Victor Martin est né le 19 janvier 1912 à Blaton. Décrit comme humble, voire effacé, par ceux qui l'ont connu, rien ne le prédisposait donc à être célèbre. Force est de constater qu'il ne l'est toujours pas aujourd'hui, sinon dans sa petite commune de naissance où une place porte son nom (mais depuis peu) et la maison où il vécut, une plaque. C'est pour réparer cela qu'a été réalisé ce film. Il est construit essentiellement sur les mots du rapport remis par Victor à son retour de mission, émaillé de témoignages pour le corroborer et le compléter (tel celui de l'historien de la Shoah en Belgique Maxime Steinberg et divers témoins de l'époque). En 1942, Victor adhère au FI (Front de l'Indépendance, notamment fondé par Ghert Jospa) et c'est en tant que membre de cette organisation de Résistance qu'il va se voir confier une mission : découvrir où sont déportés les Juifs partant de Belgique. Sous le prétexte d'études universitaires il obtient des nazis des papiers en règle pour se déplacer vers l'Est (le 04 janvier 43). Il est autorisé à aller jusque Breslau (Wrocław) où... il s'éclipse. Il va alors découvrir Auschwitz en y entrant clandestinement avec des STO français qui y travaillaient... Il reviendra non sans mal (arrêté et torturé par la Gestapo qui ne croit qu'à une mission d'espionnage industriel) en s'évadant du camp où il est enfermé. De retour à Bruxelles il fait son rapport, mais celui-ci a peu d'écho. Est-ce parce qu'il est insuffisamment diffusé ou parce que l'extermination des Juifs qu'il affirme est une idée qui dépasse l'entendement humain et ne semble donc pas crédible ? S'interroge sur ces questions Gerhart Riegner, l'auteur du célèbre télégramme d'août 42 qui, lui aussi a voulu alerter sans réussir à mobiliser.