, il a testé les toutes premières prises de vues sur diapositives (marque Agfa, alias IG-Farben, tristement célèbre en tant qu’entreprise d’Auschwitz-Monowitz). Lorsqu’aujourd’hui on regarde une image en couleurs du ghetto de Lodz, c’est à coup sûr l’un des nombreux clichés de Genewein.
Pour autant, ces diapositives ne nous sont parvenues que très tard et tout à fait par hasard. En effet, elles ont été découvertes en 1987 dans une boutique d’antiquités de Vienne. Cette trouvaille extraordinaire a fait l’objet d’un film remarquable de Dariusz Jabłonski en 1998, Fotoamator, dans lequel Arnold Mostowicz, médecin survivant du ghetto, commente une partie des diapositives et évoque ses souvenirs les plus marquants. (Ces centaines de diapositives sont aujourd’hui au Musée Juif de Francfort sur le Main qui les avait exposées au public en 1992).
Genewein, dénoncé en 1947 pour s’être approprié des biens appartenant aux Juifs de Łódź, se défendra auprès du tribunal autrichien en arguant qu’il n’a pas volé ces biens mais les a payés, et demandera au juge une relaxe pure et simple du fait de ses problèmes de santé (diabète). Il sera libéré après un mois de prison et vivra jusqu’à 73 ans (1974) dans sa ville de naissance, Salzburg, "jako szanowany obywatel" (en tant que citoyen respecté)…

Il faudrait aussi parler du SS Übelhör (Regierungspräsident / président de la région), des SS Joseph Hämmerle et Wilhelm Ribbe, … d’autres encore tel Walter Pelzhausen le commandant du camp-prison de Radogoszcz (55 rue Krakowska) où moururent la plupart des milliers de prisonniers qui y furent envoyés. De Heppner qui dirigeait le bureau de la population (Bevölkerungswesen)…
Il est évident qu’ils furent nombreux à tenir en mains les destinées d’un grand ghetto tel celui de Łódź, mais il ne me semble ni possible ni raisonnable d’étendre d’autant cette page qui est déjà bien volumineuse. Je vous conseille donc de vous reporter à la bibliographie (au bas de la présente page, partie 9) et au "procès des bourreaux du ghetto de Łódź" à Hanovre en 1963.

M.H. Rumkowski.

 
Mordechaï Chaïm Rumkowski est né en 1877 en Lituanie. Il s’installe à Łódź en 1898. Il est connu et semble apprécié avant-guerre pour ses engagements actifs envers la cause sioniste (élu jusqu’en 37) et celle des enfants (activités culturelles et éducatives).
Lors de la mise en place du ghetto (13 octobre 39), lui est attribué par les Allemands le titre de "Älteste der Juden" qui le nomme chef du ghetto. Il semble recevoir ce titre avec enthousiasme, son appétit de pouvoir est indiscutable. Lorsqu’on étudie l’usage de la petite part de liberté qui lui était laissée dans la gestion quotidienne du ghetto, on se trouve face à une forme de duplicité du personnage qui met mal à l’aise.
A la fois les Allemands faisaient fonctionner les différents ghettos sur les mêmes principes, mais à la fois aucun n’a eu l’incroyable organisation dans tous les domaines que l’on constate à la lecture des Chroniques de celui de Łódź. Ce fait est dû à Rumkowski, que chacun s’accorde à déclarer aussi infatigable qu’affamé de pouvoir. En effet, il a créé une sorte d’Etat dans le ghetto ou tout était réglementé, pour le meilleur comme pour le pire. On notera son attitude vis-à-vis de ses adjoints et subordonnés : ou ils obéissent, ou ils sont destitués et remplacés. Aucune expression d’opposition n’est acceptée. Il interdit d’ailleurs officiellement les activités des représentants des ouvriers en janvier 41.
On fait battre monnaie à l’effigie de Rumkowski dans le ghetto, comme nous l’avons vu, mais s’il fait "appliquer cette mesure avec empressement" (J.Podalska) l’ordre en a néanmoins été pris par les nazis (Itzhak Rubin). Cela devient la monnaie officielle du ghetto à partir du 08 juillet 40. 
Les enfants -et particulièrement les enfants orphelins- restent la priorité de Rumkowski. On constate par exemple qu’en mai 40, trente-neuf écoles (yiddishophones) sont officiellement actives dans le ghetto. Mais leur existence ne durera qu’un an. Leur fermeture est liée à l’arrivée des Juifs de l’Ouest pour lesquels aucun logement n’est disponible dans le ghetto déjà surpeuplé : les écoles sont alors réquisitionnées pour loger ces populations déportées.
I.Trunk relate également qu’à l’orphelinat où étaient accueillis près de 400 enfants, la nourriture était bien meilleure que nulle part ailleurs dans le ghetto avec même de la viande trois fois par semaine, des vêtements, des chaussures,…
Des camps d’été sont également organisés dans le ghetto, quartier de Marysin.

