Gideon Hausner, Procureur, au procès de EichmannAvertissements préliminaires
Cette page ne prétend pas à l’exhaustivité (l’ensemble du Procès Eichmann = neuf volumes). Il s’agit d'un résumé des notes que j’ai prises au fur et à mesure de ma lecture. Elles sont très partielles : j’ai retenu ce qui est susceptible de m’être utile dans mes recherches, pas forcément tout ce qui pourrait être considéré comme essentiel, ni certaines des informations qui me sont connues par ailleurs.
Ces notes vont sans doute paraître extrêmement froides et distanciées et, en cela, ne reflètent pas l’intensité des témoignages, mais à l’inverse privilégient l’aspect informatif à l’aspect humain. Vous y trouverez en revanche l’indication de l’intégralité des témoins ayant déposé devant la cour (mais seulement l’évocation de quelques documents parmi les très nombreuses pièces du dossier). Enfin, certains éléments biographiques concernant des SS et leur devenir sont ajoutés par moi et non pas indiqués au moment du procès.
Lorsque j’ai pris ces notes je ne pensais pas les faire figurer sur le site, ce n’est que plus tard que j’ai finalement pensé que cela pourrait intéresser certains d’entre vous d'en établir ce résumé.

 

VOLUME 3
(Du 08 au 24 mai 1961, session 52 à 74)

Session 52
Suite de la déposition de Philip Pinchas FREUDIGER.
Après l’arrivée des Allemands en Hongrie, des remplacements dans les Ministères ont lieu (1er Ministre KALAI remplacé par STOJAY, nouveau Ministre de l’Intérieur JAROSS). Les lois anti-juives se succèdent en avril-mai. En mai les déportations commencent (Carpatho-Russie, NE de la Hongrie). En tant que membre du Comité Juif (représentants de la communauté) il rencontrera régulièrement les SS KRUMEY et surtout WISLICENY, ainsi que EICHMANN en deux occcasions. Membres du Comité à ses débuts : Hofrat STERN à sa tête, Ernoe BODA et PETOE comme vice-présidents, et Karl WILHELM, puis Nison KAHAN, FRANKL, CSOBADI. Ces trois derniers seront remplacés (08 mai) par Joseph NAGY, Janos GABOR, Bela BEREND, TOEROEK et STOECKLER.  
Le "plan ENDRE" (membre du Ministère de l’Intérieur Hongrois) prévoit un départ de train de 3.000 personnes tous les 2 à 3 jours. EICHMANN demande plusieurs trains par jour. Déportations du camp principal : Kistarcsa au NE de Budapest (19 convois). Fin juin, le Régent HORTY décide d’arrêter ces déportations (le camp sera démantelé le 27 septembre 44). Il ne restait alors quasiment que les 150 à 200.000 Juifs de Budapest.
Les SS font envoyer aux déportés des cartes postales à leurs familles en Hongrie (toutes sur le même modèle "je vais bien, je travaille à Waldsee") mais la supercherie dure peu. Ils apprennent rapidement que la destination est Auschwitz et le rapport de VRBA et WEZLER qu’ils obtiennent en juin leur confirme ce qu’il en est. (Il sera publié par WEISSMANDEL à New York en 61 sous le titre "Out of the distress").
Il quitte la Hongrie pour la Roumanie le 10 août (où les Russes arrivent le 23), il y reste 14 mois avant de rejoindre la Palestine.
Alexander BRODY, né à Miskole, Hongrie, en 1900 dont il est parti en 49, vit désormais au Brésil. En 1944 il est devenu chef d’un bureau d’aide aux Juifs appelé Omzsa. Lorsque les Allemands arrivent (19 mars 44) les arrestations commencent immédiatement et les Juifs sont déportés à Kistarcsa. La Gestapo annonce que la communauté juive devra assurer leur subsistance. Il s’y rend quotidiennement et rencontre le commandant Istvan VASDENYEI dont l’attitude est rapportée comme tout à fait correcte. Le 1er train part en avril. Lui sera arrêté par les Croix fléchées mais réussira à s’évader.

Session 53
Elisheva SZENES, née en Slovaquie, journaliste en Hongrie. En mai 42 elle réussira deux fois à éviter la déportation depuis la Slovaquie et parviendra à s’enfuir en Hongrie. La semaine où les Allemands entrent en Hongrie, ils viennent l’arrêter chez elle. Elle sera enfermée 4 jours à l’hôtel Astoria sans nourriture puis emmenée à la prison de la rue Zrinyi. De là, elle est amenée au siège de la Gestapo du Schwabenberg et torturée avant d’être renvoyée à la prison d’où elle partira pour le camp de Kistarcsa puis pour Auschwitz.
Margit REICH vivait à Budapest avec son mari en 44. Celui-ci, déporté, n’est pas revenu.
Martin FOELDI était avocat à Uihgorod, qui était alors dépendante de la Tchécoslovaquie (en Carpatho-Russie) jusqu’en novembre 38 où cette région passe à la Hongrie. Début avril, les arrestations de Juifs commencent, ils sont regroupés (14.000) dans un ghetto qui est en fait une ancienne briqueterie. Marton ZOELDI, Hongrois sous uniforme allemand, y travaille pour la Gestapo. Les déportations y commencent à la mi-mai (un train de 1.500 à 2.000 personnes tous les jours ou tous les deux jours). Il partira dans le dernier avec sa femme et ses enfants (pour Auschwitz) et sera le seul survivant de sa famille. Il n’y restera que 10 jours avant d’être transféré. Il devra écrire une "carte Waldsee" (v. témoignage ci-dessus P. Freudiger).
Ze’ev SAPIR, né à Dobradovo près de Munkacs en Carpatho-Russie en 1924. Le 17 avril 44, tous les Juifs sont regroupés au ghetto de Munkacs (briqueterie) qu’Eichmann a visité (article dans le journal avec photo) deux jours avant le début des déportations. Il y avait un autre ghetto à proximité, à Sajovits. Déporté (A-3.800) avec ses parents et ses 5 frères et sœurs, il est le seul survivant de sa famille.

