photo archives salle procès Auschwitz FrancfortDans cette page, je propose l’essentiel des éléments biographiques concernant les 24 accusés originellement prévus au procès d’Auschwitz qui s’est tenu à Francfort d’octobre 1963 à août 1965. Finalement, Richard Baer est mort en détention préventive avant la tenue du procès proprement dit et trois autres : Heinrich Bischoff, Gerhard Neubert et Hans Nierzwicki ont été jugés incapables de participer aux débats pour raison de santé. Ce sont ainsi 20 personnes qui ont effectivement été jugées lors de ce procès.
Le détail des actes d’accusation concernant leurs agissements à Auschwitz pour lesquels ils sont inculpés lors de ce procès est traité dans une sous-rubrique, et la liste des peines infligées dans une autre.

BAER, Richard.  Né à Floss (Palatinat/Bavière) le 9 septembre 1911. Ecole primaire puis formation de confiseur en apprentissage. Membre du parti NS fin 1930, il adhère à la SS en juin 32 (n°44 225) et abandonne son métier. En avril 33 il arrive à Dachau comme garde où il reste un an et demi et où il est promu Rottenführer. Il est ensuite muté à Oranienburg et promu simultanément Unterscharführer. En 37 il est à Sachsenhausen et en 38 à Buchenwald. Il y devient commandant de compagnie et Untersturmführer. Il part ensuite pour Neuengamme où il entre dans une division Totenkopf. Il est déplacé en France, à Korbach et promu Obersturmführer. Son unité est déplacée en Prusse-Orientale, il y est blessé durant l’hiver 41 (et soigné par Wirths qu’il retrouvera donc à Auschwitz mais qui officiait alors à Neuengamme). Il se marie en janvier 42. Il reste à Neuengamme en tant qu’officier d’ordonnance du commandant du camp jusqu’en novembre 42. Promu Hauptsturmführer. Il est ensuite muté à Berlin où il devient officier d’ordonnance de l’Obergruppenführer Pohl. Promu Sturmbannführer. Il arrive à Auschwitz comme commandant du camp le 15 mai 1944, poste qu’il conserve jusqu’à l’évacuation.  À partir du printemps 45, il se fait embaucher chez différents agriculteurs et prend le nom de Karl Neumann. Il est arrêté en décembre 1960 mais ne pourra être jugé à Francfort parce qu’il meurt en détention en juillet 1963.

BARETZI, Stefan. Rottenführer. Né le 24 mars 1919 à Czernowitz en Roumanie. Fils de mécanicien. Il a une sœur et deux frères. Formation scolaire jusqu’en 36. Leur père est mort en 38 ou 39. En automne 42 il est envoyé à Auschwitz en tant que SS. En mai 43 il est mis aux arrêts durant 21 jours pour bagarre avec des membres de la Wehrmacht en état d’ébriété. Membre de la Wachsturmbann et Blockführer à Birkenau du printemps 1942 à janvier 45. « Le redoutable Blockführer S. Baretzki » le nomme l'historien survivant H. Langbein. Il participe activement aux sélections et accompagne les victimes vers les fours crématoires pour leur gazage. En mai 45 il est capturé par les Soviétiques et relâché en août de la même année. Il ne s’est pas marié. En 55 il est condamné à une amende pour résistance à l’autorité publique et en 56 à une autre amende pour coups et blessures. En détention préventive depuis avril 1960, il se suicide en prison le 21 juin 1988 à Bad Nauheim (Allemagne).  

BEDNAREK, Emil. Né le 20 juillet 1907 à Königshütte (= Chorzów, Pologne). Son père travaillait dans les mines. Il a 4 frères et sœurs. Il suit une formation commerciale. À partir de 1920 il travaille à la mine. En 1927 il fait son service militaire en Pologne. Il se marie en 33 et il a deux enfants. Lors de la déclaration de guerre, il est rappelé dans l’armée Polonaise. Après une courte captivité, il travaille comme comptable dans une briqueterie. En avril 40 il est arrêté par la Gestapo pour appartenance à un mouvement de Résistance Polonais. Le 7 juillet 40 il est envoyé à Auschwitz, n° 1.325, où il restera jusqu’à l’évacuation. En tant que Volksdeutscher, il bénéficie d’un statut particulier. Il devient ainsi rapidement (octobre 40) Blockältester (au Block 8). En hiver 42/43 il est déplacé à Birkenau dans un Kommando de travail. Quelques semaines plus tard, il devient à nouveau Blockältester de la compagnie disciplinaire. À l’évacuation, il est transporté à Mauthausen avec environ 45 autres Polonais où il reste jusqu’à la libération du camp par les troupes Américaines. Il revient ensuite dans sa famille à Königshütte. En 47, il ouvre un café à la gare de Schirnding (Bavière) qu’il agrandit au fil du temps (kiosque, magasin d’alimentation) où il vit maritalement. Lors de sa déposition auprès du juge d’instruction, il déclare n’avoir jamais tué aucun prisonnier. Lors du procès ensuite, nombre de témoins racontent les circonstances dans lesquelles ils l’ont vu de leurs propres yeux. Il est décrit comme extrêmement brutal et sadique. En détention préventive depuis novembre 1960. Libéré le 1er décembre 1975. 