Des enfants du ghetto dans le quartier de Marysin. Photo Henryk Ross.


Sur ce sujet évidemment bouleversant des enfants, la question de la duplicité possible de Rumkowski interpelle particulièrement lorsqu’on songe à son discours du 04 septembre 42 tel que noté par Joseph Zelkowicz : « Ils nous demandent ce que nous possédons de plus précieux : les enfants et les personnes âgées […]  et je me vois obligé de vous supplier : "frères et sœurs, donnez-les moi ! Pères et mères, donnez-moi vos enfants" […] ». Je n’en parlerai pas davantage ici, ce thème a suscité de nombreux commentaires plus érudits que les miens.
Rumkowski était persuadé que des Juifs ne pouvaient être sauvés qu’au prix de la vie d’autres Juifs, qu’avec les nazis il fallait temporiser, acquiescer d’abord et négocier ensuite. Il était également convaincu que toute résistance était illusoire, vouée à l’échec et ne pourrait apporter que des réactions plus extrêmes encore de la part des Allemands. Il est en effet difficile de soutenir qu'il aurait été possible de refuser les ordres des SS sans que cela déclenche de sanglantes représailles.
Je signalerai juste une information donnée dans le film Fotoamator par le médecin juif survivant du ghetto qui commente les diapos du SS Genewein. Il se souvient d’une réunion à l’initiative de Rumkowski de tout le personnel médical du ghetto à ce propos. Après avoir exposé la situation et les raisons de sa terrifiante décision, il leur demanda de se prononcer. 90% votèrent pour la proposition de Rumkowski.
Les arguments de Rumkowski s’articulent autour d’une volonté de garder en vie le plus de personnes possible, sachant les conditions de survie du ghetto et les exigences allemandes. Dans ce contexte, il répète et martèle sa conviction : "Unser einziger Weg ist Arbeit !

"Notre seul chemin (chance, espoir) est le travail“


Aujourd’hui, pour nous, ce leit-motiv du travail résonne de façon plutôt malsaine, en écho avec "Arbeit macht frei" notamment. Mais de fait, en 1943, alors que les Juifs de Pologne sont exterminés sur tout le territoire, le ghetto de Łódź vit son année la plus "calme" (sans déportations) et la situation s’améliore (approvisionnement, etc…) autant qu’il est possible dans un ghetto. A la veille de l’été 1944, les Soviétiques sont proches et Łódź est le seul lieu de Pologne où survit une communauté juive forte de milliers de personnes.

Une photo de Mendel Grosman (voir ci-dessous) dans un atelier de cordonnerie (USHMM).


Sauver le plus grand nombre possible de "ses Juifs" (expression qu’il employait !) en faisant miroiter devant les Allemands leur capacité de travail fut en tout cas l’espoir de Rumkowski dès le début. Dans une lettre qu’il adresse à la SS dès le 13 mai 40, il annonce avoir enregistré 14.850 ouvriers du textile. Il est convaincu qu’il s’agit là de l’unique moyen susceptible de fonctionner et d’être négocié avec les Allemands : la force de travail des ouvriers, l’argent qu’elle peut produire à leur service. "Ocalenia przez pracę", le salut par le travail, était la stratégie de Rumkowski. Cela implique aussi des conditions de travail qui vont s’alourdissant au fil du temps. Au départ, ce sont 9h de travail par jour. En janvier 43, c’est le passage à 10h. A la mi-43 certaines entreprises passent au 2/12 (deux fois 12h). En outre, aucune requête ou critique n’est tolérée et la répression peut être féroce.

"Restlos zu räumen“


Et puis l’ordre n°429 de la Gestapo annonce le "nettoyage" des derniers habitants du ghetto et Rumkowski part vers Auschwitz avec sa famille où ils seront directement dirigés vers les bâtiments des crématoires de Birkenau.