Session 54 (26 mai 1961)
Avraham GORDON, né à Budapest en 1927. Témoigne du fait que, deux semaines après l’arrivée des Allemands, toutes les écoles de Hongrie sont fermées. 100 à 150 Juifs sont réquisitionnés avec lui au Schwabenberg. De la mi-avril à la mi-mai, un groupe de 10 jeunes et 5 adultes est envoyé à Rosehill, à Buda, dans une villa de la rue Apostol qui avait été réquisitionnée pour devenir la résidence personnelle d’Eichmann. Il y est témoin du meurtre d’un garçon par Eichmann et SLAWIK * son garde du corps.
Documents concernant la Hongrie dont le T/1164 qui émane de FERENCZY le 07 juin 44 et indique qu’il existe 11 camps de regroupement de Juifs en Hongrie. Le 09 juillet 44 il rapporte (T/1166) que, depuis le 14 mai 44, date de la 1ère évacuation, "434.351 personnes de race juive ont quitté le pays dans 147 trains" et qu’il s’agit des Juifs de toutes les régions du pays à l’exception de Budapest.           
Ferencz TIBOR, avocat, a vécu à Budapest jusqu’à son immigration en Israël en mai 1957. Il s’est consacré aux procès pour crimes de guerre. Evoque les moyens de défense de ENDRE ("j’appliquais les ordres d’Eichmann") et de BAKY ("j’appliquais les ordres d’Endre") du Ministère de l’Intérieur. De même Peter HAIN, qu’il a rencontré après sa condamnation à mort, et qui lui a dit qu’il recevait ses ordres d’Eichmann. Après l’automne 56, les criminels de guerre ont été libérés en nombre et certaines archives détruites.

Session 55
Interruption en ce qui concerne la Hongrie pour entendre
Gustave M. GILBERT du département de psychologie de l’Université de Long Island à Brooklyn. Après son doctorat à l’Université de Columbia en 39 il sera psychologue aux armées durant la guerre puis envoyé en Europe (maitrise l’allemand) et enfin rattaché au Tribunal de Nuremberg pour les examens psychologiques des accusés (leur état mental et leur surveillance). A ce titre, il était en contact quotidien avec les accusés. Il prenait des notes après toute discussion ou entretien dont les 2/3 ont été publiées en 47 (intégré T/1168). Aucun des juges n’était juif (lui oui). Il évoque HÖSS et sa certitude de psychologue qu’il disait et détaillait tout ce qu’il savait (contrairement à KALTENBRUNNER qui, lui, ne faisait que mentir). Les deux volumes de son journal seront les pièces T/1171 et 1172.

Sessions 56 et 57
Joël BRAND, né à Naszod (Transylvanie), a grandi en Allemagne, en est parti en 34 pour la Hongrie. En 41 il apprend que des Juifs sont envoyés en Ukraine, dans la région de Kamenets-Podolski, où se déroulent des tueries. Son parti (Po’alei Zion) décide de créer un comité de secours. De 41 à mars 44 ils ont fait venir 22 à 25.000 Juifs en Hongrie. En mars 44 on le prévient de l’arrivée d’Eichmann que KRUMEY représente. Il le rencontrera ainsi que WISLICENY à de nombreuses reprises pour tenter de mettre en place des plans de sauvetage des Juifs en échange de contreparties financières. Au début ils obtiennent des libérations et l’autorisation de visiter les camps. Le 25 avril, il rencontre pour la première fois Eichmann qui, dans une conversation qu’il qualifie de secret d’Etat, lui propose l’échange d’un million de Juifs contre 10.000 camions mais le somme de faire vite. Joël Brand part à Constantinople puis Jérusalem et restera finalement emprisonné au Caire durant quatre mois et demi.

Sessions 58 et 59
Documents de source allemande concernant la Hongrie entre le 19 mars (arrivée des Allemands) et le 15 mai (premières déportations). T/1178 : télégramme de VEESENMAYER * du 03 avril 44 demandant l’autorisation de tuer 100 Juifs par Hongrois mort lors des bombardements afin de créer un mouvement antisémite. T/ 1189 : du même, le 11 mai : le plan de déportation est de trois trains de 3.000 personnes par jour.
Hansi BRAND, née à Budapest, participait au mouvement sioniste, a épousé Joël Brand en 35. Evoque les activités (interdites donc illégales) du Comité (secours, faux papiers,…) Lorsque son mari est parti, elle a dû rester comme otage avec ses enfants. Elle voyait Eichmann très fréquemment. Il avait affirmé "retenir" (ne pas déporter) des Juifs, dans l’attente du retour de son mari avec une signature positive. Elle évoque la "Fußmarch" des Juifs de Budapest, incluant les enfants et les personnes âgées, pendant la période où SZALASI * est au pouvoir. Elle-même ne quittera la capitale qu’en 46.

Session 60

Documents sur la Hongrie, suite. Dans le témoignage de Wisliceny rédigé depuis sa cellule de Bratislava (déjà cité session 16) évocation de la mission de Joël Brand. Il affirme qu’Eichmann était certain qu’elle échouerait. T/1193 : rapport de Veesenmayer le 25 mai 44 disant qu’à ce jour environ 150.000 personnes ont déjà été "envoyées à destination".
Moshe ROSENBERG, né en Hongrie, était ingénieur à Budapest en 44 et actif dans la vie publique juive (Président du Fond national Juif, et de 42 à juin 44 membre du Comité d’aide et de secours). Jusqu’à l’arrivée des Allemands, il s’occupait des réfugiés qui arrivaient de Pologne, Slovaquie, Yougoslavie, etc. et par la suite de leur installation dans des villes de province (faux papiers) où des ghettos commencaient à être mis en place. A partir de l’occupation, toutes les communautés juives sont regroupées en une seule. Des réunions internes sont constantes, pluri hebdomadaires voire pluri quotidiennes selon les besoins. Il rencontrait aussi Joël Brand. Lui-même a fait partie du groupe (29 juin 44) qui a été envoyé à Belsen puis en Suisse. Il donne diverses informations à ce propos et fait remarquer que dans ce groupe, certains lui ont dit avoir pu en faire partie en remettant de grosses sommes à BECHER *.
Documents sur la Hongrie. T/1207 : rapport de Veesenmayer du 13 juin 44 qui annonce 289.356 Juifs déportés en 92 trains et que la situation de ceux du dernier district (zone de la ville de Budapest) va être réglée en une rafle avec des mesures spécifiques de précaution. T/1213 : rapport du même Veesenmayer du 11 juillet 1944 : 437.402 déportations, ne reste que Budapest.

