procès Kramer Belsen Auschwitz Lüneburg
Pour certains des accusés, il n’y a pas de photo parce qu’aucune ne figure dans le « Belsen trial book ».

Les informations contenues dans cette page sont celles que les accusés donnent eux-mêmes devant la cour.


Les accusés concernés par le procès de Bergen-Belsen uniquement :

 

Antoni AURDZIEG (32)
Kapo.
Né le 15 septembre 1924 à Brzesc en Pologne. Déporté vers l’Allemagne le 28 septembre 41. Il est au camp de Sachsenhausen (différents commandos) jusqu’en mars 45 où il est envoyé à Belsen, Block 12. Il déclare y avoir été l’un de 4 aide-Stubendienst et non pas Blockälteste comme le disent plusieurs témoins. Certains affirment qu’il a battu et tué de nombreux prisonniers.
Condamné à 10 ans de prison et libéré en 1952.

 


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SS Eric BARSCH (28)
Déclare avoir été toujours employé dans la section médicale de la SS. Un prisonnier en atteste à Mittelbau et à Belsen.
D’autres prisonniers sont convaincus qu’il était chef cuisinier SS de la cuisine n° 1 et évoquent un meurtre par balles dont il se serait rendu coupable devant leurs yeux.
Le tribunal considère que rien ne pouvant être confirmé par des preuves suffisantes, l’accusé ne peut être jugé.
Acquitté.

 


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SS Herta BOTHE (37)
Née le 03 janvier 21 à Teterow au Mecklemburg.
Aufseherin.
En septembre 42 elle est "formée" à Ravensbrück puis est envoyée au camp de Stutthof (près de Gdansk) où elle reste presque 2 ans, jusqu’en juillet 44. A ce propos elle répond à une question en disant que non, ce n'était pas un camp "dur". Elle est ensuite nommée à Bromberg. Le 21 janvier 45 elle évacue avec des prisonnières pour la plupart Juives Hongroises pour Oranienburg. Elle ira ensuite à Belsen fin février où elle s’occupera du Kommando du bois (60 prisonniers, les hommes, presque tous Russes, sous les ordres d’un SS et les femmes sous ses ordres). Beaucoup de témoins l'accusent d'avoir battu des prisonnières à mort. Elle nie.
Condamnée à une peine de dix ans de prison, elle est libérée en décembre 51, se marie ensuite et vit désormais sous le nom de H. Lange. Serait toujours vivante aujourd’hui.

 

 

Medislaw BURGRAF (20)
Né à Czestochowa en Pologne et employé au service ferroviaire Arrêté en août 1940, il est déporté à Buchenwald jusqu'en décembre, puis à Neuengamme jusqu’en mars 43 où il est transféré à Drütte. Il dit y avoir été Vorarbeiter. Le 8 avril 45 il arrive à Celle et à Belsen le lendemain. Après une journée au Block 16, il est au 19 ou le Blockältester lui demandait de l'aider pour la distribution de nourriture bien qu'il n'ait pas de fonction officielle. Un témoin dit qu’il était Kapo à Drütte et Stubendienst à Belsen.
Condamné à 5 ans de prison, libéré en 1949.

 


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SS Otto CALESSON / KULESSA (19)
Né le 04 septembre 1892 à Rastenburg.
Scharführer.
Dit qu’il a été forcé de joindre la SS et a été envoyé à Belsen (après Strutthof et Mittelbau puis Nordhausen) où il serait arrivé le 10 avril 45 avec un train d’environ 35 wagons de prisonniers où il était avec 124 autres membres de la SS durant 5 jours. Il dit avoir été responsable à Belsen du Block 88 où étaient 600 prisonniers.
Condamné à 15 ans de prison, il a été libéré en 1955.

 


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SS Wilhelm  DORR (27)
Né le 09 février 1921 à Nuremberg.
Rottenführer.
Fils d'agriculteur. Dit s’être porté volontaire pour l'armée en décembre 40, mais faute d'avoir été accepté, est entré à la SS. Resté à Dresde jusqu’en automne 41 puis, après une période de maladie, allé à Oranienburg comme garde du camp où il serait resté jusqu’en janvier 44, puis à Mittelbau (où il dit avoir été formé comme Blockführer) et Klein Bodungen en septembre 44. Confirme avoir été le second de Stofel à Mittelbau avec lequel il a mené une marche jusqu’à Belsen d’une colonne de 590 prisonniers, partis à 610 d’après ses dires.
Pendu le 13 décembre 45.

 


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SS Gertrud FIEST (40)
Née le 31 mai 1918 à Neugebhartsdorf.
Aufseherin.
Travaillait dans une usine de Silésie de 1935 à août 44. Entrée à la SS en août 44, elle est envoyée à Groß Rosen puis à Langenbielau (3 semaines) et repart après cette "formation" dans on entreprise où elle est affectée à la surveillance des prisonnières. Elle arrive à Belsen fin février 45.
Condamnée à 5 ans de prison, elle est libérée en 1949.

 


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SS Ida FORSTER (34)
Née le 15 mai 1902 à Blumendorf en Silésie.
Aufseherin.
Sœur aînée de Ilse (ci-dessous). Travaillait dans une usine textile à Rohrsdorf. Entrée à la SS le 16 août 44. Elle a été envoyée à Langenbielau durant 3 semaines « pour apprendre le traitement des prisonniers » puis est retournée dans son usine d’origine. En février 45, évacuée avec les prisonniers, elle arrive à Belsen le 28 février où elle surveille les 35 prisonnières de sa partie de la cuisine 3 dont Jenner était responsable (Francioh responsable de l'autre partie ou travaillait Irene Haschke).
Acquittée.

 


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SS Ilse FORSTER (33)
Née le 02 septembre 1922 à Neusaltz en Silésie.
Aufseherin.
Entrée à la SS le 17 août 44. Travaillait dans une usine à Grunberg. Formée 6 semaines à Langenbielau en août-septembre 44, elle retourne ensuite à l'usine de Grunberg. Arrivée à Belsen le 17 février 45 où elle surveillait les 60 prisonnières de la cuisine 1 du camp des hommes dans laquelle Hila Lippmann était Kapo. Plusieurs témoins disent qu'elle emmenait les prisonnières dans une pièce adjacente pour les battre violemment.
Condamnée à 10 ans de prison.