Les images que nous avons aujourd’hui du ghetto de Łódź, outre les diapositives du SS Genewein dont nous avons parlé, sont dues à deux photographes juifs : Mendel Grossman et Henryk Ross.

Mendel Grossman dans le ghetto de Łódź.



Mendel Grossman est né en 1913. Il mourra fin avril 45, après sa déportation, durant une "marche de la mort" (voir ce terme dans le glossaire si besoin). Photographe avant guerre, il est envoyé au ghetto de la ville et lorsqu’à la fin de l’année 41 est créé officiellement un bureau de photographes (pour les photos d’identité et les images officielles), Mendel Grossman et Henryk Ross en font partie avec neuf autres personnes. L’un comme l’autre vont bien évidemment documenter la vie du ghetto par d’autres photos qu’ils prendront illégalement, donc au péril de leur vie. Chacune de leurs images que nous regardons aujourd’hui est donc un acte de résistance avant d’être un témoignage.

Mendel Grossman, dans le ghetto, devant les ruines de la synagogue de la rue Wolborska.


Mendel Grossman va photographier également beaucoup son quotidien, sa propre famille en particulier. Mais même lorsqu’il photographie son chat, l’image n’est pas anodine (ni dépourvue d’ironie…).

Le chat de Mendel Grossman


Lors des dernières déportations d’août 44, il partage ses milliers de négatifs et les cache dans différents endroits du ghetto. Une grande partie a été retrouvée, même si certains se sont perdus plus tard en Israël.


Henryk Ross, né en 1913, survivra à la guerre et mourra en 1991.
Il est donc également un photographe juif prisonnier du ghetto. Lui aussi était photographe professionnel avant guerre.

Photo Henryk Ross : les ruines de la synagogue Wolborska.


Lui aussi a photographié les symboliques ruines de la synagogue Alte Szil du 20 rue Wolborska. 
Il a pris plus de 3.000 clichés au ghetto, négatifs qu’il a soigneusement enterrés puis retrouvés après guerre.

Henryk Ross retrouve ses négatifs en mars 45. Photo : archives Yad Vashem.


On y trouve deux grandes catégories d’images : celles qui relèvent du journalisme et du témoignage direct sur l’horreur de la survie au ghetto, et celles qui évoquent la vie privée, les gestes de tendresse et d’amour au quotidien, malgré le ghetto. Des clichés de ce premier groupe ont été montrées et utilisées comme pièces à conviction lors de son témoignage au procès d’Eichmann à Jérusalem (voir lien ici, sessions 23 et 24). Les clichés relevant du second groupe en revanche n’ont pas été montrées du vivant d’H. Ross (et ce jusqu’au legs par son fils en 1997) sans doute car il en craignait une possible lecture fallacieuse.

Jankiel Herszkowicz au ghetto de Łódź – Photo de M. Grossman, archives Beit Lohamei Haggetaot.


Cette rapide évocation de personnalités du ghetto se doit de mentionner Jankiel (Yankele) Hershkowicz, le chansonnier du ghetto, ici accompagné par le violoniste Karol Rozenczweg et photographié par Mendel Grossman vers 1941. La musique était présente au ghetto, et cette image montre un empressement autour du chanteur, même si les textes proposés, très réalistes, donc terribles, évoquaient la situation au ghetto (à lire et entendre en lien ici, grâce au travail de Gila Flam ou, pour la Marche de la faim chantée par J.Herszkowicz lui-même, enregistrement de 1965 ici).

Bien entendu il faut rendre hommage aux "chroniqueurs" et diaristes dont les écrits, assimilables à des actes de résistance, permettent aujourd’hui de documenter de façon assez complète et donc d’approcher autant qu’il est possible le quotidien vécu au ghetto, ainsi qu’aux survivants qui ont témoigné et témoignent encore.