BISCHOFF, Heinrich. Unterscharführer. Né le 16 juillet 1904 à Überruhr (Allemagne). Fils de mineur. Son père est mort d’un accident en 26 et sa mère en 31. Il ne peut poursuivre d’études au-delà de 1917 pour situation de guerre. À 13 ans il travaillait aux mines de charbon jusqu’à ce qu’il soit au chômage (de 31 à 33). Il se marie en 29. Il entre au parti NS en 31 et dit en avoir été exclu en 34. Il est ensuite chauffeur à l’hôpital de la mine. En juillet 42 il entre aux SS Totenkopf et arrive à Auschwitz quelques jours plus tard. Il est d’abord affecté au service de surveillance. Il est ensuite muté à Golleschau, camp annexe. Il est ensuite Blockführer à Birkenau. Il s’occupait parfois de la surveillance de la Rampe. En septembre 43 il est de nouveau muté dans un camp annexe comme chef de bloc, à Schwientochlowitz. Fin 44 il change à nouveau de camp extérieur. À la mi-janvier 45 c’est l’évacuation vers Gross-Rosen, qu’il accompagne. Il part alors au front où il est blessé. En mai 45 il est capturé par les Américains qui le relâchent en août de la même année. Il retourne travailler à la mine. Victime d’un sévère accident en 48, il reste invalide. Un infarctus du myocarde entraîne son invalidité complète en mai 57. Son accusation ne sera finalement pas menée à terme pour raisons de santé.

BOGER, Wilhelm. Oberscharführer. Né le 19 décembre 1906 à Stuttgart. Il quitte les études en 1922, il a 16 ans, et entre aux Jeunesses hitlériennes, alors à peine connues, où il reste jusqu’en 29, il entre alors au parti NS et à la SS en 1930 (n°2 779), il est alors Hauptsturmführer. En 31 il se marie, il aura 2 fils et sa femme obtient le divorce pour faute en 41. Il se remarie deux mois après et aura trois filles. Dans le dossier constitué lors de ce mariage, il est écrit qu’il "vient d’une famille héréditairement chargée" (aus einer erblich belasteten Familie), information complétée par les formules suivantes : "son père est présenté comme un obsédé sexuel et son frère comme un psychopathe instable, fréquemment condamné" ("Sein Vater wird als geschlechtlich unmässig bezeichnet, und sein Bruder ist haltloser Psychopath, häufig vorbestraft").  En 33 il est appelé, en tant que membre de la SS, au service de police (Hilfspolizei) puis au service de la police politique. De l’automne 36 au printemps 37, il prépare l’école professionnelle de police et réussit l’examen. De 37 à 40 il occupe différents postes en rapport avec cette formation. Il passera un court laps de temps en prison à Berlin à cette époque pour aide à l’avortement (jusqu’en décembre 40). En novembre 41 il part au front dont il revient blessé à la mi-mars 42. D’après ses indications, c’est en décembre 42 qu’il arrive à Auschwitz en tant que SS Totenkopf, au grade de Sturmbann. Etant donné sa formation, il est versé au service politique du camp. Son activité concerne donc les faits criminels ayant eu lieu dans le camp. Plus tard y sera ajouté le service d’information. Il reste de décembre 42 à janvier 45. Il est alors Oberscharführer. Il était surnommé "le diable de Birkenau" pour sa cruauté, le savait et en concevait de l’orgueil. Un moyen de torture était nommé "la balançoire de Boger". "Il était particulièrement anti Polonais et volait beaucoup, comme Grabner" écrit H. Langbein. Dans les derniers jours de janvier 45, il emporte, avec l’aide de l’Untersturmführer Schurz (son adjoint), l’Oberscharführer Kirschner et le SS Pery Broad, un camion chargé de dossiers vers Buchenwald. Il rejoint ensuite Dora avec eux, puis Nordhausen où il reprend son activité au service politique. Il encadre 5 000 prisonniers de ce camp dans la marche d’évacuation jusqu’à Ravensbrück puis part à Ludwigsburg (où vivent ses parents). Il y est arrêté en juin 45 par la police militaire américaine. En novembre 46 il doit être livré à la Pologne et réussit à s’enfuir. Durant 3 ans, il va travailler chez des agriculteurs. En juillet 49 il est arrêté et emprisonné à Lüneburg  jusqu’en août (pour violences lors d’un interrogatoire en 36). En détention préventive depuis octobre 1958. Meurt le 3 avril 1977.

BREITWIESER, Arthur. Unterscharführer. Né le 31 juillet 1910 à Lwow (Lemberg). Obtient le Bac en 31 puis fait des études de droit à l’université jusqu’en 36. Pendant ses études il devient membres du "parti de la jeunesse Allemande" (Jungdeutschen Partei). Il travaille comme conseiller juridique. En novembre 39 il entre à la SS. Il est "formé" à Varsovie et Buchenwald et envoyé à Auschwitz en mai 40. Il est dans l’administration puis aux "magasins" d’Auschwitz 1 (Häftlingsbekleidungskammer). En octobre 40 il est Sturmmann. Un an plus tard il revient dans un service de l’administration du camp. En juillet 41 il est Rottenführer. Il est notamment accusé d’avoir été parmi les premiers à expérimenter le gaz Zyklon B sur des victimes humaines en octobre 41 (témoignage de Motz, de Varsovie, ingénieur civil et de Schlupper notamment). Il était en compagnie de Frisch, Hauptsturmführer. Ces expérimentations de gazage ont eu lieu dans les caves du Block 11 sur des prisonniers Russes. Il avait été informé sur le Zyklon B, explique-t-il, à Hambourg durant l’été 41. Dans le service où il travaillait, il devait assurer la désinfection des locaux et des vêtements. En février 43 il est promu Unterscharführer. En avril 44 il est muté à Monovitz. Il accompagne la marche d’évacuation jusqu’à Buchenwald. De là, il est déplacé, avec d’autres SS, à Ohrdruf. Il est capturé. En décembre 46 il est livré à la Pologne. Il est condamné à mort au procès de Cracovie en décembre 47 ("verurteilte das Oberste Volkstribunal zur Todesstrafe wegen seines niederträchtigen Charakters"), où ses juges sont particulièrement choqués par le fait que cet homme qui a grandi et a été formé en Pologne, bien que citoyen Allemand, se soit retourné contre la Pologne et les Polonais au camp d’Auschwitz ("Dieser Angeklagte dankte dem polnischen Staate, auf dessen Territorium er geboren und erzogen wurde, damit, daß er im Konzentrationslager Auschwitz, dessen Hauptziel die Extermination der Polen war, die Häftlinge polnischer Nationalität schlug und sie bei den Lagerbehörden denunzierte.") L’année suivante (janvier 48) la peine a été commuée en perpétuité et après onze ans de détention (18 janvier 59) il est libéré. Il a travaillé ensuite comme comptable. Il sera donc parmi les accusés du procès de Francfort, détention préventive du 9 au 22 juin 1961. Il meurt en 1978.