 


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SS Hildegard HALMEL / HAHNEL (45)
Aufseherin.
N'est pas présente au tribunal.
Les témoins qui l'évoquent disent qu'elle est arrivée au camp bien plus tôt qu'elle ne le prétend.
Elle sera acquittée de toutes charges pour Belsen où elle n’est arrivée que très peu de temps avant les Britanniques.

 


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SS Irene HASCHKE (39)
Née le 16 février 1921 à Friedeberg en Silésie.
Aufseherin.
Elle travaillait dans une usine textile jusqu’en août 44.  Entrée à la SS le 16 août 44, elle est envoyée à Groß Rosen (1 jounée) et Langenbielau (5 semaines) puis dans un camp de travail à Weiss Wasser (3 semaines). Elle revient ensuite dans son entreprise comme surveillante du travail des prisonniers. Evacuée le 16 février 45, elle arrive à Belsen le 28. Kommando du bois (8 jours) puis cuisine 2 (3 j.) et cuisine 3.
Condamnée à 10 ans de prison.

 


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SS Anna HEMPEL (44)
Née le 22 juin 1900 à Zielone Gorze (Grünberg) en Silésie.
Aufseherin.
Elle travaillait dans une usine textile à Grunberg jusqu’à ce qu’elle soit envoyée en "formation" à Ravensbrück durant 3 semaines en mai 44. Elle revient ensuite dans l'usine comme surveillante des prisonnières. Elle arrive à Belsen le 17 février 45. Elle y travaille à la cuisine 2 du camp des hommes.
Condamnée à 10 ans de prison, libérée en 1951.

 


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SS Charlotte KLEIN (36)
Née le 13 décembre 1921 à Eimenburg.
Aufseherin.
Travaillait comme assistante de laboratoire depuis 1939. En août 44 elle entre à la SS, est formée à Ravensbrück durant quatre jours, puis nommée à Strutthof jusqu’en septembre. Elle a ensuite été affectée au camp de travail de Bremberg jusqu’au 21 janvier 45. Elle évacue vers Oranienburg puis arrive à Belsen (avec 2 autres Aufseherinnen, sans prisonniers) le 26 février. Elle y attrape le typhus. Travaillait au magasin de pain où 13 à 15 prisonniers étaient sous ses ordres.
Acquittée.

 


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SS Josef KLIPPEL (12)
Né le 24 novembre 1909 à Vukovar en Yougoslavie (Volksdeutscher).
Sturmbannführer.
En 43 il avait une épicerie en Yougoslavie. Il dit que tous les Volksdeutscher de moins de 35 ans ont été versés dans la SS. Il est alors allé à Dora-Mittelbau Kommando B 12 jusqu'au 05 avril 45 (évacuation) et est arrivé à Belsen le 11 avril 45, en tant que membre de la SS. Deux jours plus tard, Hössler l’aurait affecté aux cuisines et après deux autres jours, les Britanniques sont arrivés.
Du fait qu’il semble n’avoir pas appartenu au camp de Belsen, il a été acquitté.

 


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SS George KRAFT (4)
Né le 16 décembre 1913 en Roumanie.
Lagerführer.
Il a été affecté à Buchenwald de juillet à septembre 43 puis à Dora (attesté par le SS Stefan Hermann, membre de la SS et témoin au procès).
Il a donc été acquitté puisqu’il n’était concerné ni par Auschwitz ni par Belsen où il n’a été envoyé que pour nettoyer le camp autant que possible avant l’arrivée des Alliés.

 


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SS Hilde LISIEWITZ (42)
Née le 31 janvier 1922 à Grünwald.
Aufseherin.
Elle a travaillé pour le « Reichsarbeitsdienst » d’octobre 40 à mars 41, puis dans un restaurant de gare jusqu’à janvier 43. De février 43 à novembre 44, elle travaille dans une usine de munitions d’où elle est envoyée à Groß Rosen puis en "formation" à Langenbielau. Elle retourne à l’usine de Grünberg. Le 29 janvier elle est évacuée et arrive à Belsen le… 3 mars 45 où elle occupera divers postes.
Condamnée à un an de prison.

 


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SS Fritz MATHES (18)
Né le 13 juin 1893 à Offenbach.
Homme de la Wehrmacht, il dit être devenu homme de la SS (au 25 janvier 45) contre sa volonté.
Déclare être arrivé à Belsen le 22 ou 23 novembre 44 et avoir travaillé aux cuisines jusqu’au 10 ou 11 janvier 45, puis aux bains jusqu’en avril. Dit qu’il a été confondu avec Henkel dans les accusations des témoins parce qu’il lui ressemble. Un témoin (une femme Juive Hollandaise, Johanna Kurd) déclare qu’en effet il aurait parlé de sa "promotion" au statut de SS avec dégoût, et qu’il aurait bien traité les prisonniers, leur aurait donné de la nourriture et les dernières nouvelles des avancées alliées.
Jugé non coupable pour ses activités à Belsen.

 


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SS Klara OPITZ (35)
Née le 16 avril 1909 à Schmiedeberg en Silésie.
Aufseherin.
Travaillait dans une usine AEG à Zillerthan. Entrée à la SS le 10 octobre 44, elle est formée comme Aufseherin à Langenbielau durant 3 semaines et demie. Elle retourne ensuite à l’usine AEG de Zillertau comme surveillante. Elle est arrivée à Belsen le 13 avril 45 (soit 5 jours avant l'arrivée des Britanniques) où elle a été placée à la surveillance de l'épluchage des pommes de terre de la cuisine du Block 9.
Déclarée non coupable pour Belsen et acquittée.

 


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Vladislav OSTROWOSKI / OSTROSKI (31)
Né le 27 juin 1914 à Lodz.
Kapo.
Peintre de formation. Blessé sur le front Russe en 39 puis prisonnier des Allemands en 40. Il s'évade fin 42 mais est repris en octobre 44 et envoyé à Groß Rosen jusqu'en février 45 où il fut Stubendienst, puis à Dora. Arrive à Belsen le 10 avril, Block 26 puis 19 (Block des malades). Dit n’avoir eu aucune fonction à Belsen et n'avoir jamais battu personne, ce qui est contredit par divers témoins. D'autres témoignent en sa favuer.
Condamné à 15 ans de prison et libéré en 1955.