 Nous terminerons sur ce thème avec un extrait du texte de l’historienne Danuta Czech pour le procès d’Auschwitz à Francfort (pour un lien vers ce procès, cliquer ici). Pour l’année 1941, elle signale notamment : «509 prisonniers arrêtés par la police de la sécurité et le SD de Varsovie ont été amenés de la prison „Pawiak“ de Varsovie au KL d’Auschwitz. Ils ont été enregistrés sous les n°7.881 à 8.389. Parmi les arrivants se trouvait le politique du PPS qui fut Ministre de l’Intérieur et Maire de la ville de Lodz, Norbert Barlicki, qui mettra en place le groupe de résistants du PPS au KL d’Auschwitz ». (509 durch die Sicherheitspolizei und den SD Warschau aus dem Gefängnis »Pawiak« in Warschau in das KL Auschwitz eingewiesene Häftlinge wurden mit den Häftlingsnummern 7881 bis 8389 registriert. Unter den Neuzugängen befand sich der erfahrene PPS-Politiker, frühere Innenminister und Stadtpräsident der Stadt Lodz, Norbert Barlicki, der sich der konspirativen Gruppe der PPS im KL Auschwitz anschloß). 

 

 

Partie VII : Les conditions de survie au ghetto


Quelques éléments d’information complémentaires.

La nourriture.
C’était un problème majeur dans les ghettos, celui de Łódź ne fait pas exception comme nous l’avons vu.  Nous rappellerons, particularité à Łódź, la quasi impossibilité d’un marché noir avec l’extérieur contrairement aux autres ghettos, si ce n’est avec les "arrivants" (Juifs déportés d’Allemagne par exemple). Pour en donner une idée plus précise, I. Trunk cite dans son livre (p.118) les tarifs du marché noir relatés dans les Chroniques : le kilo de pain en septembre 1942 est à 90 Marks, en décembre 42 à 360 Mk, en février 44 à 1.000 Mk. Dans le même temps, le salaire mensuel d’un ouvrier du ghetto est fixé à 20 Mk en 41 et 50 Mk en 43.
On notera par ailleurs dans ce domaine la mise en place du système de rationnement de nourriture le 15 décembre 1940 et celui des coupons à partir de janvier 1941.


Le travail.
Le premier Arbeitseinsatz (le bureau gérant le travail) est créé dès le 15 octobre 39. En décembre les archives font état de 2 à 3.000 travailleurs. Un deuxième Arbeitseinsatz est alors mis en place qui durera moins d’un an, jusqu’à ce que le travail des Juifs en entreprise (ouvriers d’usines) soit organisé de telle façon qu’ils n’aillent plus en dehors du ghetto (ce qui est également une particularité de Łódź). Certains sont néanmoins employés à l’extérieur (travaux du type : régulation de cours d’eau, constructions de routes et voies ferrées, …). En février 41 on compte 5.500 travailleurs dans le ghetto, en juillet 41 : 7.316, en décembre 41 : 9.200 et en août 42 : 12.880.

Diapo SS Genewein. Un atelier du ghetto.


Un rapport de la fin décembre 42 évoque plus de 7.000 machines dans le ghetto (dont certaines venaient d’ailleurs d’autres ghettos supprimés). Le nombre d’usines sera en augmentation constante jusqu’en août 43 où elles atteindront le chiffre de 117 !
Le travail est majoritairement centré sur le textile et les métaux. On notera la production de ces tristement célèbres chaussures sommaires à semelles de bois (appelées "trepes" en yiddish), que les Allemands destinent aux prisonniers des camps et qui seront également utilisées par les prisonniers du ghetto. 30.000 paires seront ainsi produites en 42.


Les maladies.
Maladies et épidémies (typhus, dysenterie, typhoïde, tuberculose) étaient, comme dans tous les ghettos et camps des causes majeures de mortalité. Les conditions de la survie quotidienne en sont évidemment les raisons : malnutrition, travail excessif, conditions sanitaires déplorables, manque de moyens de chauffage et de vêtements convenables, etc.


Les déportations.
Elles eurent donc lieu en vagues successives. Environ 80.000 hommes, femmes et enfants furent envoyés à la mort à Chełmno pour l’année 42 (entre janvier et avril puis lors de la "September Aktion") et pour les premières déportations de 44 (juin et juillet) et ce furent ensuite presque autant de victimes envoyées à Auschwitz-Birkenau lors de la "liquidation du ghetto".

Lorsque Radegast était encore une menuiserie en bord de voie ferrée, années 40.


Radegast était à Łódź le lieu où arrivaient les matières premières destinées au ghetto et d’où repartaient les produits manufacturés. C’est également là que sont arrivés les déportés Juifs et Tziganes d’Europe envoyés au ghetto de Łódź. C’est aussi le lieu servant d’Umschlagplatz, c'est-à-dire l’endroit où les personnes destinées à être déportées vers Chelmno puis Birkenau étaient regroupées.