BROAD, Perry. Unterscharführer. Né le 25 avril 1921 à Rio. Son père était Brésilien et commerçant, sa mère Allemande. Il naît à Rio de Janeiro, mais vient seul avec sa mère en Allemagne peu après sa naissance. En 26 il vit à Berlin. De 31 à 36 il était membre des Jeunesses hitlériennes. Il poursuit ses études jusqu’en 41 (école technique). En 42 il devient membre de la SS. Son bataillon est envoyé au front, lui à Auschwitz pour cause de myopie (?). Il est affecté à la surveillance mais demande à changer de service et faire partie de l’administration. Grabner (chef du service politique "Politische Abteilung") l’y fait venir en juin 42. À l’exception des mois de juin et juillet 44 où il est allé en formation, il est resté au service politique jusqu’à l’évacuation du camp en janvier 45. Il est décrit comme musicien, cultivé et insaisissable. Il prenait régulièrement part aux exécutions au Bunker [du Block 11 ou du K I] ou au mur noir. En tant que membre du service politique, il participait aux sélections des Juifs arrivant par les divers convois. Il encadrait aussi des transports en camions de prisonniers sélectionnés vers les chambres à gaz. Il est parti d’Auschwitz dans un camion chargé des dossiers du service politique avec d’autres membres de la SS. En mai 45 il a été capturé par les Anglais qui l’ont relâché en 47. Il se marie en 48, divorce en 55 et se remarie en 58. Il n’a pas eu d’enfant. Il a alors travaillé comme employé commercial dans une scierie jusqu’en 1953. Cette entreprise ayant fait faillite, il reprit ce même emploi à Brunswick. En détention préventive d’avril 59 à décembre 1960 puis de novembre 64 à février 66. Meurt en février 1994.

CAPESIUS, Victor. Sturmbannführer. Né le 07 février 1907 à Reussmarkt (= Miercurea Sibiului, Roumanie). Il est allé à l’école Hongroise et Allemande. Il obtient son bac en 24 puis étudie la pharmacie. En 31 il fait son service militaire Roumain (1 an). Il reçoit son diplôme en octobre 33. Il se marie en 34, il a trois filles. Jusqu’en août 43 il travaille comme visiteur médical et occasionnellement à la pharmacie de l’hôpital de l’armée de terre Roumaine de Cernavode. Du fait de la convention entre l’Allemagne et la Roumanie, il devient Allemand en août 43. Il est versé dans la SS comme pharmacien avec le grade d’Hauptsturmführer. Il fait de courtes durées à Berlin (service central de santé) et Dachau puis est appelé à Oranienburg où il est chargé, en décembre 43, de la direction de la pharmacie d’Auschwitz. Il n’y arriverait pourtant qu’en février ou avril 44 (Capesius dit avril, mais certains documents évoquent février, notamment la date de la mort de Krömer : 18 février 44) en remplacement d’Heinrich Kühler (muté à Plazow) et deux semaines avant la mort de Adolf Krömer, le SS qu’il remplacera finalement. En novembre 44 il est promu Sturmbannführer. Il travaille et sélectionne avec le médecin SS Mengele. Il va sur la rampe comme tous les officiers de santé. Beaucoup le connaissaient au procès, des convois de Hongrie notamment, et a été évoqué notamment le fait qu’il "organisait" beaucoup et s’enrichissait en volant les objets de valeur des victimes gazées. À l’évacuation du camp, il part à Berlin. À Pâques 45 il est capturé par les Anglais qui le libèrent en juin 46. Il va s’installer à Stuttgart sous son véritable nom et ne peut exercer son activité en tant qu’ancien SS. Il étudie l’électrotechnique. Reconnu par un témoin, la police militaire Américaine l’arrête. Il est détenu quelques semaines à la prison de Munich puis envoyé à Dachau et Ludwigsburg. Il est libéré en août 47. Il travaille ensuite comme pharmacien jusqu’en 1950 et ouvre ensuite sa propre pharmacie puis un salon de beauté. Il est financièrement très aisé au moment du procès à Francfort. Il entre en préventive en décembre 59 et sera libéré en 68. Il meurt en 1985 à 78 ans.