 


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Anchor/ Ansgar PINCHEN / PICHEN (22)
Né le 22 septembre 1913 à Esbjerg (Danemark)
Il déclare avoir émigré en Silésie en 14 et s’être vu imposer la nationalité polonaise en 22 quand la Pologne a pris le contrôle de la Silésie et être entré dans l’armée allemande le 25 mai 40. Le 25 novembre 42 il a été blessé au bras. Il est arrivé avec Francioh et deux autres à Belsen vers le 10 mars 45 et a été affecté en tant que garde. Du fait de son bras, il a été transféré aux cuisines. Il a rapidement eu la charge de la cuisine n°1. Il n’a jamais porté l’uniforme de la SS. Il a été arrêté le 17 avril.
Il a été pendu le 13 décembre.
 

 


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SS Gertrud SAUER (41)
Née le 08 septembre 1904 à Gorlitz en Silésie.  
Aufseherin.
Elle travaillait dans une usine de munitions de Gorlitz. En avril 44 on leur annonce que des prisonniers (300 femmes et 1000 hommes) allaient être employés et qu’il fallait des surveillantes. Elle entre à la SS et le 22 septembre 44 elle est envoyée à Groß Rosen puis Langenbielau. A partir du 8 novembre 44 elle est surveillante de prisonnières dans une entreprise de Roersdorf. Elle est évacuée et arrive à Belsen fin février 45 où elle est affectée à différentes tâches.
Condamnée à 10 ans de prison, elle est libérée en 1951.

 


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SS Franz STOFEL (25)
Né le 05 novembre 1915 à Heinberg en Bavière.
Oberscharf. ou Hauptsturmführer.
Employé dans le civil, il s'est engagé dans la SS en avril 36. Il est d'abord allé à Dachau mais le camp était séparé des "troupes" et lui était avec les troupes jusqu'en mars 39 (ces "troupes" étaient en réalité les SS têtes de mort). Ensuite il a été dans le camp jusqu'au 15 janvier 44. Il est alors allé à Dora puis à Klein Bodungen en août qu'il déclare avoir quitté le 05 avril 45 avec un convoi de prisonniers (610 prisonniers et 45 gardes). Il dirigeait cette marche et Dorr était son adjoint. Ils se dirigeaient vers Neuengamme mais ont finalement dû aller à Belsen où ils sont arrivés le 11 avril avec 590 prisonniers.
Condamné à mort. Pendu le 13 décembre 45.

  


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SS Frieda WALTER (38)
Née le 1er mars 1922 à Beuthen.
Aufseherin.
Elle travaillait dans une usine textile (de juin 36 à octobre 44). Envoyée à Groß Rosen (2 jours) et formée à Langenbielau en octobre 44, elle retourne début novembre 44 dans son entreprise à Neusalz en tant que surveillante du travail des prisonniers.  Elle arrive à Belsen le 24 février 45 où elle sera à la cuisine 3, puis au "Kiesek Kommando", au Kommando qui entretient le jardin du commandant (Kommando de 60 prisonniers dont 15 sous sa responsabilité) puis retour à la cuisine 3.
Condamnée à trois ans de prison pour ses activités à Belsen.

 


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Erich ZODDEL (29)
Né le 09 août 1913 à Berlin.
Arrêté pour vol en 41 il est condamné à un an de prison. Il est ensuite envoyé à Sachsenhausen fin 42 (14 jours) puis Oranienburg (jusqu'à fin octobre 43), Buchenwald (15 jours) et Dora de la fin novembre 43 au 27 mars 44. Il dit n'avoir pas été prisonnier de fonction dans ces camps. Il est en revanche nommé Blockältester à Belsen (à l’hôpital du camp) et à partir de janvier 45 Lagerältester au camp 1. Il évalue à 60 ou 70 le nombre de prisonniers de fonction (Kapos, Blockältester,...) au camp 1.
Dit que dans les Blocks 1 à 8 chacun avait son propre lit et que personne ne souffrait de la faim. Divers témoins déposent contre lui.
Condamné à l’emprisonnement à vie pour ses exactions à Belsen pour avoir «abusé de sa position et s’être complètement identifié à un SS».

 

1 concernée par le procès d’Auschwitz uniquement :


 

Stanislawa STAROSKA (48)
Blockälteste et Lagerälteste.
Née le 1er mai 1917 à Tarnow en Pologne. Libraire avant la guerre. Arrêtée par la Gestapo le 13 janvier 40 comme membre de la Résistance Polonaise, condamnée à mort, sa peine convertie en emprisonnement à vie. Le 28 avril 42 elle est envoyée à Auschwitz (n°6.865). Travaille au Kommando de l’eau et comme interprète parce qu'elle parle allemand. Est nommée Blockälteste par Langenfeld pour cette raison lorsque la précédente est démise de sa fonction. Elle est au Block 8 puis au 5, celui des arrivantes. Un Block de 1000 qui a contenu jusqu’à 3.428 prisonnières. Fin août 42 le camp des femmes est transféré à Birkenau. Attrape le typhus en juillet 43. A sa sortie d’hôpital, devient l’une des 3 Lagerältesten. Des survivantes viendront témoigner en sa faveur.
Condamnée à 10 ans de prison, libérée en 1950.

concernés par le procès de Bergen-Belsen et d’Auschwitz à la fois :


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SS Juana BORMANN (6)
Née le 10 septembre 1893 à Birkenfelde.
Aufseherin.
Entrée aux auxiliaires de la SS en 1938 "pour gagner sa vie" déclare-t-elle. Elle travaillait à la cuisine de Lichtenburg de 38 à 39 jusqu'à ce que tout le camp soit évacué à Ravensbrück en 1939. Elle y serait restée jusqu'en 43 (1 an à la cuisine, 1 an en Kommando extérieur puis 1 an au domaine de Pohl où elle surveillait 150 prisonniers. C'est à ce moment là qu'elle dit avoir acheté son chien). Nommée à Auschwitz elle y arrive le 15 mai 43. Après 3 semaines au Kommando Babetz elle sera à Birkenau jusque fin décembre 43. Elle prétend avoir donné son chien à Hartjenstein début juin 43 et l'avoir récupéré début mars 44 parce qu'il était malade (donc ne pas l'avoir eu à Birkenau). Nombreuses sont les survivantes à se souvenir de la façon dont elle envoyait ce chien sur les prisonnières qu'il mettait en sang. (Hössler avait confirmé le jour précédent dans sa déposition qu'elle avait "un très grand chien marron"). En 44 elle aurait été au sous-camp de Budy. Serait arrivée à Belsen à la mi-février 45 où elle aurait été en charge de la porcherie avec 18 femmes sous ses ordres (et 52 porcs alors que les prisonniers du camp mouraient de faim).
Condamnée à mort et pendue le 13 décembre 45.