Radegast en 2010. Le bâtiment tel qu’il fut transformé en gare.
"Verladebahnhof Getto Radegast"


Aujourd’hui c’est un lieu de mémoire particulièrement émouvant et éprouvant. A proximité ont été érigés divers monuments mémoriels dont un long couloir bétonné à l’intérieur duquel est proposée une exposition.

Vue de l’extérieur du mémorial de Radegast.

 

De la mort au ghetto à la réalité d’aujourd’hui.
Les morts de tous âges, dans le ghetto lui-même, furent nombreux. Le cimetière juif qui existait alors dans la ville fut supprimé fin juin 42 au profit d’un autre en limite Est du ghetto dont l’entrée fut photographiée par le SS Genewein et qu’on reconnaîtra aisément aujourd’hui :

Cimetière de Łódź Genewein

Łódź, le plus grand cimetière juif d’Europe (42Ha, 180.000 tombes environ). Photo 2010.



Durant l’existence du ghetto, 45.000 Juifs y moururent (Documents des Chroniques, administration communale, rapporté par N. Weinstock). Du fait de cette importante mortalité les tombes furent sommaires mais un état était soigneusement noté. L’intention était bien entendu que plus tard, lorsque ce serait à nouveau possible, cela permettrait l’érection de tombes véritables et nominatives pour chacun. Cela aussi, le SS Genewein l’a photographié :

Tombes du cimetière du ghetto de Łódź


Dans l’immédiat après guerre, un survivant du ghetto consacra d’importantes sommes à la fabrication de tombes sur lesquelles étaient indiqués les noms des personnes. Mais soit l’entrepreneur n’avait pas de matériaux convenables, soit il ne l’était pas lui-même, et ce travail fut effectué en pure perte. Si les tombes sont effectivement matérialisées dans cette portion du cimetière, elles sont très dégradées et les noms que chacune porte ne sont aujourd’hui plus lisibles comme le montre la photo ci-dessous.

Cimetière juif de Łódź, espace des morts du ghetto - 2010.


Des jeunes sont aujourd’hui envoyés d’Israël pour reprendre ce travail car un espace très vaste de tombes sans stèle et sans indication de noms –bien qu’ils soient connus, donc, pour avoir été relevés durant l’existence du ghetto- est toujours en attente :

Tombes en attente à Łódź


Des piquets sont fabriqués avec les noms des victimes :

Piquets nominatifs pour les tombes des victimes du ghetto de Łódź.


et ces indications retrouvent peu à peu les tombes de chacun :

Piquets aux emplacements des tombes (2010).


420.000 habitants de Łódź sont morts durant cette guerre dont 300.000 étaient Juifs. Pourtant, comme l’écrit Joanna Podolska "aucun autre ghetto ne survécut aussi longtemps et dans aucun autre autant de personnes ne furent sauvées".

 

 

Partie VIII : Łódź aujourd’hui


La ville a mené un réel travail concernant son passé juif. Dans de nombreuses parties de la ville, traces et mémoriaux en sont témoin. Il est nécessaire, avant de refermer cette page d’histoire, d’évoquer également le mémorial aux Justes Polonais dont chacun est nommé sur le grand monument en forme d’étoile à six branches. Mémorial qui rend également spécifiquement hommage à Jan Karski.

Mémorial des Justes de Łódź.

Mémorial des Justes de Łódź : plan rapproché (2010).


Pour aller de ce monument au tertre où se trouve une statue (taille réelle) de Jan Karski, le chemin est ponctué au sol de plaques aux noms des Juifs de Łódź qui survécurent.

Survivants de Łódź (2010)


On y voit ainsi celle de Marek Edelman (une page spécifique le concernant est accessible en cliquant ici). Il a choisi de rester en Pologne et de revenir vivre dans sa ville jusqu’à sa mort, en octobre 2009. Sa tombe (visible la page en lien cliquable) est aujourd'hui au cimetière de Varsovie avec celles des autres membres du Bund.

Marek Edelman, survivant.