DYLEWSKI, Klaus. Oberscharführer. Né le 11 mai 1916 à Finkenwalde (= Finkenwalde, quartier de Stettin / Szczecin). Fils d’un mineur. Il a grandi près de Katowice parce que son père avait pris la nationalité Polonaise après la 1ère guerre. Scolarisé de 22 à 35, il a ensuite entrepris des études aéronautiques validées par un premier examen en 38. Il interrompt ces études en 39 pour s’engager dans la SS puis cherche à revenir sur cette décision pour reprendre ses études mais cela lui est refusé et il est envoyé à Dachau en tant que SS Totenkopf de régiment d’infanterie. À ce titre il participe à l’expédition de France. En septembre 1940, il est muté en tant que Sturmbann à Auschwitz. Après un congé de quatre mois pour études, il est employé au service politique du camp (avec des périodes d’études en décembre 42 / janvier 43 et du printemps à l’été 44). Cela signifie qu’il prend part aux sélections. En novembre 41 il est promu au grade d’Unterscharführer, et d’Oberscharführer en avril 44. En août 44 il est muté au bureau de l’administration centrale à Berlin pour la construction d’un ouvrage souterrain qui sera effectué par les prisonniers du camp de Hersbruck (en Bavière). En 45 il n’est pas capturé et travaille comme adjoint horticole à Hambourg sous le nom de Peter Schmidt jusqu’en 47. (Il réussira à conserver ce nom, avec de faux papiers, jusqu’en 1952). Il reprend ensuite des études qui lui permettent de devenir professeur dans le domaine industriel, puis expert en matériel technique à Düsseldorf à partir de 52 et jusqu’à la date du procès. Il s’était marié en 43, avait eu une fille, puis avait divorcé en 52 pour se remarier en 53 et a de nouveau eu une fille. Au moment du procès, il annonce avoir des problèmes de santé (cerveau mal irrigué) qui auraient commencé lorsqu’il est allé à Auschwitz. Préventive d’avril à mai 59, de décembre 60 à mai 61 et incarcéré d’octobre 64 à 1968 où il est libéré.

FRANK, Willy. Hauptscharführer. Né le 9 février 1903 à Ratisbonne (Regensburg). Il passe le Bac en 23 puis poursuit des études de mécanique à Munich. Ingénieur de 27 à 29. Il entreprend ensuite des études de dentiste. Il dit être entré au parti NS en 33 et à la SS en 35. Dans son dossier personnel, son curriculum vitae écrit de sa propre main indique : "je suis entré au parti NS en 22 dans le groupe local de Ratisbonne" (1922 trat ich als Gründungsmitglied der Ortsgruppe Regensburg der NSDAP bei), se décrit comme très engagé, très actif, et plus loin mentionne qu’il réitère sa demande d’affiliation au parti NS en 31 parce que sa 1ère demande se serait perdue ("Im Herbst 1931 beantragte ich in Regensburg, wieder meine Aufnahme in die NSDAP […] aber ging nach Angaben des Kreisleiters mein Aufnahmeantrag verloren") et de nouveau en 33 à Munich, puisqu’il a quitté Ratisbone depuis longtemps ("Da ich von Regensburg nichts mehr hörte, ließ ich mich im April 1933 in München abermals in die NSDAP aufnehmen.") Il se marie en décembre 34. Il s’installe comme dentiste indépendant puis postule à la SS où il commence en septembre comme dentiste de l’état-major. Il a un fils en 37 et une fille en 39. En 38 et 39 il a trois promotions qui le font Scharführer en 39. De janvier à mai 42 il est à Dachau puis dans des hôpitaux militaires. Il dirige le service dentaire d’Auschwitz de mars 1943 à août 44 puis le même service à Dachau jusqu’à Noël 44. Les témoins survivants du cabinet dentaire d’Auschwitz semblent porter sur lui un jugement plutôt favorable. Son Kalfaktor, Juif Allemand, Männe Kratz l’a confirmé au procès. Frank s’occupait aussi de la refonte de l’or dentaire pris sur les cadavres des victimes gazées. Les médecins SS n’y suffisant plus à partir du printemps 44 pour la sélection sur la rampe et la surveillance des gazages, les dentistes ont également rempli cet emploi ("Darüber hinaus forderte er auch den ihm unterstehenden Angeschuldigten Dr. Schatz jeweils auf, Rampendienst zu versehen."). Capturé par les Américains, il fut relâché en 47. En préventive depuis octobre 1964 il a été libéré en 1970. Meurt le 9 juin 1989 à 86 ans.

HANTL, Emil. Unterscharführer. Né le 14 décembre 1902 à Mährisch-Lotschnau (près de Zwittau = Svitavy, Tchécoslovaquie). Fils d’ouvrier d’usine. Quatre frères et sœurs. Il apprend la boulangerie à la sortie de l’école primaire puis travaille comme ouvrier non spécialisé dans une usine textile jusqu’en 24, puis comme ouvrier agricole en Bohème durant un an et en 35 il revient en Allemagne où il travaille comme tisserand. En janvier 40 il est appelé dans la Waffen SS à Breslau. Après l’invasion des Sudètes, il s’inscrit au parti NS et à la SS. Il est formé comme SS tête-de-mort et muté à Auschwitz en août 40 comme garde du camp puis comme surveillant d’un Kommando, comme fourrier et à la cuisine (à la distribution des repas). En 42 il est affecté au HKB auprès du SS Wirths (médecin) puis de Klehr et de Scherpe, d’après lui au Block 21. En tant que membre du service de santé (Sanitätsdienstgrad) il a participé à des sélections au HKB. Il est également accusé d’avoir administré des piqûres de phénol. Au printemps 44, il est déplacé à Auschwitz III Monowitz puis dans le camp annexe de Jaworzno dont il s’occupa de la marche d’évacuation. Craignant ensuite d’être accusé de désertion, il a rejoint l’évacuation de Nordhausen. Capturé par les troupes Américaines, il a été relâché 3 semaines après parce qu’il a pu taire son appartenance à la SS et son activité à Auschwitz. Il a alors travaillé quatre ans en agriculture puis comme tisserand. Il nie l’ensemble des faits qui lui sont reprochés (piqûres de phénol, sélections, accompagnement aux gazages). En détention préventive depuis mai 1961, libéré le jour de la proclamation du jugement (19 août 1965). Il meurt en 1984 à 82 ans.