 


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SS Karl EGERSDORF (21)
Né le 20 juillet 1902 à Rosenbach en Bavière.
Déclare être entré dans la SS le 30 mars 41 puis être allé à Auschwitz I au service des cuisines. Il aurait quitté ce camp le 21 janvier 45 et serait arrivé à Belsen le 7 ou 8 avril et affecté au magasin de nourriture.
Aucune question ne lui sera posée par la cour quant à Auschwitz.  
Jugé non coupable des charges pesant sur lui à Bergen-Belsen.

 


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SS Herta EHLERT née Liess (8)
Allemande née à Berlin le 26 mars 1905.
Aufseherin.
"Appelée à la SS" en novembre 39, elle est formée à Ravensbrück où elle restera trois ans. Elle est ensuite envoyée à Majdanek en octobre 42. Elle déclare qu'il s'agissait d'un transfert de punition, car elle était considérée comme manquant de sévérité à l’égard des prisonniers. Au printemps 44 elle est envoyée à Cracovie puis à Auschwitz en novembre 44 au sous camp de Rajsko qu'elle quitte le 18 janvier 45. Elle arrive à Bergen-Belsen début février 45 où elle sera responsable du magasin de vêtements des prisonniers. Ensuite, pendant l'absence de Volkenrath, à partir de début mars, elle a eu la charge des Aufseherinnen (en tant qu'Oberaufseherin, donc) mais dit qu'en réalité elles faisaient ce qu'elles voulaient. Elle n'hésite pas à dire qu'elle a été témoin de mauvais traitement infligées par divers(es) SS aux prisonnières (en particulier Gollasch)... en dehors de celles accusées au présent procès.
Condamnée à 15 ans de prison, elle est libérée en décembre 51 et prend le nom de H. Naumann.

 


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Helena KOPPER (46)
Blockälteste.
Née le 24 février 1910 à Ploki, en Pologne.
Arrêtée en juin 40 par la Gestapo pour être en possession de tracts anti-allemands. Envoyée à Ravensbrück et le 21 octobre 42 à Auschwitz où elle est restée jusqu’au 20 décembre 44 au Strafkommando où elle dit avoir eu à connaître Grese, Lohbauer et Lothe. Ensuite elle a été envoyée à Belsen sous une tente puis Block 27 et 205. Au 27 elle était assistante de la Blockälteste (fonction non officielle) et la Rapportführerin Gollasch l’a nommée Blockälteste lorsque la précédente a été transférée. Block 224 (850 prisonnières) ensuite, au camp 2. Elle y était à nouveau Blockälteste. Elle dit avoir demandé à quitter cette fonction et avoir été versée dans la police du camp du 15 février 45 au 15 mars.
Reconnaît avoir constamment joué un rôle de dénonciatrice.
Accuse Borman et Volkenrath.
Condamnée à 15 ans de prison, libérée en 1952.

 


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SS Karl FRAZICH / FRANCIOH (16)
Né le 05 octobre 1912 à Wriecen (Brandenburg).
Rottenführer.
L’accusé dit être entré à la SS en avril 40 et avoir officié comme cuisinier des soldats SS puis au mess des officiers à Auschwitz. Il serait arrivé à Belsen de Groß Rosen avec Pichen (accusé 22) le 10 ou le 15 mars 45. A la fin du mois, il a été affecté à la cuisine 2 du camp des femmes, puis à la 3 où il devait préparer les repas de 16.300 personnes.
Un officier médecin Britannique qui a visité le camp le matin du 16 avril confirme les témoignages des prisonniers (disant qu'on tirait sur ceux qui s'approchaient, ce que tous les SS nient avec constance) en confirmant avoir vu lui-même de nombreux corps autour de cette cuisine.
Condamné à mort pour ses activités à Belsen.

 


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SS Irma GRESE (9)
Née le 07 octobre 23.
Oberaufseherin.
En 1942, à 18 ans, elle est volontaire pour les "SS-Helferinnen" et formée à Ravensbrück où elle reste de juillet 42 à mars 43. Elle est ensuite à Birkenau où elle restera jusqu’à janvier 45. Après deux jours (déclare-t-elle) en responsabilité de la Strafkompanie ("qui ramenait dans le camp des pierres de l'extérieur"), elle s'occupe du Strassenbaukommando. En décembre 43 elle est à la censure du courrier à la place de Volkenrath (l'accusée H. Kopper nie ces dates et particulièrement cet emploi, et affirme qu'elle a longuement été responsable du Strafkommando dont elle était l'une des prisonnières). De mai à décembre 44, promue Oberaufseherin, place importante dans la hiérarchie, elle est responsable de 28 Blocks de prisonnières, soit 20 à 30.000 personnes (camp C) bien qu'elle les dise conçus pour 100 prisonnières, 300 au maximum. Elle passe ensuite deux semaines à Auschwitz I en responsabilité de deux Blocks d'hommes avant l'évacuation. Elle prétend n’avoir eu une arme que par obligation de sa hiérarchie et en auto-défense. Elle assure bien entendu n’avoir jamais battu personne sévèrement, ne jamais avoir utilisé de chien, ne jamais avoir fait travailler de commando à la sablière. Comme toutes les autres accusées, elle affirme que tous les témoins mentent. Après un bref passage par Ravensbrück de janvier à mars 45, où ce camp est également évacué, elle accompagne un transport de prisonnières à Bergen-Belsen où elle sera Kommandoführerin. Elle a une réputation d’extrême brutalité, de plaisir à tuer, et de nymphomanie. Elle niera bien entendu tout cela lors du procès mais nous savons pour l’avoir si souvent constaté, et cela dès le procès de Nuremberg, comment les accusés s’avèrent englués dans leur médiocrité et leur peur d’assumer leurs actes dans la grande majorité des cas, et comment ils tentent de reporter leurs responsabilités sur d’autres (sur des SS qui se sont suicidés par exemple). Il semblerait que des néo-nazis la prennent aujourd’hui comme un emblème, sans doute attirés par cette réputation sulfureuse et glauque derrière un visage à l’aryenne beauté…
Condamnée à mort, elle est pendue le 13 décembre 45.   