Session 61
Dans la déposition d’Eichmann, il apparaît qu’il avait un plan pour les Juifs de Budapest ("selbstverständlich ist es vorgesehen, Budapest auch abzufahren"). Il dit par ailleurs que son rôle, attribué par Müller, était d’assurer l’évacuation la plus rapide possible de tous les Juifs vers Auschwitz.
Eichmann et les autres décideurs rentrent à Berlin, Wisliceny est envoyé à Bratislava, Dannecker reste sur place.
Arye Zvi BRESZLAUER, né dans un village près de Michalovce (Hongrois jusqu’en 18). Lors de l’occupation de la Hongrie par les Allemands, il était à Budapest. Il va rencontrer quelqu’un du groupe WALLENBERG qui lui fournira un passeport suédois. Il va s’occuper lui aussi d’opérations de sauvetage à partir d’août, quand il reçoit la carte qui lui permet de circuler librement dans la ville (organisation de Moshe KRAUSZ à la "Maison de verre" qui avait un statut d’extra territorialité). Le but était de rejoindre la Palestine via la Suisse avec des passeports collectifs. La situation change radicalement avec l’arrivée de Szálasi au pouvoir à la mi-octobre. Il détaille les évènements qui eurent lieu alors et les conditions épouvantables de la Fußmarch (200 à 220 km en 7 ou 8 jours).
Aviva FLEISCHMANN, née à Budapest. Elle raconte les conditions de la marche dans laquelle elle a été envoyée (en novembre) et des travaux qui lui ont été imposés ensuite.
Documents sur la Fußmarch : dans le rapport Kasztner, la déclaration Jüttner (T/692), la déclaration d’Eichmann (p.929). Termine le chapitre concernant la Hongrie.

Zvi Henryk ZIMMERMAN, avocat, membre de la Knesset. Il était au ghetto de Cracovie (mis en place en mars 41) jusqu’en mars 43. Une organisation clandestine s’y était mise en place sous le nom de "Ha-Sneh" (le Buisson, cf Exode 3:2) sous l’impulsion de départ d’étudiants de l’Université Jagellone. Lui faisait partie de la Résistance (Combattants Halutz de Dolek Liebeskind) qui cherche à préparer des caches d’armes, des faux papiers et maintenir des contacts avec l’extérieur. En mars 42 : première grande "Aktion" : plusieurs milliers de déportations. On leur dit que les déportés ont été répartis dans 4 ou 5 endroits différents dont Belzec sur lequel circulent des rumeurs inquiétantes. Ce n’est que fin 42 qu’ils sauront qu’il s’agit d’extermination. Il y aura alors une nouvelle Aktion d’envergure.
Les membres de la Gestapo qui s’occupaient du ghetto de Cracovie de façon continue s’appelaient KUNDE et HEINRICH. Se distingue BUSKO qui était l’un des gardes de la porte du ghetto et qui aidait dans la mesure de ses moyens. Il leur avait parlé d’Eichmann et du plan d’extermination. Il a été exécuté par les nazis.
A la liquidation du ghetto en 43, il a été transféré à Plaszow. En octobre 43 il s’en est évadé, est allé à Budapest où il vivait avec des papiers aryens et poursuivait les actions d’aide jusqu’en mars 44. Le Comité l’a ensuite fait passer en Roumanie d'où il est parti en bateau.
Leslie GORDON, né à Budapest mais de nationalité polonaise parce que son père était Polonais (lois en vigueur à l’époque en Hongrie). En juin 41, alors que les nazis occupent l’ensemble de la Pologne, ils doivent quitter le pays. Ils sont emmenés en trains puis camions conduits par des SS Totenkopf jusqu’à Kolomyia sur la rivière Prut. De ce groupe de 3 ou 400 Juifs dont beaucoup d’enfants, il est le seul survivant. Tous sont abattus dans des fosses qu’on leur fait creuser à Buczacz. Il y est témoin d’autres massacres, quotidiennement. Il parvient à s’évader. Il sera ensuite en Hongrie, soit dans des caches, soit en ghetto (à Keckemet), soit dans des camps.

