Il s'agit du journal d'une jeune fille de 14 ans (née en 29) écrit au ghetto de Będzin du 19 janvier au 24 avril 1943. C'est la fin de la période où il est encore ouvert. Ensuite, en août, ce sera l'insurrection et la grande "Aktion" de liquidation du ghetto, Rutka sera déportée avec sa famille. Sa mère et son frère de six ans seront gazés à leur arrivée à Auschwitz. Son père survivra. Elle-même mourra du choléra d'après le témoignage d'une survivante. Będzin se trouve à une cinquantaine de km au Nord d'Auschwitz.
En janvier, on lit les mots d'une petite jeune fille qui écrit davantage sur ses amies et amoureux potentiels que sur la situation. Et puis, à partir de février, la narration de ses ressentis intimes et ses espoirs se chevauche avec la relation d'épisodes d'une grande violence, vus dans le ghetto. Outre ces meurtres dont elle a été témoin, elle évoque le nom d'Auschwitz, les fours, ... Le journal s'arrête après avril, comme s'il était impossible pour elle de concilier l'idée de la rédaction d'un journal intime (idée d'une certaine normalité ?) avec l'horreur dévorante du quotidien.
Ce journal est resté caché durant plus de 60 ans chez une amie (non juive) de Rutka, un texte de sa demi-soeur nous l'apprend en posface. Lui succède un long texte de Marek Halter évoquant notamment l'histoire des Juifs en Pologne et celle de la langue yiddish.
Ed. Laffont, coll. Pocket n°14274, 2008, ISBN 2-266-19827-1 (1ère éd. en Pologne en 2006, à la découverte du manuscrit).