 


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SS Franz HÖSSLER (5)
Obersturmführer.
Né le 04 février 1906 à Oberdorf (p.195) ou Kempen (p.713) en Allemagne.
Voilà l'autobiographie orale qu'il annonce au procès (à comparer avec sa biographie visible ici). Dans les annexes au procès, figure sa déposition écrite où il ne donnera pas les mêmes informations. Il entre à la SS en 1933, le jour de l'arrivée d'Hitler au pouvoir. En mars 33 il est envoyé à Dachau et en juin 40 à Auschwitz qui se compose alors de 3 Blocks et 400 prisonniers. Il en part en novembre 40 et ne revient à Birkenau qu'en juillet 43 (il passe sous silence ce qu'il a fait entre temps). Il y reste jusqu'au 06 février 44 en tant que Lagerführer du camp des femmes puis est transféré dans un sous-camp de Dachau. A la mi-juin 44 il revient à Auschwitz comme Lagerführer (Ausch. I) jusqu'en janvier 45. Il est ensuite à Dora de la fin février jusqu'au début avril ou le camp doit évacuer. Il arrive à Belsen le 8 ou le 9.
Condamné à mort et pendu le 13 décembre 45.

 


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SS Fritz KLEIN (2)
Né le 24 novembre 1888 à Zeiden, Roumanie.
Obersturmführer.
Il étudie la médecine et devient en effet médecin à la fin de la 1ère guerre mondiale. Il est parmi les tous premiers à entrer au NSDAP (n° 732 !). De 40 à 43 il sert dans l’armée Roumaine et décide de devenir citoyen allemand en été 43. En décembre de la même année, il est envoyé à Auschwitz Birkenau en tant que médecin du camp des femmes puis du camp des Tziganes. Il prenait part aux sélections, comme tout le personnel médical. Il est ensuite versé au camp d’Auschwitz I avant d’être envoyé pour un mois à Neuengamme en décembre 44 en tant que médecin du camp. Il est ensuite nommé à Bergen Belsen en remplacement du Dr Schnabel (hôpital des SS) sous les ordres du Dr Horstmann qui, d’après lui, aurait quitté le camp trois jours avant l’arrivée des Britanniques en lui laissant son poste.
Condamné à mort et pendu le 13 décembre 45.

 


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SS Josef KRAMER (1)
Né le 10 novembre 1906 à Münich.
Hauptsturmführer.
Il quitte l’école à 14 ans pour travailler comme électricien. Il reprend des études (de commerce) mais cela ne mène à rien. Considérant que le nazisme est la réponse aux difficultés que traverse l’Allemagne, il entre à la NSDAP en décembre 1931 et à la SS en juin 32. Il sera formé à Dachau où il arrive en avril 37 puis sera envoyé à Sachsenhausen, Mauthausen où sa "carrière" commence véritablement dans la mesure où il a alors des responsabilités dans la gestion du camp, donc dans le quotidien des prisonniers. Il est ensuite envoyé une première fois à Auschwitz (de mai 40 à octobre 41) comme adjoint de Höss avant de retourner en formation à Dachau. Il administre alors le camp de Natzweiler-Struthof en tant que Lagerführer puis commandant. Il revient à Auschwitz comme Lagerführer de Birkenau (échangeant son poste avec F. Hartjenstein) de mai à décembre 44. C’est lui qui décide de la nomination d’Otto Moll comme chef des quatre crématoires. Il reçoit l’ordre de partir pour Belsen le 1er décembre 44 à l’approche des troupes Soviétiques. Il y est nommé commandant à la place de Adolf Haas.
Condamné à mort et pendu le 13 décembre 1945.

 


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Hilde LOHBAUER (11)
Née le 06 novembre 1918 à Plauen.
Arbeitsdienstführerin.
Déclare qu'elle travaillait dans une usine de tissage et ayant refusé d'aller dans une usine de munitions avoir été déportée à Ravensbrück jusqu'en mars 42 puis Auschwitz I durant un mois et Birkenau jusqu'en janvier 45. Avoir été nommée Kapo vers Noël 42 et cela durant un mois, fonction que les SS lui auraient enlevée ensuite faute qu’elle soit suffisamment sévère… mais elle est nommée à l’Arbeitsdienst (camps A et B du camp des femmes) début 44 où elle a 25 à 30 Kapos sous ses ordres ! Elle est surnommée "la SS sans l'uniforme". En mars 45, après un mois à Ravensbrück elle déclare arriver à Belsen avec Ilse Lothe (voir ci-dessous) sous la conduite de Ehlert. Elle y est à nouveau membre de l’Arbeitsdienst.
Condamnée à 10 ans, elle est libérée en 1950.

 


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Ilse LOTHE (10)
Née le 06 novembre 1914 à Erfurt.
Kapo.
Déclare qu'elle travaillait dans une usine de chaussures et qu'en 39 on lui a demandé d'aller dans une usine d'armement. Ayant refusé, elle a été envoyée à Ravensbrück jusqu'en mars 42 puis à Auschwitz I et un mois plus tard dans un sous-camp à 7 km pour des travaux de creusement (barrage) et enfin à Birkenau de juin 43 à février 44. Elle est alors devenue Kapo d'un commando de 100 Juives Hongroises puis quatre mois plus tard, à sa dissolution, d'un autre commando (50 Juives Hongroises) de février à décembre 44. Elle est ensuite en Kommando punitif (le "Vistula Kommando" de Weingartner) jusqu'à l'évacuation. En janvier 45 elle part pour Ravensbrück (4 semaines) puis Belsen (début mars) où E. Volkenrath lui redonne un poste de Kapo après quelques semaines. 
Acquittée des charges qui pesaient contre elle pour Auschwitz comme pour Belsen.