Session 63 (02 juin 1961)
Documents : évocation du témoignage écrit de Hans Günther SERAFIM de l’Université de Göttingen qui a étudié la question de savoir ce qu’il advenait des officiers SS refusant d’obéir. Il n’a pas trouvé un seul cas de préjudice physique. T/1253 : un courrier d’Himmler à Kaltenbrunner du 19 mai 1943 sur l’utilisation de la croyance des meurtres rituels d’enfants par les Juifs à des fins de propagande dans divers pays et en particulier l’Ukraine.
Sont appelés ensuite deux témoins concernant la mort de Juifs de l’armée polonaise :
Avraham LEVINSON, né à Lublin. Il était au lycée quand la guerre a été déclarée. En 40 il est envoyé à Belzec pour creuser des tranchées (frontière germano-russe) durant plusieurs mois. Témoigne du fait que les gens y mouraient de typhus et de dysenterie. Il est ensuite ramené au ghetto de Lublin jusqu’à sa liquidation en octobre 42. Ils y étaient 40.000 dont 3 à 4.000 ont reçu une "Judenkarte" et ont survécu. Il raconte comment, en hiver 40, il a vu une marche de prisonniers de guerre Juifs amenés par l’armée polonaise à Lublin. Certains étaient pieds nus alors qu’il faisait -30°. Ils portaient l’uniforme de l’armée polonaise. Ils ont été tués et leurs corps amenés au Judenrat afin qu’ils soient enterrés.
D’autres prisonniers de guerre Juifs ont été amenés au "camp Lipowa 7" de Lublin géré par le SS DOLP. Après la liquidation du ghetto, ils étaient conduits au camp de Majdanek "champ 6" et tués puis incinérés.
Avraham BUCHMAN, charpentier. En août 39 il est appelé pour son service militaire en Pologne. L’unité dans laquelle il sert est capturée par les Allemands. Après être passés par différents camps, les soldats sont au Stalag 3b à Jessnitz sur l’Oder, en Allemagne. Là les Juifs (environ 300) sont séparés du groupe de soldats et renvoyés en Pologne (début 40). Ils seront transférés de nombreuses fois, de camp en camp, déplacements au fil desquels leur effectif montera jusqu’à 627. Il se souvient qu’au camp de Biala Podlaska ils ne sont plus que 280, tous les autres ayant été abattus.

Documents sur le "chapitre des camps".
T/1279 : le Brigadeführer GLÜCKS, officiellement en charge de la supervision des camps de concentration, fait connaître (le 21 novembre 42) l’ordre de rapport des décès de Juifs sur une liste collective et non plus individuelle comme les autres types de prisonniers. T/1284 : document paru dans un journal roumain après la libération. Ce sont des notes sur une réunion qui s’était tenue à Berlin les 26 et 28 septembre 42 sur les déportations de 600.000 Juifs du Gouvernement Général et 200.000 de Roumanie vers Treblinka, Belzec, Lublin, Chelmno et Sobibor.

Sur MAJDANEK

Yisrael GUTMAN. Actif dans la révolte du ghetto de Varsovie, il est blessé dans sa cache. Il en sort le 05 mai 43, il est conduit à l’Umschlagplatz à travers le ghetto en ruines et poussé dans le wagon d’un train déjà bondé. Ils s’attendent à être conduits à Treblinka mais arrivent à Majdanek. Il décrit le camp et ce qu’il sait de son fonctionnement au printemps 43. Lui-même sera finalement transféré à Auschwitz 1 (pas Birkenau). Il donne les informations qu’il connait quant à la révolte du Sonderkommando.

Session 64
Joseph REZNIK. Quand la guerre a été déclarée, il était dans l’armée polonaise. Fait prisonnier par les Allemands, il est envoyé (en 42) avec 240 autres hommes pour poursuivre la construction du camp de Majdanek commencée en 41. Ramené à Lipowa 7, il est renvoyé à Majdanek le 03 novembre 43, Feld 5, avec d’autres prisonniers de divers camps aux environs de Lublin. Ils sont dirigés droit sur les fosses (ce sera l'"Aktion Erntefest") après que 300 hommes (dont il fait partie) et 300 femmes aient été sélectionnés par le SS ROLFINGER et emmenés vers diverses baraques. Sous la direction de ce même SS ainsi que son adjoint RASCHENDORF, il sera ensuite envoyé dans un "Kommando 1005" dont il décrit les activités et conditions de vie jusqu’à l’évasion (4 survivants à ce jour).
Ya’akov FRIEDMAN vit dans le district de Lublin en 42, est considéré comme un Polonais aryen et travaille pour un agriculteur polonais. Il est arrêté un jour de septembre 42 dans le cadre de mesures aveugles de représailles suite à une attaque de partisans dans les environs, et mené à Majdanek. Il témoigne de tout ce qu’il a vu dans ce camp. En automne 42 il y verra Eichmann en inspection. Il sera libéré de Majdanek début 44 avec d’autres en tant que Polonais chrétien à la condition de ne rien dire de ce qu’ils y ont vu (ils signent un document en ce sens). Il ne connaît aucun cas de Juif relaché de Majdanek.
Document T/1289 : rapport du gouvernement Polonais sur Majdanek (Bulletin officiel PL n°4).

Sur SOBIBÓR

Dov FREIBERG
, né à Varsovie en 27. A la déclaration de guerre, il vit à Lodz. Du ghetto de Lodz il a été transféré à celui de Varsovie jusqu’en 42. Il parvient alors à s’évader et va dans le district de Lublin où il a de la famille. En mai 42 il est déporté et arrive à Sobibor. Il a 15 ans. Il fait partie des 100 personnes choisies ce jour-là. Il décrit les conditions de son arrivée et explique le fonctionnement du camp. Il évoque différents SS, leurs attributions et comportements (parmi lesquels un seul se comportait correctement, qui a d’ailleurs demandé et obtenu sa mutation). Il détaille les différents projets d’évasion et de révolte, jusqu’à celle qui a eu lieu le 14 octobre 43.

Session 65
Moshe Shkalek BAHIR, né à Plock, Pologne, en 1928. Déplacé de camp en camp durant plusieurs mois, puis déporté à la mi-mars 42 à Sobibór, dans le deuxième transport. Il a dû participer à la construction des bâtiments. Il explique le fonctionnement des différents Kommandos auxquels il a été affecté. Il affirme avoir vu la visite d’Himmler et Eichmann au camp en juillet 42.
Ya’akov BISKOWITZ. Début juin 42, sa famille est emmenée de Hrubieszow à Sobibor. Il avait 15 ans ½. A l’arrivée, ils ont attendu toute la journée dans les wagons. De ce train une douzaine de personnes ont été sélectionnées pour travailler au camp 1 (lui-même en tant que charpentier, avec son père dont c’était réellement la profession). Tous les autres ont été emmenés au camp 3 (où se trouvaient les chambres à gaz et les fosses). Là, 80 hommes ont été sélectionnés pour ce camp 3 (en tant que Sonderkommandos). Ils ont été tous tués peu avant la révolte. Il explique le fonctionnement du camp et ce qui s’est passé pour lui le jour de la révolte.
Document sur Sobibór du 19 mai 43 disant que l’Obersturmführer WIRTH, membre du RHSA, bureau Ia5, est promu "après la visite de Sobibor par le Reichsführer".