HÖCKER, Karl. Obersturmführer. Né le 11 décembre 1911 à Engershausen (près de Lubeck). Le plus jeune d’une famille de six enfants dont le père est mort durant la 1ère guerre mondiale. Suit une formation de mécanique durant 4 ans après l’école primaire. En octobre 33 il entre à la SS. Il était Sturmmann à la déclaration de guerre. En 37 il en au parti NS et se marie (il aura 2 enfants). En 39 il fait partie d’un régiment d’infanterie (à Danzig). Au printemps 40 il est muté à Neuengamme en tant que SS Totenkopf. Il remplit d’abord des fonctions au bureau de la Kommandantur et devient Unterscharführer. Au printemps 42 il va dans un camp annexe près de Wolfsburg qui ferme à l’automne. Il reçoit alors une formation militaire à l’issue de laquelle (mai 43) il est Untersturmführer et officier d’ordonnance au camp de Majdanek durant un an. Il est alors promu Obersturmführer lorsqu’il devient officier d’ordonnance de Richard Baer (commandant du camp d’Auschwitz 1) en mai 44 (voir la page concernant son album de photos). Il reste à Auschwitz jusqu’à janvier 45. Lorsqu’il arrive, tous les crématoires fonctionnent et les transports de Juifs Hongrois vont commencer. En tant qu’officier d’ordonnance du commandant du camp, il veille au "bon déroulement" de l’extermination. Après l’évacuation d’Auschwitz, on le retrouve pour quelques semaines à Nordhausen. Il est fait prisonnier par les Britanniques qui, ignorant ses activités à Majdanek et Auschwitz, le relâchent en janvier 46. En 1952 il se présente de lui-même au Ministère public et reçoit une peine de prison de 9 mois qu’il n’a pas lieu de purger (loi d’impunité de 1954). Au moment du procès à Francfort, il est employé de banque. Il y est condamné à sept ans de détention. Il en effectue cinq (en détention préventive à partir de mars 1965, il est libéré en 1970) puis retourne travailler dans la même banque de son lieu d'origine. Il meurt en 2000 à 89 ans. 

HOFMANN, Franz Johann. Hauptsturmführer. Né le 05 avril 1906 à Hof sur Saale. Fils de boucher, 5 frères et sœurs, sa mère meurt en 1915. Elève moyen, scolarisé de 1912 à 1919. Il apprend le métier de tapissier. En 32 il entre au parti NS et à la SS. Fin septembre 33 il est nommé à Dachau où il est téléphoniste au bureau du commandant jusqu’en septembre 37, puis il travaille dans le camp. En 39 il est Hauptscharführer. Il se marie. Il a quatre enfants. Il ne retourne pas auprès de sa famille après la guerre et divorce. En 41 Untersturmführer, en 42 Obersturmführer. Il exerce alors les fonctions de chef de camp. En décembre 42 il est muté à Auschwitz comme troisième chef de camp d’Auschwitz (de décembre 42 à mars/avril 43 après Aumeier et Schwarz). En tant que tel, il participe donc à de multiples sélections et surveille le gazage des victimes. Peu de temps après il est à Birkenau comme chef du camp des Tziganes. En novembre 43, Höss est remplacé par Liebehenschel. Le camp est officiellement séparé en trois et Hofmann devient chef du camp I jusqu’à mai 1944. Il est alors promu Hauptsturmführer. Il est ensuite muté (été 44) à Natzweiler comme chef de camp de différents camps annexes jusqu’en février 45. Dans un dossier, le commandant du camp de Natzweiler écrit de lui en août 44 : « Il s’est distingué par son zèle, sa conscience et sa circonspection. Du point de vue de son caractère comme de son comportement, il est irréprochable. […] C’est un national-socialiste convaincu et fanatique […] Il remplit très bien sa fonction actuelle. Il se prête particulièrement bien à ce type d’activités ». (Er hat sich durch Pflichteifer, Gewissenhaftigkeit und Umsicht ausgezeichnet. Charakterlich und haltungsmäßig ist H. einwandfrei […] H. ist überzeugter und fanatischer Nationalsozialist. […] Seine jetzige Dienststellung füllt er sehr gut aus. H. eignet sich für derartige Verwendungen besonders gut.). Il s’enfuit lors de l’effondrement du régime et travaille comme ouvrier agricole puis chauffeur en Bavière. Entendu en 48 ou 49, il prétend n’avoir adhéré au parti NS qu’en 37, tait son appartenance à la SS et a fortiori ses activités dans les camps. En 54, il veut se remarier avec une femme dont il a déjà deux enfants. Il a aussi un autre enfant né d’une troisième femme en 46 dont s’occupe un tuteur. En décembre 61, la cour d’assises de Munich le condamne pour ses activités à Dachau à la prison à vie. Il est libéré en mai 62, sa peine est considérée comme purgée (5 mois ?!). Une autre procédure est en cours à Stuttgart concernant ses activités à Natzweiler, pour laquelle il est en préventive depuis avril 59 et qui prend fin au moment du procès à Francfort, où il retourne donc en préventive pour cette affaire. Meurt en 1973 à 67 ans.