 


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SS Walter OTTO (23)
Oberscharführer et Blockführer.
Allemand né le 20 juillet 1906 à Wuppertal, électricien dans le civil. Il a rejoint les forces allemandes le 15 octobre 40, est entré dans la SS et a été envoyé à Auschwitz où il est resté jusqu’au 21 janvier 45. Il était électricien à Auschwitz I sous la responsabilité de l'Oberscharführer Bohn. Il est arrivé à Belsen le 04 février 45.
Aucune question de la cour quant à Auschwitz.
Jugé non coupable pour Belsen.

 

 

Anton POLANSKI (47)
Né le 24 octobre 14 à Nuszyna en Pologne.
Fait prisonnier par les Allemands parce qu’il servait dans l’armée Polonaise. S’évade et finalement sera déporté à Auschwitz ainsi que sa famille en avril 41. Kommando de construction du camp puis travail dans les champs. Il est ensuite envoyé à Neuengamme en mars 43 et à Hanovre en décembre de la même année. Il arrive à Belsen le 7 ou 8 avril 45, Block 12 durant 2 jours, puis 16 (Kommando des creuseurs de fosses communes). Des survivants disent qu’il a été assistant du Blockältester, ce qu’il nie "j’aurais refusé toute fonction si on m’en avait proposée une". Confirme en revanche ce que tous ceux qui ont travaillé aux cuisines mentent : les prisonniers qui essayaient de récupérer quelque nourriture aux abords des cuisines étaient abattus sur place. Des témoignages de poids sont faits en sa faveur.
Libéré de toute condamnation pour Belsen.

 

 

Johanne ROTH (43)
Stubedienst à Belsen.
Née le 27 janvier 1913 à Steinheim en Silésie.
Arrêtée par la Gestapo en janvier 41 "parce qu’elle vivait avec un Polonais" elle est envoyée à la prison de Darmstadt puis à Ravensbrück, Auschwitz 1, Birkenau où elle était une prisonnière ordinaire. Le 27 janvier elle arrive à Belsen. Block 213 durant 6 semaines puis Block 199 où elle devient Stubendienst.
Condamnée à 10 ans de prison. Libérée en 1950.

 


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Ignatz SCHLOMOVICZ (30)
Né le 17 décembre 1918 à Vienne.
Kapo et Blockälteste. 
Quand les Allemands ont envahi l’Autriche en 38, il a voulu émigrer en Hongrie mais n’a pu aller qu’en Yougoslavie. On l’a renvoyé à la frontière autrichienne alors il est passé par l’Allemagne et la Belgique pour aller en Hollande où il a été accueilli par la communauté Juive. Arrêté en septembre 39 il est déporté à Oranienburg. En juillet 41 il est envoyé à Groß Rosen avec 500 autres Juifs. Ils sont envoyés à Auschwitz en septembre 42. Des 500 il restait 7 hommes. A Auschwitz il a été affecté à la Buna où il était Kapo et contremaître. En septembre 44 il est envoyé à Lauenhütte (sous-camp) et en janvier 45 la marche l’a conduit à Mauthausen puis le 8 avril à Belsen, Block 12 où un Lagerältester qu’il connaissait de Monowitz le fait nommer Blockältester pour succéder au précédent, mort du typhus. Il le restera 2 jours. Ils étaient 1.300 dans ce Block.
D'anciens prisonniers Juifs qui ont eu à le connaître dans différents camps témoignent de sa probité.
Acquitté.

 


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Oscar SCHMEDIDZT / SCHMITZ (14)
Né le 23 février 1916 à Köln (Cologne, Allemagne).
Formation d’ingénieur mais déclare qu’il lui était impossible de trouver du travail parce qu’il était aux Jeunesses Communistes dans les années 30 et avait refusé ensuite d’appartenir à une instance du parti Nazi.
Arrêté et mis en prison de novembre 34 à décembre 35 pour avoir vendu au Mont-de-Piété des objets qui ne lui appartenaient pas. Il tente de quitter le pays mais n’y parvient pas. Il est de nouveau mis en prison de 36 à 39 pour avoir volé une voiture. Il travaille ensuite dans une usine. Lorsqu’il est appelé pour la guerre il s’enfuit à Vienne, est capturé, mis dans un camp pour déserteurs et transféré plus tard à Mauthausen où il restera jusqu’en novembre 44 avant d’aller à Auschwitz (Monowitz), Nordhausen, Dora où il a rencontré Klippel (accusé 12), puis Belsen le 10 avril 45, camp 2.  Il dit y avoir été nommé Lagerältester par les prisonniers eux-mêmes et avoir alors organisé le regroupement des prisonniers par nationalité et essayé de mettre en place une distribution de nourriture avec l’accord de Hössler (qu’il avait connu à Dora). Il raconte qu’après l’arrivée des Britanniques, il a été attaqué par une bande de prisonniers Ukrainiens qui l’a déshabillé. Il aurait alors pris un uniforme SS, d’où son arrêt par les libérateurs du camp, ne comprenant pas ses explications en allemand (confirmé par Hössler).
Jugé non coupable au procès et acquitté.

 


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SS Heinrich SCHREIRER (26)
Oberscharführer.
Né le 11 juin 1923 à Mirceah Voda en Roumanie.
Imprimeur de profession. Naturalisé Allemand. Il est venu en Allemagne en juin 41, entré à la Luftwaffe le 15 octobre et dit n’avoir jamais servi ni à Auschwitz ni à Belsen mais dans des équipes médicales en Roumanie. Plusieurs témoins et une accusée (Kopper) affirment se souvenir de sa présence à Auschwitz, notamment comme Blockführer et en charge de la Strafkompanie. Il affirme avoir fait partie de la Luftwaffe mais pas de la SS. Il déclare par ailleurs avoir été trouvé avec un uniforme de la SS parce qu’il l’avait pris mais qu’il n’était pas à lui. Outre le fait que son groupe sanguin était tatoué sur la face interne haute de son bras gauche comme il était de coutume dans la SS, il avait une malette avec divers documents le concernant incompatibles avec ses déclarations ainsi qu'une photo de lui en uniforme SS.
Jugé coupable pour exactions à Auschwitz, il est condamné à 15 ans de prison et libéré en 1950.