Sur CHELMNO

Michael PODCHLEWNIK vivait à Koło à la déclaration de la guerre. Les Allemands leur disent qu’ils les emmènent à Chełmno (entre Łódź et Poznan, appelé "Kulmhof" par les Allemands) pour travailler. Il part fin 41 dans un groupe de 30. Ils sont amenés à un château où se trouvent 30 SS. A la descente du camion ils sont enfermés dans une cave dans laquelle ils voient des graffitis de ceux qui les ont précédés et qui ne leur laissent pas d’espoir. Dès le lendemain matin il voit la première arrivée d’un groupe qui sera gazé dans un camion. Parmi les hommes de son groupe, certains sont employés à ramasser les affaires des Juifs qui ont été gazés, les autres sont "dans la forêt" et enterrent les corps dans des fosses. Il réussira à s’évader avec un ami.
Mordechaï ZURAWSKI était à Łódź en 44. Quand ce ghetto a été évacué, Hans BIEBOW * leur dit qu’ils vont aller à un camp de Leipzig pour travailler et que tout y sera bien pour eux. A Chelmno 6 hommes d’apparence solide (dont il fait partie) sont sortis du groupe et des chaînes leur sont mises aux pieds. Tous les autres sont enfermés dans une église jusqu’au lendemain où ils seront gazés dans les camions. Il raconte ce qu’on lui a fait faire comme "travail" au Waldkommando (couper des troncs d’arbre, vider les camions) et au Sonderkommando (brûler les corps). En septembre / octobre 44, les SS commencent à vider le camp. Il reste 100 prisonniers. Le 17 janvier 45 à la nuit, des SS arrivent pour les abattre en les emmenant 5 par 5. Il se jette sur les SS qui reviennent chercher un groupe de 5 dans la baraque, éteint la lumière, joue du couteau pour se frayer un passage et s’enfuit dans la forêt malgré une balle qui l’atteint à la jambe.

Session 66
Simon SREBRNIK était au ghetto de Łódź en été 43. Il est raflé dans une rue du ghetto où son père est tué devant ses yeux. Il a 13 ans. Il est emmené à Chelmno où on lui met d’emblée des chaînes aux pieds qu’il gardera jusqu’en 45. C’est la construction des baraques et du crématoire de plein air du Waldkommando puis les convois commencent à arriver. Lui devra récupérer l’or des dents sur les corps sortis des camions à gaz. Il décrit le quotidien qu’il a vécu et évoque la cruauté particulière du SS BOTHMANN *. Les prisonniers étaient normalement tués à intervalles réguliers et renouvelés, lui a été protégé de ces sélections, sans doute du fait de son jeune âge. 1.000 à 1.200 Juifs arrivaient chaque jour. Il évoque la tuerie de la dernière équipe (5 par 5, cf témoignage précédent) dont il est sorti vivant alors que la balle qui lui a été tirée dans la nuque est ressortie par la bouche, emportant deux dents.
Documents : T/1297 : rapport sur Chelmno par le Gouvernement Polonais et T/1299 : ordre de transfert des 85 hommes du SS Bothmann vers la Yougoslavie. Il s’agit de la division appelée "Prinz Eugen". Ce document indique qu’ils s’engagent à ne jamais parler de Chelmno.

Sur TREBLINKA

Ya’akov WIERNIK, né en 1889. Il est arrivé à Treblinka le 23 août 42. Il y avait alors 3 chambres à gaz. Il a participé à la suite de la construction. Dès 43, à Varsovie, il a dessiné un plan du camp (voir T/1300) puis en a construit une maquette. Il décrit le parcours des victimes, les chambres à gaz, le "Lazarett". Après la révolte, il va à Varsovie chez un ami Chrétien et fait partie de l’Armia Ludowa. Il écrit Un an à Treblinka à partir de notes prises alors qu’il était dans le camp. Le livre sera publié en 44 en Pologne et Angleterre.
Kalman TEIGMAN était au ghetto de Varsovie. Il a été envoyé à Treblinka le 04 septembre 42. Dans son convoi, 400 personnes ont été sélectionnées pour travailler, 200 au camp 1 et les 200 autres aux chambres à gaz. Il témoigne du fait qu’au début il y avait un train chaque jour, parfois même deux par jour, puis qu’il y en a eu moins après quelques mois et qu’ils étaient constitués de 60 wagons. Il évoque le "Lazarett" et le Scharführer MENTZ * qui y travaillait, surnommé Frankenstein tant il était laid. Il évoque les convois particuliers dont il se souvient : un train d’enfants, deux trains de Tziganes, un de Juifs de Grodno fin 42 qui ont refusé d’obtempérer et se déshabiller, même quand les SS et les Ukrainiens ont tiré dans la foule, et qui ont finalement été envoyés habillés aux chambres à gaz. Il se souvient de la visite de HIMMLER en janvier 43. Il évoque également différents SS, la réfection complète de la plateforme d’arrivée en 43 (la fausse gare), les tentatives d’évasion. Il termine avec les personnes actives dans la mise en place de la révolte et ce qu’il en a su et vécu personnellement le jour même.
Eliahu ROSENBERG, né en 1926. Il vivait à Varsovie dont il a été déporté le 11 juillet 42. Une trentaine d’hommes de son convoi ont été gardés en vie. Le lendemain matin, lors de l’appel, 20 prisonniers dont il fait partie sont sélectionnés pour le Totenlager par le Scharführer "MATTHIAS" *. Il explique comment y était menée l’extermination au camp 2 où les prisonniers étaient environ 200.
Avraham LINDWASSER, né en 1919. Il arrive de Varsovie à Treblinka le 28 août 42. Sur plus de 1.000 personnes de son convoi, seules deux ont été sélectionnées. Il dit qu’au ghetto ils avaient entendu parler de Treblinka mais ne pouvaient croire à l’extermination. Il est immédiatement envoyé au camp 2 en tant que "dentiste" (équipe de 4 à 6 prisonniers, voir ce mot dans le glossaire du site). Il se souvient également de la visite de HIMMLER en décembre 42 ou janvier 43.
Document T/1304 : rapport du Gouvernement Polonais sur Treblinka.