Extraits de l’article du 16 octobre 2007 dans le quotidien Le Monde sous la plume de Marion van Renterghem : « Lodz, qui revient de si loin. Située au milieu de la Pologne, deuxième ville après Varsovie avec 793 000 habitants, Lodz détenait, il y a dix ans, le record du chômage des grandes villes du pays (29 %). Auparavant, elle avait subi l'extermination de sa population juive, jetée par les nazis dans ce qui fut l'un des plus grands ghettos de Pologne. Elle avait subi le joug soviétique. Elle avait subi, à la fin du communisme, la déconfiture de son industrie textile, ancien employeur principal de la ville, fournisseur quasi exclusif de l'Union soviétique et du "bloc" de l'Est. Des dizaines de milliers d'ouvriers, en majorité des femmes, se sont retrouvés sans emploi. Au début des années 2000, il n'y avait presque plus d'activité dans "la nouvelle Manchester". Même la fameuse rue Piotrkowska, au centre-ville, avait des allures de fantôme. […] (Aujourd’hui) la symbolique rue Piotrkowska est piétonne, grouillante, presque clinquante. Des festivals sont organisés autour des thèmes clés de Lodz : "la ville des quatre cultures" (polonaise, juive, allemande et russe) et "caméra et image", en raison de la célèbre école de cinéma dont sont issus les plus grands réalisateurs polonais, et alors que l'Américain David Lynch projette de bâtir des studios et un centre culturel. […] Bien sûr, tout n'est pas rose à Lodz. Excepté Manufaktura et quelques rues, la ville reste lugubre, faite d'immeubles noircis et d'affreux buildings des années soviétiques. L'émigration des plus diplômés n'est pas pour rien dans la baisse du chômage (10 %, deux points sous la moyenne nationale). Des retraités n'ont pas de quoi se payer le chauffage, les chômeurs n'ont rien, les médecins ne soignent qu'avec un dessous-de-table, on doit trafiquer pour survivre. »

Manufaktura - Łódź 2010


De fait, on montrera au touriste de passage la rue Piotrkowska où la plupart des immeubles sont désormais entretenus et d’un intérêt architectural certain, ainsi que Manufaktura qui est une réussite car les bâtiments de la Łódź ouvrière y sont restaurés avec soin. Désormais, au cœur de la ville, c’est un hommage à tous les travailleurs qui en ont fait la renommée et la richesse.

Le porche d’une entrée d’immeuble, Łódź 2010.


Mais si le visiteur prend un peu plus de temps et s’écarte de ces deux pôles, il sera face à la réalité de la Pologne, passée de la guerre au soviétisme et désormais au libéralisme qui broie les ouvriers et les plus fragiles. Comme le dit la journaliste du Monde, la pauvreté est omniprésente.  

Bâtiment Łódź 2010.


Comme à Varsovie lorsqu’on s’éloigne des principales artères, on constate l’état de dégradation auquel les politiques de ce pays devraient faire face avec la plus grande urgence jusqu’à ce que disparaissent par exemple ces petites échoppes qui évoquent plutôt des pays en voie de développement. Partout on voit ces gens, vendant quelques produits de leur jardin et de petits bouquets de fleurs pour quelques "złoty" -voire "grosze"- (l’équivalent des centimes) qui les aideront à affronter le quotidien.
Pourtant à Łódź il me semble qu’on sent aussi quelque chose d’autre. Une volonté, une fierté héritées du passé peut-être. Quelque chose qui rend cette ville attachante, qui la fait percevoir courageuse et combattive.
De même que la ville affronte la vérité de son passé sous le joug nazi, souhaitons-lui d’affronter son avenir avec la même réussite.

 

 