 


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SS Elisabeth VOLKENRATH (7)
Oberaufseherin.
Allemande née le 05 septembre 1919 à Schonan.     
Coiffeuse de formation, elle déclare être entrée dans la SS en 41 et être allée en formation à Ravensbrück. Elle serait arrivée à Auschwitz I en mars 42 où elle aurait eu en charge une équipe de couturières. En août 42 le camp des femmes est transféré à Birkenau. A partir de décembre 42 elle dit avoir été responsable du "magasin des paquets" (réception, distribution) avec 25 à 30 prisonniers sous ses ordres, ainsi qu'à la distribution de pain qui relevait du même bureau, cela jusqu'en septembre 44. Ensuite elle est de nouveau à Auschwitz I, responsable d'un camp de travail, jusqu’à l’évacuation de janvier 45. Elle nie avoir participé à des sélections et dit qu’elle devait être présente en tant que personnel en charge du camp des femmes, mais ignorait le but de ces sélections (!). Elle affirme aussi (en réponse à l’accusation d’une survivante) n’avoir jamais empêché les prisonnières de manger mais seulement récupéré la nourriture quand elles en avaient trop… on en reste sans voix ! Elle déclare être arrivée à Belsen le 05 février mais juste pour quelques jours après lesquels elle fut hospitalisée et revint le 22 mars 45.  
Condamnée à mort, pendue le 13 décembre 45.

 


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SS Peter WEINGARTNER (3)
Né le 14 juin 1913 à Putinci (Yougoslavie). Carpentier de formation. Il a d'abord combattu dans l'armée Yougoslave puis est entré à la SS mais dit qu'il n'était pas pour autant volontaire. Il est alors allé à Auschwitz où il a été entraîné au maniement des armes pour devenir garde (jusqu'en novembre 43). Il devient ensuite Blockführer au camp des femmes puis au service du téléphone durant un an. En décembre 44 il dirige l'Arbeitskommando Weber (aussi appelé Kommando Vistula). Mille prisonnières creusant pour réguler la Vistule y étaient sous ses ordres. Ce commando est réputé particulièrement épouvantable du fait de la difficulté du travail tout autant que du comportement d'une extrème brutalité de Weingartner, ce qu'il nie.
Il dit avoir quitté Auschwitz le 19 janvier. Il est arrivé à Belsen début février où il est de nouveau Blockführer au camp des femmes..
Condamné à mort, il est pendu le 13 décembre 1945.

 [Page mise en ligne en octobre 2007]

 

photo archives salle tribunal Lüneburg procès Belsen AuschwitzCe procès a lieu dans l’immédiat après-guerre (il débute le lundi 17 septembre 1945) par le Tribunal militaire Britannique dans la continuité de la libération du camp de Belsen. En fait, accusés comme victimes, beaucoup n’étaient à Belsen que depuis peu de temps et venaient d’autres camps du fait des évacuations devant les avancées Russes à l’Est et Alliées à l’Ouest. Cet état de fait permet des dépositions de témoins précises, concernant chacun des accusés lorsqu’ils ont eu à les voir à l’œuvre, mais cela empêche clairement –surtout concernant Auschwitz- la présence de beaucoup de témoins d’importance. Cela nous prive à la fois de nombreuses informations aujourd’hui, mais cela empêchait à l’époque de juger les accusés sur leurs véritables faits et gestes puisqu’ils n’étaient, au mieux, connus qu’en partie.

Des témoins à ce procès, je n’en évoquerai ici que quatre qui ont parlé du Sonderkommando et / ou des crématoires d’Auschwitz et Birkenau. Ils sont évidemment peu nombreux, comment pourrait-il en être autrement, à la fois du fait des conditions du procès que je viens d’évoquer, mais aussi et surtout bien entendu en raison du petit nombre de survivants qui furent témoins de l’extermination.
Il s’agit de :
* Charles Sigismond Bendel, qui fut médecin du Sonderkommando,
* Roman Sompolinski, qui dit en avoir fait partie durant deux mois,
* Adam Bimko, qui déclare avoir visité un crématoire,
* Sophia Litwinska, qui affirme avoir été sortie d’une chambre à gaz.


Déposition de
Charles Bendel


[Informations préliminaires :

  1. sur les numéros des crématoires : les témoins ne tiennent pas compte du "vieux crématoire" du camp principal (Auschwitz 1) et nomment les crématoires de Birkenau 1, 2, 3 et 4 comme le font la plupart des survivants. Contrairement à eux, les historiens ont pris l’habitude de numéroter les crématoires en partant de celui du camp souche qui porte alors l’appellation de KI. Ainsi, les crématoires de Birkenau deviennent les K II, III, IV et V. Ici lorsque C. Bendel parlera du "crématoire n° 4" il faudra donc entendre celui que l’on a coutume d’appeler "K V".
  2. Charles Bendel est un médecin qui a donc été affecté au Sonderkommando en août 44. A ce titre, il n’effectuait pas le travail qui était imposé aux Sonderkommandos mais en était soit le témoin direct, soit le dépositaire (par ce qu’il entendait dire). On verra dans son témoignage que certains éléments sont approximatifs ou peu connus de lui].


Treizième jour - Lundi 1er octobre 1945
   
CHARLES SIGSMUND BENDEL, sous serment, interrogé par le Colonel BACKHOUSE
— Je suis un médecin Roumain vivant à Paris et quand j’ai été arrêté le 4 novembre 1943, je vivais en France depuis dix ans. La raison de mon arrestation était que je ne portais pas l’étoile de David, l’étoile Juive, que j’avais obligation de porter. J’ai été emmené à un camp appelé Drancy, près de Paris, puis à Auschwitz le 10 décembre 1943, où j’ai travaillé comme maçon dans une partie du camp appelée Buna. Le 1er janvier 1944 j’ai été transféré au camp principal et le 27 février 1944 au camp des Tziganes de Birkenau où j’ai travaillé en tant que médecin. Le médecin qui était notre supérieur s’appelait le Dr. Mengele. Il était responsable de l’ensemble de la partie médicale du camp, en particulier des maladies infectieuses pour lesquelles le Professeur Epstein de Prague et moi-même l’assistions. Le Dr. Mengele prenait part aux recherches sur les injections au crématoire. Il s’agissait d’injections qui étaient supposées produire une mort instantanée, et dans le camp des Tziganes ses recherches consistaient essentiellement à mener des tests sur les jumeaux. Il poursuivait toutes sortes de tests sur ces jumeaux mais ce n’était pas assez. Il voulait les voir morts, voir en quoi ils se ressemblaient. Quand je suis arrivé dans ce camp la première fois, il y avait 11.000 occupants mais à la fin de juillet 1944, 4.300 étaient allés au crématoire. Auparavant, 1.500 avaient été sélectionnés pour des groupes de travail et tous les autres étaient morts de causes naturelles ou d’autres raisons dans le camp. Ceux qui allaient au crématoire n’en sortaient jamais vivants –ils étaient gazés.