SESSION 67 (06 juin 61)

Sur BELZEC

Pas de témoin présent mais une déposition écrite dans le rapport du Gouvernement Polonais T/1316 + celui du SS Obersturmführer Kurt GERSTEIN T/1309 à T/1315.
Informations données : le centre d’extermination de Bełżec a fonctionné du 08 décembre 41 à la mi 43 avec un pic d’activité à la mi 42. Y ont été assassinés des Juifs de Tchécoslovaquie, Autriche, Roumanie, Hongrie et Allemagne. Toutes traces sont supprimées en 43 puis une ferme est construite sur les lieux où est établi un Volksdeutsche. Il en partira moins d’un an plus tard, à l’approche des troupes Soviétiques.

Le Tribunal appelle alors un dernier témoin avant de passer aux témoignages concernant Auschwitz.
David WDOWINSKI, professeur de psychologie et psychiatrie à New York. Il vivait à Varsovie et dirigeait l’Organisation Nationale Militaire Juive du ghetto. A ce titre il a pris part à la révolte. Il a été pris la dernière semaine d’avril 43 et amené à Majdanek puis à Budzyn (sous-camp de Majdanek) où l’Oberscharführer FEIKS * manquait de prisonniers pour une usine d’aviation (Heinkel). En ce qui le concerne, il y est affecté en tant que médecin. En octobre 43, tous les prisonniers des camps des environs sont emmenés à Majdanek où ils sont gazés. Seul Budzyn serait resté en l’état du fait de l’importance de l’usine et devenu camp de concentration en janvier 44.

SESSION 68

Sur AUSCHWITZ

Yehiel DINUR, né en Pologne, écrivain connu sous le nom de K. Zetnik. Il parle quelques minutes puis perd connaissance et s’effondre. Interruption de séance. Un nouveau témoin est appelé à la barre.
Joseph Zalman KLEINMAN, né en 1930. Il est arrivé à Auschwitz à 14 ans avec ses parents et son frère. Emmené à Auschwitz 2, camp A, il n’a jamais revu aucun membre de sa famille. Plus tard, tous les moins de 16 ans ont été regroupés au camp D. Ils ne travaillaient pas. Ils étaient plusieurs centaines, non tatoués. Ils avaient des relations avec les membres du Sonderkommando qui leur donnaient de la nourriture. Il évoque la sélection de 1.000 jeunes pour les chambres à gaz par les SS THILO et MENGELE lors de Roch Hachana puis une autre pour Kippour (quelques semaines après l’extermination des Tziganes). Plus tard sera constitué un groupe de travail de 1.500 jeunes (environ 50 survivants) pour Kaufering (sous-camp de Dachau) dont il fera partie.
Yehuda BACON, né en 1929, artiste, vivait à Morawska Ostrava, en Tchécoslovaquie lors de la déclaration de la guerre. Il a d’abord été déporté à Theresienstadt en 42 puis à Auschwitz Birkenau en décembre 43. Il avait alors 14 ans. Il était avec ses parents et sa sœur, il est le seul survivant. Il sera au camp des familles Tchèques où se trouvaient déjà 3.500 personnes des 5.000 déportées par les convois précédents. Il évoque le devenir de Jacob EDELSTEIN (Ältester de Theresienstadt) et l’arrivée de 7.500 autres personnes de Terezin. Ensuite ce sont les sélections par les SS SCHWARZHUBER et MENGELE : 89 enfants de 12 à 16 ans sont mis à part et transférés au Zigeuner Lager, les 18-40 ans partent vers un autre camp, les autres Theresienstädter vers les chambres à gaz. Les enfants sont séparés (Block 13, près de ceux des Sonderkommandos). Fin juin 44 il est affecté au Rollwagen Kommando, 20 enfants tirant chacune des deux charrettes.  Ils avaient à transporter de tout dans toutes les parties du camp, y compris aux crématoires. Il évoque divers aspects du camp et le fait que les hommes du Kanada et du Sonderkommando leur faisaient passer de la nourriture quand ils pouvaient. Il a participé aux marches de la mort et pesait 30 kg quand il a été libéré. Il a fait la plupart de ses dessins sur Birkenau en juin.
Alfred OPPENHEIMER vit au Luxembourg depuis 1926. Les Allemands y sont arrivés le 10 mai 40. Ils ont regroupé les Juifs dans un monastère. Il y avait alors 2.000 à 2.500 Juifs au Luxembourg ainsi que 800 à 2.000 réfugiés (le Grand Duché du Luxembourg et son gouvernement donnaient des visas à tous les Juifs qui en demandaient). La Gestapo a exigé un interlocuteur unique : ce fut lui (il faisait auparavant partie du Consistoire). Il a été déporté pour Theresienstadt puis Auschwitz début octobre 44. Il est parti au sous-camp de Gleiwitz (fabrication de pièces pour canons). Lors de l’évacuation (marches de la mort) il parvient à rester au camp en se cachant avec deux amis. Ils seront témoins du retour des SS qui viendront incendier des baraques avec les prisonniers à l’intérieur, quelques jours avant l’arrivée des Soviétiques.