KADUK, Oswald. Obersharführer. Né le 26 août 1906 à Königshütte (= Chorzów, Pologne, en Haute Silésie). Fils de forgeron, cinq frères tous morts durant la 1ère guerre mondiale. Après l’école primaire, devient boucher en 24. Il travaille aux abattoirs de la ville puis comme pompier. Il se marie en 31. Il a un fils. Il entre à la SS fin 39. Il est appelé en 40. Formation militaire à Oranienburg, près de Berlin puis près de Varsovie. Membre de la Wachsturmbann. Au printemps 41 il est Sturmmann. Il est blessé en Finlande. Il est ensuite envoyé à Auschwitz en 42. En février 43 il est Unterscharführer. Il est Block- puis Rapportführer. En tant que tel il a été associé à des sélections et a pris seul des décisions de sélections pour le gazage, notamment au Krankenbau d’Auschwitz I. En automne 44 il est promu Oberscharführer. Il reste à Auschwitz jusqu’à l’évacuation. De lui, le commandant de camp Höß a écrit : « C’est sans doute lui qui a exécuté le plus de détenus d’une balle dans la nuque. Je l’ai beaucoup observé, mais je n’ai jamais pu apercevoir la moindre émotion chez lui. » Après guerre il a travaillé dans une sucrerie. En 46 il est arrêté par les Soviétiques parce qu’un ancien prisonnier d’Auschwitz le reconnaît. Il est condamné à 25 ans de prison en mars 1947. Il est libéré en avril 1956. Pour le procès de Francfort, il entre en préventive en juillet 1959 et sera libéré en 1989. Il meurt en 1997 à 91 ans.

KLEHR, Josef. Oberscharführer. Né le 17 octobre 1904 à Langenau (= Elblag, en Pologne, près de Szutowo / Stuthof, non loin de Gdansk). Ecole religieuse, formation de menuisier, apprentissage d’ébéniste. Entre à la SS en 32. Il se marie en 33, il a deux fils. Engagé par un établissement hospitalier fin 34 dans lequel il reste jusqu’en 38. Arrive à Buchenwald en 39 et à Dachau en 40 au Sanitätsdienstgrad (service de santé) en tant que Rottenführer et passe Unterscharführer en janvier 41. Peu après, il est muté au HKB de Birkenau. En 43 il devient Oberscharführer. Spécialiste des piqûres de phénol, pour les prisonniers choisis par le médecin mais aussi pour ceux qu’il sélectionnait lui-même. (Les accusés Hantl, Nierzwicki et Scherpe participaient aussi aux meurtres par piqûres de phénol). Au printemps 43 il devient chef du "commando de désinfection" (Vergasungskommando) ce qui l’associe directement aux meurtres dans les chambres à gaz. La tâche de ce service était d’introduire le Zyklon dans les chambres à gaz. Celle de Klehr en particulier était d’établir le tableau de service des personnels, auquel il participait souvent lui-même en surveillant ou versant lui-même le gaz. Il a aussi fait "faire du sport" [en cas de besoin, voir cette expression dans le glossaire]. Il a été présent aux fosses où étaient brûlés les corps et à des sélections sur la Rampe (comme tous les médecins et personnels de santé du camp). En juillet 44, il est nommé chef de l'hôpital du camp annexe de Gleiwitz. En janvier 45, lors de la marche d’évacuation, il mène un groupe de prisonniers à Groß Rosen. Il part ensuite au front en Tchécoslovaquie. Il est arrêté par les Américains en mai 45 puis libéré en mars 48. Il travaille alors de nouveau comme ébéniste. Un témoin qui le voyait très souvent (Czesław GLOWAKI) a déclaré au procès de Francfort : "Pour lui, tuer était une jouissance". En préventive depuis septembre 1960, il est libéré en 1988 et meurt la même année (23 août 1988) à 84 ans.

LUCAS, Franz. Obersturmführer. Né le 15 septembre 1911 à Osnabrück. Père boucher. Passe le bac à 22 ans et commence des études de médecine à Münster, puis Rostock puis Danzig. Entré en juin 33 dans la SA qu’il abandonne en 34 (parce que cela ne correspondait pas à l’idéal qu’il s’en était fait, dit-il) et entre dans la SS en 37. En 42 il obtient son diplôme. Il est Hauptscharführer. Fin 42 il est déplacé à Nuremberg où il fait son service comme médecin dans un hôpital militaire SS. Il y reste environ un an pendant lequel il est promu Untersturmführer puis Obersturmführer. Selon l’accusé, pour avoir tenu des propos défaitistes un soir de beuverie (« während eines Bierabends ») il est formé comme parachutiste d’octobre à décembre et finalement envoyé ensuite à Auschwitz. Il est médecin du camp de Birkenau (d’abord aux camp des Tziganes et des Theresienstädter) de décembre 1943 à l’été 44 en remplacement du Dr Thilo. "Peut-être de l’indifférence mais pas de cruauté" dit H. Langbein à son sujet. En tant que médecin, il a donc été de service de Rampe (décisions de sélection) et à la surveillance des gazages au Zyklon B. Il est ensuite muté à Mauthausen. Refusant de signer des certificats de mort naturelle pour 40 prisonniers Hollandais, il est muté à nouveau. C’est l’automne 44. Cette fois il arrive à Stutthof. Il n’y reste pas : au 1er janvier, il est à Ravensbrück puis très vite à Sachsenhausen. En conflit avec un plus haut gradé que lui, d’après ses dires, il craint le conseil de guerre, s’enfuit et se réfugie chez un ami près de Postdam jusqu’à la fin de la guerre. Il se marie en 50 et a deux enfants. Il travaille ensuite de nouveau comme médecin jusqu’à ce que son passé de SS soit connu du fait du procès, début 63. En préventive de mars 1965 à mars 68. Jugement levé en cassation en 1969, il est libre en octobre 70.  

MULKA, Karl Ludwig. Hauptsturmführer. Né à Hambourg le 12 avril 1895. Ecole communale puis collège. En 1914 il est engagé volontaire. Il va en France, en Russie et en Turquie. Il en sort officier. Il revient à Hambourg en 1920 où il se marie et travaille comme employé avant de fonder sa propre agence en 1931. Il entre à la Waffen SS en 1941 où il est Obersturmführer. En février 42 il est envoyé à Auschwitz en tant que commandant de compagnie. Il devient très vite officier d’ordonnance du commandant de camp R. HÖSS. En mars 43 il est suspendu de ses fonctions. Lorsque commencent les bombardements de Hambourg, il se met à disposition du chef de la police SS « Nordsee ». Début 45 on lui donne congé pour cause de maladie : il sera dans différents camps à partir de cette date et jusqu’en mars 1948. Il devient ensuite commerçant indépendant. En détention préventive de novembre 1960 à mars 61, puis de mai à décembre 61, et de février à octobre 64. Libéré en 1968. Meurt le 26 avril 1969 à 74 ans.