Partie IX : Bibliographie

  • Alan ADELSON / Inside a community under siege .- Viking, 1989 et Penguin, 1991, 525 p.
  • Julian BARANOWSKI / Lodzkie Getto, 1940-1944 .- Archiwum Panstwowe w Lodzi & Bilbo, 1999 (traduit en anglais).
  • Adam CYTRYN / Récits du ghetto de Lodz .- A. Michel, 2000
  • Lucjian DOBROSZYCKI, Danuta DABROWSKA / Kronika getta lodzkiego .- Wydawnictwo Lodzkie, 1965-66, 2 volumes de 630 et 605 p. (trad. en anglais The Chronicle of the Lodz ghetto .- Yale University press, 1984, version abrégée 565 p.)
  • Sascha FEUCHERT et alii / Die Chronik des Gettos Lodz – Litzmannstadt .- Wallstein, 2007, en 5 volumes, 3.050 p. (les 4 premiers volumes correspondent chacun aux témoignages d’une année, de 1941 à 44, textes, photos et autres documents d’époque. Le 5 contient majoritairement des analyses et commentaires.)
  • Helmut GECK, Izaak KERSZ, Kenda BAR-KERA / Beredte Steine: Der Jüdische Friedhof in Lodz .- Kunstverein Recklinghausen & Institut für Zeitgeschichte des Kirchenkreises Recklinghausen, 1996 (uniquement en allemand).
  • Mendel GROSSMAN / With a Camera in the Ghetto .- Schocken Books, 1977
  • Gordon HORWITZ / Ghettostadt, Łodz and the Making of a Nazi City .- Harvard University Press, 2008, 395 p.
  • Izaak KERSZ / To nic innego tylko Dom Wiecznosci .- Grafpol, 1992 (trad. en anglais This is nothing else, but the home of eternity : the Jewish cemetery in Lodz) 36 p.
  • Hanno LOEWY, Gerhard SCHÖNBERNER / Unser einziger Weg ist Arbeit : das Getto in Lodz 1940-1944 .- catalogue d‘exposition de 1990, 290 p.
  • Jerzy MALENCZYK, Claire ROSENSON / A Guide to Jewish Lodz .- Our roots, 1994, 57 p.
  • Roman MOGILANSKI / The Ghetto anthology .- 1985
  • Bronislaw PODGARBI / Cmentarz Zydowski w Lodzi .- Wydawnictwo "Artus," 1990 (trad en anglais The Jewish Cemetery in Lodz) 96 p.
  • Joanna PODOLSKA / Traces of the Litzmannstadt-Getto: a guide to the past .- Piątek Trzynastego, 2004, 145 p.
  • Joanna PODOLSKA, Julian BARANOWSKI / Les enfants du ghetto de Lodz .- Bilbo, 2004 (Livret d’accompagnement d’exposition) 60 p.
  • Itzhak (Henryk) RUBIN / Zydzi w Lodzi pod niemieckna okupacjna 1939-1945 .- Kontra, 1988   
  • Oskar  ROSENFELD / Wozu noch Welt: Aufzeichnungen aus dem Getto Łódź  .-  Verlag Neue Kritik, 1994 (trad. en anglais In the Beginning was the Ghetto: Notebooks from Łódź .-  Northwestern University Press, 2002, journal du ghetto).
  • Henryk ROSS / Lodz Ghetto Album .- Ed. Chris Boot, 2004. Préface de Robert Van Pelt et texte accompagnant 110 images d’H. Ross, écrit par Thomas Weber.
  • Dawid SIERAKOWIAK / The Diary of Dawid Sierakowiak: Five Notebooks From the Łódź Ghetto (édité et préfacé par Alan Adelson) .- Oxford University Press, 1996 (trad en français Journal du ghetto de Lodz 1939-1943 .- Editions du Rocher, 1997.  ISBN: 2-26802706-6
  • Isaiah TRUNK (auteur par ailleurs de Judenrat, en 1972, éd. Macmillan, 660 p.) / Lodzher geto: a historishe un sotsyologishe shtudye .- Yivo, 1962, 500 p. (trad. en anglais du yiddish seulement en 2006 sous le titre Łódź Ghetto: A History .- Indiana University Press).
  • Michal UNGER / The Last Ghetto: Life in the Lodz Ghetto, 1940-1944 .- Yad Vashem, 1995, 230 p.
  • Josef ZELKOWICZ (Yosef ZELKOVITSH) / In those terrible days: writings from the Lodz ghetto .- Yad Vashem, 2003, 380p.
  • Przewodnik po cmentarzu Aydowskim w Lodzi: A Guide to the Jewish Cemetery in Lodz .- Studio Bilbo, 1997 (à la fois en polonais et en anglais).

Mais aussi:

  • Un film sur le photographe M. Grossman : Aliza TZIGLER / Mendel Grosman .- Videofilm International 1988.
  • Pour les dernières publications en polonais : http://www.lodz.ap.gov.pl/wydawnictwa.html
  • Fotoamator, le film de Dariusz JABLONSKI de 1998 sur les diapos de Genewein (voir médiagraphie du site).
  • La page du site de Shtetlinks / Jewishgens consacrée à Lodz est en lien ici.
  • Et un site qui, si je l’avais trouvé auparavant, m’aurait sans doute retenue de passer autant de temps à rédiger la présente page tant il m’a paru complet et intéressant : lodz-ghetto.com