SESSION 69
Aharon BEILIN, médecin. Déporté en février 43 de Bialystok à Auschwitz Birkenau (10.000 Juifs du ghetto en deux convois sur deux jours). A son arrivée, c’est le Dr RHODE * qui fait la sélection avec SCHWARZHUBER. Il évoque les différents Kommandos dont il a fait partie jusqu’à ce qu’il soit "Pfleger" (infirmier) au camp des Tziganes dont il témoigne dans tous les aspects. Il évoque également les médecins du Sonderkommando puis les particularités de la marche de la mort à laquelle il a été contraint, qui l’a amené à Krumholz (aujourd’hui Krassnegora) en tant que chimiste.
Deux témoins dont les dépositions seront anonymes expliquent les expériences de stérilisation avec ablation des testicules qui ont été menées sur eux à Auschwitz, pour l’un fin 42, il avait 16 ans ½, pour l’autre en avril 43.

SESSION 70
Raya KAGAN, née en 1910 à Charkow, Russie. En 37 elle vient de Vilna à Paris pour des études d’histoire. Raflée le 27 avril 42, elle sera dans le premier convoi de femmes juives parties de France (22 juin 42). Le lendemain de leur arrivée, 4 femmes seront sélectionnées pour la Politische Abteilung et le Standesamt. Il s’agit du registre civil où figurent les naissances, mariages et décès. Bien entendu, pour les prisonniers, il ne s’agissait que des morts. Lorsqu’une personne était morte, lui parvenait son "Aufnahmebogen" (questionnaire d’entrée) avec les feuilles de punitions corporelles éventuelles qui y étaient jointes et les courriers quand il en avait reçu (qui n’avaient pas été délivrés au destinataire, bien entendu). Quand les prisonniers arrivaient après enquête, il y avait aussi le rapport de la Gestapo. Ces dossiers lui étaient transmis par la Registratur. Elle devait écrire les causes de la mort en choisissant entre pneumonie, dysenterie, arrêt du cœur, … Lorsqu’il y avait l’indication "SB" (Sonderbahandlung : littéralement "traitement spécial") les dossiers étaient détruits par KIRSCHNER. A partir de février 43, ils ont cessé d’enregistrer les Juifs parce qu’il y en avait trop…
Elle témoignera également du camp des femmes d’Auschwitz 1 avant l’existence de Birkenau et de la révolte du Sonderkommando ("brièvement" demande le Juge, en outre Me Servatius l’interrompt et le juge Halévy lui dit ensuite "ce n’est pas ce que je vous demande"…).
En janvier 45, avant l’évacuation, une semaine est entièrement occupée à brûler tous ces documents à Birkenau.
Esther GOLDSTEIN a été déportée de Hongrie en mai 44. Dans ce convoi ils n’ont pas été tatoués. Lui sont montrées des photos prises par un SS à Auschwitz sur lesquelles elle figure et reconnaît des membres de sa famille et des habitants de sa ville. Elle était au camp C de Birkenau, à 1.000 femmes par Block avec une gamelle pour 12, sans cuiller. Toutes les semaines DRECHSLER et MENGELE pratiquaient des sélections. Elles ont été transférées en août.

SESSION 71
Vera ALEXANDER, née en Slovaquie, critique d’art. Elle se souvient de photos parues dans la presse de l’époque représentant la déportation sous un jour positif avec des visages heureux, etc. En avril 42 elle est arrêtée, transférée au camp de Zilina (garde Hlinka) en Slovaquie puis à Auschwitz. Rasées, on leur attribue des uniformes Russes comme vêtements. Elle est affectée au Landwirtschafts Kommando où le travail ne semble avoir aucun sens. Plus tard, Blockälterster au Block 3 du camp A (quarantaine) elle témoigne de la difficulté d’être dans l’obligation d’obéir aux ordres tout en voulant nuire le moins possible aux prisonniers. Elle a été aussi Blockältester au camp C.
Nachum HOCH, né en 28 en Roumanie, il a été déporté en 44 de Borsa à Auschwitz avec ses parents et trois sœurs. Il a été le seul sélectionné à l’arrivée. Le 12 octobre 44, cent jeunes de 14 à 16 ans sont emmenés aux Blocks fermés (11 & 13 ou 9 & 11) de Birkenau. Ils savaient qu’il s’agissait de l’antichambre des crématoires. Il raconte leur rébellion (qui n’a pas réussi) puis comment il a fait partie (cf Herman GOLDBERG, Jack BARR et Jo WASJBLAT) des jeunes que MENGELE a ressortis de la chambre à gaz.
Ben-Zvi GEDALIA a été déporté de Bratislava, Slovaquie, à Majdanek le 25 mars 42. Deux mois plus tard il est transféré à Auschwitz Birkenau. Il avait 16 ans. Il est tatoué à la fois sur la poitrine et sur le bras (voir la page sur les tatouages sur le présent site). Il évoque le Bauleitungsmagazin ou il a travaillé, le Block 11, les Stehzelle, les Blockältester, le Kanada (dont il a fait partie durant un an). Fin 44 il était dans un groupe de prisonniers transférés à Stutthof (camp près de Gdansk / Danzig pour les Allemands). Ils n’ont pas essayé de s’évader parce qu’ils étaient convaincus que les conditions ne pourraient être que meilleures, en fait elles furent pires. Il est parvenu à s’évader avec un ami lors des marches de la mort.
Mordechaï CHEN est anesthésiste. Durant la guerre, il était médecin pour l’armée Britannique. Il a visité le camp de Belsen quelques jours après la libération. Ils étaient en état de choc. Son ami était photographe, il a pris des photos en se disant que sans cela on ne parviendrait pas à les croire dans l’avenir.