NEUBERT, Gerhard. Unterscharführer. Né le 12 juin 1909 à Johanngeorgenstadt (Allemagne). Formation de facteur de pianos. Il se marie en 34, il a trois enfants. En mai 40, il entre dans le régiment SS de l’Est à Prague et quatre semaines après il va en Hollande où il reste un an. Après le début de la guerre avec l’Union Soviétique, il est envoyé sur le front de l’Est. Son unité ayant subi des pertes considérables, elle est rapatriée à Cracovie. Au début de 43 il est envoyé à Auschwitz. Il travaille au service de désinfection des vêtements puis est formé à Oranienburg. Lors de son retour, il est affecté au SDG service de santé (Sanitätsdienstgrad) du HKB (Häftlingskrankenbau) d’Auschwitz III Monowitz. Il y sélectionnera les prisonniers qui seront amenés au gazage à Birkenau, avec le médecin SS et aussi de façon indépendante. Les prisonniers malades n’osant pas se déclarer, sachant que du HKB ils partiraient pour la chambre à gaz, tout le camp de Monowitz a dû défiler nu et Neubert s’est chargé de la présélection dont il a présenté le résultat au médecin SS pour décision définitive. Des documents d’époque montrent que lors de la présence de Neubert, les statistiques de "transferts" (signés de sa main) augmentent. Est indiqué comme motif de ces transferts du HKB vers Birkenau "faiblesse physique" (Körperschwäche). Neubert dit qu’il avait reçu l’ordre de ne pas garder de prisonniers au-delà de 5 à 6 semaines au HKB, mais que, bien qu’il avait entendu parler de gazage de prisonniers, il ignorait que ceux qu’il sélectionnait partaient pour les chambres à gaz. En janvier 45, il s’occupe de la marche d’évacuation du camp annexe de Gleiwitz vers Buchenwald. Il passe ensuite un court laps de temps à Nordhausen et Neuengamme. Il est ensuite emprisonné dix semaines. Au moment du procès, il travaille comme administratif dans un aérodrome. Il sera finalement jugé incapable de participer aux débats pour cause de maladie rénale (en juillet 64, soit treize mois avant la fin du procès). Il sera condamné à trois ans et demie de détention lors d’un autre procès.

NIERZWICKI, Hans. Unterscharführer. Né le 18 janvier 1905 à Tczew (Pologne). Citoyen Polonais d’origine Allemande. Formation de garçon de café. Il se marie en 33, sa femme meurt dix ans après, il se remarie en 46. Entre dans la marine de guerre Polonaise l’été 39. Capturé par les Allemands en septembre, il est relâché trois jours après en raison de son origine Allemande. En janvier 41 il entre dans la Waffen SS en tant que Sturmmann. Il est blessé en Hollande. Après sa guérison, il est formé en tant qu’infirmier et envoyé à Oranienbourg. Il est promu Unterscharführer. Il est envoyé à Auschwitz comme infirmier où il travaillera au HKB d’Auschwitz I, au camp des femmes de Birkenau, et dans le camp annexe de Janina. En tant que tel, il participera aux sélections au HKB et à l’administration des piqûres de phénol (qu’il faisait lui-même ou ordonnait), tant à Auschwitz I qu’à Auschwitz II Birkenau. Lors de son interrogatoire par le juge d’instruction, il prétend ne pas s’en souvenir, c’est dire l’importance qu’il y a accordé et son courage pour assumer ses actes : "Je ne parviens pas à me souvenir, si j’ai administré des piqûres à des gens. C’était un tel désordre, on ne savait pas du tout ce qui se passait. Je ne parviens pas à me souvenir de si j’ai fait ces piqûres".  ("Ich kann mich nicht darauf erinnern, abgespritzt zu haben. Das war ja so ein Durcheinander, man wußte gar nicht, was los war. Ich kann mich deshalb nicht erinnern, ob ich abgespritzt habe"). Inutile de dire que de nombreux témoins s’en souviennent et feront des déclarations dans ce sens. Fait prisonnier par les Américains, il est relâché à l’automne 46. S’est présenté au juge d’instruction pour la préventive mais est resté libre pour cause de tuberculose. Il est mort le 15 mai 1967 à 62 ans.

SCHATZ, Willi. Untersturmführer. Né le 1er février 1905 à Hanovre. Après le bac, il suit des études de dentiste à Göttingen. Il obtient l’examen en 33 et s’inscrit au parti NS la même année.  En 37 il a une amende pour aide à un avortement, ce qui le fait exclure du parti. En 40 il est appelé et reste travailler à Hanovre comme dentiste, mais au service de l’armée de terre. Fin 43 il entre à la SS. En janvier 44 il est Untersturmführer et muté au bureau du commandant du camp d’Auschwitz en tant que dentiste. Son supérieur direct est le SS W. Franz (co-accusé à Francfort). Au printemps 44, du fait de l’affluence de convois (Juifs de Hongrie) le Dr Wirths (qui se suicidera à la fin de la guerre) ordonne qu’outre les médecins, les dentistes et pharmaciens soient également affectés au service de Rampe et à la surveillance des gazages. Schatz a donc rempli aussi ces services. Il reste à Auschwitz jusqu’à l’automne 1944 puis est muté à Neuengamme. Fait prisonnier par les Anglais à la fin de la guerre, il est libéré en janvier 46. Il revient à Hanovre, reprend son métier et se marie. Il meurt en 1985 à 80 ans.

SCHERPE, Herbert. Oberscharführer. Né le 20 mai 1907 à Gleiwitz. Fils d’un ingénieur électricien. Formation de boucher. Membre du parti NS et de la SS depuis 1931 et à la SS Totenkopf depuis 1939. Arrive à Auschwitz l'été 40, au service de surveillance puis au SDG (Sanitätsdienstgrad) service de santé d’Auschwitz I jusqu'en mars 43. L'année suivante (avril 43 à mars 44) il sera dans le camp annexe de Goleszow (Golleschau) et à partir d'avril 44 à Blechhammer. En détention préventive depuis août 1961, il est libéré le 19 août 65.

SCHLAGE, Bruno. Oberscharführer. Né le 11 février 1903 à Trutenau (= Trutnowy, région de Gdansk en Pologne). Fils d’ouvrier. Il fait une formation de maçon. Il se marie en 24 et a deux enfants. Il travaille et ne fait partie d’aucune formation politique. Il est appelé en 40, et directement affecté à une division SS. En novembre ou décembre 41 il est détaché à Auschwitz où il reste, avec des interruptions, jusqu’en janvier 45. Il est garde dans une Wachkompanie. En 42 ou 43 il devient inspecteur aux arrêts (Block 11 du Stammlager). A ce titre, il a participé aux "vidages de bunkers" sur ordre de la section politique. Plus tard il est chef d’un Kommando extérieur qui travaille dans une cimenterie. En mai 45 il est capturé par les Polonais qui le libèrent en août 49. Il rentre alors auprès de sa famille à Dehme (à l'Ouest de Hanovre) où il vit depuis. En préventive depuis avril 1964, il a été libéré en 1969. Il est mort le 9 février 1977 à 74 ans.

SCHOBERT, Johann. Unterscharführer. Né le 17 décembre 1922 à Aufsess (près de Bayreuth). Sa mère est une paysanne, non mariée. Son père, meunier, quitte la ville deux ou trois ans après sa naissance et ne s’est jamais soucié de lui. (Au moment du procès, l’accusé vit avec sa mère dans cette même ferme). Il suit l’école élémentaire puis une école agricole durant 3 ans (jusqu’en 36). Il travaille ensuite (à 15 ans). Il fait partie des Jeunesses hitlériennes et pense qu’à ce titre il s’est trouvé automatiquement inscrit au parti NS. En février 41 il entre dans la Waffen SS, reçoit un enseignement de 8 semaines, est déplacé en Norvège puis en Laponie avec son unité. Il est blessé à deux reprises. Soigné, il est renvoyé au front dont il revient avec une 3ème blessure, très sévère, notamment à la colonne vertébrale. Après un long séjour dans les hôpitaux militaires, il est envoyé à Auschwitz en 43 avec deux autres membres de la SS. Il passe encore plusieurs semaines à l’hôpital de Katowice parce que sa blessure ne guérit pas. Il est d’abord affecté au bureau de poste auxiliaire puis à l’état civil qui dépend du service politique. Il y reste un an, soit jusqu’à l’été 44. Il est ensuite muté à Debica comme formateur pour des SS, puis renvoyé au front fin 44. Il est à nouveau blessé en avril 45 et capturé par les Soviétiques qui le libèrent fin août 45. Il se marie en 49 et a un enfant. Il meurt en 1988 à 66 ans.  

STARK, Hans. Untersturmführer. Né le 14 juin 1921 à Darmstadt. Etudes de 1927 à 37. Son père, policier, le fait ensuite entrer aux SS-Totenkopf. Il a 16 ans ½. Il est affecté à Oranienburg (près de Berlin) et, en tant que membre d’un bataillon de garde (Wachbataillon) il est envoyé aux camps de Sachsenhausen, Buchenwald et Dachau. En juin 40 il est Unterscharführer. Vers Noël 40 il est envoyé à Auschwitz comme Blockführer du Block 7 dans lequel il y a 150 prisonniers politiques Polonais, essentiellement des étudiants. En juin 41 il est muté au bureau politique où la conduite du service d’accueil lui est attribuée.  À ce titre il prenait part aux fusillades. (Au procès de Francfort, un pédagogue Polonais, Josef KRET, déclare : "il était jeune, il avait l’air sympathique, je ne m’expliquais pas sa cruauté". Filip MÜLLER l’évoque longuement, ne pouvant oublier, vingt ans après, un tel plaisir à la violence, une telle aisance à faire souffrir de la part d’un jeune homme de 20 ans, comme lui-même). Il obtient un congé, de Noël 41 à mars 42, pour passer l’examen allemand équivalent au Bac (Abitur). Il revient ensuite à Auschwitz où il est nommé Oberscharführer. Il obtient un nouveau congé de novembre 42 à avril 43 pour études et s’inscrit à l’université de Francfort. En mai il demande à partir pour le front de l’Est. Il est rapatrié pour blessure. Il participe alors à des cours de formation d’officier. Il est Untersturmführer. En janvier 45 il demande à repartir au front. Il est capturé par les Russes en mai 45 et réussit à s’enfuir deux jours après. Il travaille chez un agriculteur jusqu’à l’automne 46. Ensuite il suit des études d’agriculture, de l’automne 46 à l’été 48, puis en 50 et 51. Il est enfin (jusqu’à son arrestation) soit professeur dans une école d’agriculture, soit employé par la chambre d’agriculture de Francfort. Il se marie en 1953 et aura deux enfants. En préventive d’avril 1959 à octobre 63. Libéré en 1968. Il meurt le 21 mars 1991 à Darmstadt à 70 ans.

 

[Page mise en ligne en 2006]