SESSION 72 (09 juin 61)
Documents pour clore sur Auschwitz :
T/1346 : témoignage par les dessins de Zofia Rozenstrauch (visibles ici sur le site Nizkor)
T/1356 : témoignage de Höß à Cracovie (inclut d’autres témoignages de survivants)
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T/1359 : ordre que les femmes ne soient plus envoyées à Ravensbrück mais à Auschwitz.
T/1362 : déposition du SS Hauptsturmführer Georg MICHELSON du 21 janvier 61 à Hamburg. Il s’occupait des déportations dans le Gouvernement Général et en particulier du ghetto de Varsovie et de la révolte.
Documents sur les squelettes de Strasbourg.
Documents sur les stérilisations.
T/1384 : explication de l’Aktion Reinhard par O. POHL

SESSION 73
Shalom CHOLAWSKI, vivait en Biélorussie. Le 30 octobre 41, regroupement de 85 % des Juifs de la ville (4.000 personnes) qui seront abattus dans des fosses à proximité. Le 21 juillet 42 c’est la révolte du ghetto de Nesvizh. Après des échanges de tirs, le feu est mis au ghetto, certains parviennent à s’enfuir dans la forêt où ils retrouvent d’autres Juifs enfuis d’autres ghettos. Ils mettent en place un groupe de Juifs combattants et un campement pour les familles. Il estime qu’il y avait environ 15.000 combattants dans les forêts au total. Les Allemands les cherchaient et pratiquaient des chasses à l’homme.
Aharon HOTER-YISHAI était en Europe en 45 à la fin de la guerre en tant qu’officier du 2nd Bataillon de la Brigade Juive qui faisait partie de la 8è armée Britannique. Il coordonnait les activités de la Brigade Juive. Il a eu à connaître des dizaines de camps et témoigne de la mortalité qui restait considérable malgré les soins. Il évoque les difficultés.

Fin des témoignages.

Volume IV
 : session 75 à 107 : interrogation de l’accusé sur les divers sujets.
Volume V : session 107 à 121 : idem jq 121 : sentence.
Volume VI : appel 
Volume VII & VIII : déclarations d’Eichmann (à la police d’Israël, avant le procès)
Volume IX : documents soumis au Tribunal.


 

Oberscharführer Alfred SLAWIK, né en 1913 à Vienne. Février 39 : à la Zentrastelle für judische Auswanderung à Vienne, Autriche. Octobre 39 : accompagne des convois de Juifs à Nisko. A partir du printemps 42 : en Slovaquie. A partir de 43 : à Salonique, Grèce. Automne et hiver 43 : à Athènes. Mars à décembre 44 : à Budapest, Hongrie. Arrêté en 46, livré à la justice autrichienne en 47, condamné à 5 ans de prison en septembre 49, libéré en mai 1950.

Brigadeführer Edmund VEESENMAYER (1904-1977). NSDAP en 25, SS en 34. A Bratislava de novembre 38 à mars 39. A officié en particulier en Yougoslavie, Croatie (en 41) et Hongrie (printemps 43 à mars 45). Subordonné de Kaltenbrunner et von Ribbentrop, collaborateur d’Eichmann. En procès en 49, il est condamné à 20 ans de prison. Sa peine est réduite à 10 ans en janvier 51, il est libéré en décembre 51.

Ferenc SZALASI (1987-mars 46) faisait partie de l’Etat-Major Hongrois. Il a fondé les Croix Fléchées, parti nationaliste et antisémite qui a d’abord été interdit et son leader incarcéré (en 39/40). Mais quand les troupes allemandes envahissent le pays, ce parti est à nouveau autorisé. Le 15 octobre 44, lorsque Horty annonce la signature d’un armistice entre Hongrie et Union Soviétique, les Allemands le remplacent par Szálasi. Sous son gouvernement les déportations reprennent. Il sera jugé en 46, condamné à mort et exécuté.

Obersturmbannführer Kurt BECHER (1909-août 1995). Entré dans la SS en 34. Arrivé en Hongrie en mars 44. Arrêté en mai 45 par les Alliés il n’est pas poursuivi mais entendu comme témoin. L’historien Yehuda Bauer fait partie des historiens qui affirment que Becher s’est constitué une fortune en Hongrie sur les biens Juifs. Après guerre, il devient un riche businessman à Brème. Il témoigne (par écrit) au procès d’Eichmann. Il deviendra propriétaire de nombreuses sociétés dont la Handel Gesellschaft de Cologne qui a beaucoup travaillé avec Israël.

Hans BIEBOW (1902-avril 47) était le chef de l’administration allemande du ghetto de Lodz dont il a substantiellement tiré profit. En 45 il s’est caché en Allemagne mais a été reconnu par un survivant du ghetto. Arrêté, extradé, il est jugé à Łódź. Condamné à mort, il a été exécuté.

Hans BOTHMANN (1911-1946) entre à la SS en 33. Affecté à Poznan en septembre 39. Au printemps 42 il est à Chelmno en remplacement de Lange. Il y revient en avril ou juin 44 (plus de 7.000 Juifs du ghetto de Łódź sont assassinés entre 23 juin et 14 juillet) puis fait disparaître les traces ("Kommando 1005") et abat ensuite les derniers prisonniers durant la nuit du 17 au 18 janvier 45. Il revient alors en Allemagne et est arrêté par les Britanniques. Il se suicide dans sa cellule le 04 avril 46.

SS Willy MENTZ, né en 1904. Il entre au NSDAP en 32. Il participe à l’opération T4. Il est à Treblinka de l’été 42 à novembre 43, sucessivement affecté aux deux parties du camp puis au Lazarett. Jugé, il sera condamné à perpétuité.

SS Arthur MATTHES, né en 1902. Infirmier pour T4, il arrive ensuite à Treblinka en été 42 où il s’occupe des gazages, puis à Sobibor en septembre 43 et ensuite à Trieste. Après guerre il redevient infirmier dans des cliniques en Allemagne jusqu’au procès de Treblinka en 1965 où il est condamné à la prison à vie.

Oberscharführer Reinhold FEIX, après avoir été à Belzec, il devient le 3è commandant du camp de Budzyn, de décembre 42 à août 43, dont il semble avoir été le plus cruel. Il se serait pendu dans un camp de travail Soviétique.

Obersturmführer Werner RHODE (1904-1946) : voir la page des biographies de SS concernés par Auschwitz (sur le présent site).

 [Page mise en ligne en octobre 2009]


Des liens vers des présentations concernant le procès (vidéos):
série 1 "nous étions témoins au procès Eichmann" /
série 2 "il y a 50 ans, le procès Eichmann"