En juin 1944, votre affectation a t-elle changé ?
—En effet, elle a changé. Le Dr. Mengele m’a fait l’honneur de me rattacher au crématoire. Les hommes qui y travaillaient étaient appelés Sonderkommando, un Kommando spécial de 900 personnes. C’étaient tous des déportés. De même qu’il y avait un Sonderkommando de prisonniers, il y avait un Sonderkommando de SS. Ils profitaient de privilèges spéciaux, par exemple d’alcool, et ils étaient complètement séparés des autres SS. Ils étaient environ 15 SS. dans ce Sonderkommando, 3 par crématoire. Les prisonniers du Sonderkommando vivaient dans le camp, dans deux blocks qui étaient toujours fermés et ils n’étaient pas autorisés à les quitter. Certains SS. du Sonderkommando étaient de service de nuit et d’autres faisaient leur service par roulement. Ils étaient toujours relevés par d’autres. Au début je vivais dans le camp avec les autres prisonniers, mais plus tard, dans le crématoire lui-même. La première fois que j’ai commencé ce travail c’était en août 1944. Personne n’avait été gazé cette fois-là mais 150 prisonniers politiques, Russes et Polonais, avaient été amenés un par un près des fosses et là ils avaient été abattus. Deux jours plus tard, alors que j’étais rattaché au groupe de jour, j’ai vu une chambre à gaz en action. Cette fois-là c’était le ghetto de Lodz – 80.000 personnes ont été gazées.
 
Voudriez-vous décrire juste ce qui s’est passé ce jour-là ? 
— Je suis arrivé à sept heures du matin avec les autres et j’ai vu de la fumée blanche qui sortait encore des tranchées [trenches : fosses de crémation], ce qui indiquait qu’un transport entier avait été liquidé ou achevé durant la nuit. Au crématoire n°4 le résultat obtenu par la combustion n’était apparemment pas suffisant. Le travail n’allait pas assez vite, alors ils creusèrent derrière le crématoire trois grandes tranchées de 12 mètres de long et 6 de large. Peu après ils ont trouvé que même les résultats obtenus avec ces trois grandes tranchées ne permettaient pas une rapidité suffisante, alors au milieu de ces grandes tranchées ils ont construit deux canaux par lesquels le gras ou la graisse humaine devait suinter afin que le travail puisse être poursuivi plus rapidement. La capacité des tranchées était presque incroyable. Le crématorium n° 4 pouvait brûler 1.000 personnes dans la journée, mais ce système de tranchées a permis de passer au même nombre en une heure.

Voudriez-vous décrire la journée de travail ?
— A sept heures du matin, le chef de la Section Politique arrivait sur sa moto pour nous dire, comme toujours, qu’un nouveau transport était arrivé. Les fosses que j’ai décrites auparavant devaient être préparées. Il fallait les nettoyer. Il fallait mettre du bois dedans et du pétrole par-dessus afin que ça brûle plus vite. Vers midi le nouveau transport arrivait, il s’agissait de 800 à 1.000 personnes. Ces gens devaient se déshabiller dans la cour du crématoire et on leur promettait un bain et un café chaud ensuite. On leur donnait l’ordre de mettre leurs affaires d’un côté et tous les objets de valeur de l’autre. Ensuite ils entraient dans une grande salle et on leur disait d’attendre jusqu’à ce que le gaz soit amené. Cinq ou dix minutes après le gaz était amené, et la pire insulte à un médecin et à l’idée de la Croix Rouge était qu’il était apporté dans une ambulance de la Croix Rouge. Ensuite les portes étaient ouvertes et les gens étaient entassés dans les chambres à gaz qui donnaient l’impression que leur toit leur tombait sur la tête, tellement il était bas. Avec des coups assénés par différentes sortes de bâtons ils étaient forcés d’entrer et de rester à l’intérieur, parce que lorsqu’ils réalisaient qu’ils allaient à la mort ils essayaient de ressortir. Finalement, ils arrivaient à fermer les portes. On entendait des pleurs et des cris et ils commençaient à se battre les uns contre les autres, en cognant contre les murs. Ca durait deux minutes et puis c’était le silence complet. Cinq minutes plus tard les portes étaient ouvertes, mais il était quasi impossible d’entrer pendant vingt minutes. Ensuite le Sonderkommando commençait son travail. Quand les portes étaient ouvertes, une masse de corps s’effondrait d’avoir été tellement comprimé. Ils étaient complètement contractés, et c’était presque impossible de les séparer les uns des autres. On avait l’impression qu’ils avaient livré un combat terrible contre la mort. Quiconque a jamais vu une chambre à gaz remplie jusqu’en haut par un mètre et demi de cadavres ne l’oubliera jamais. C’est à ce moment-là que le travail du Sonderkommando commence. Ils doivent sortir en les traînant les corps encore chauds et couverts de sang, mais avant qu’ils ne soient lancés dans les fosses ils doivent encore passer entre les mains du coiffeur et du dentiste, parce que le coiffeur coupe les cheveux et le dentiste doit extraire toutes les dents. C’est vraiment l’enfer qui commence maintenant. Le Sonderkommando essaie de travailler aussi vite que possible. Ils tirent les corps par les poignets à un rythme effréné. Je ne parviens plus à reconnaître les gens qui avaient auparavant visage humain. Ils ressemblent à des démons. Un avocat de Salonique, un ingénieur électricien de Budapest - ils ne sont plus des êtres humains parce que, même pendant le travail, des coups de bâtons et de matraques en caoutchouc leur pleuvent dessus. Pendant ce temps, ça continue à tirer sur des gens devant les fosses, des gens qu’ils ne pouvaient faire entrer dans les chambres à gaz parce qu’elles étaient bourrées. Au bout d’une heure et demie, tout le travail est terminé et un nouveau transport a été amené pour le crématoire n°4.

Qui était le commandant de Birkenau à cette époque ?
— Kramer. Je l’ai vu plusieurs fois près des crématoires.

Y avez-vous vu des médecins SS ?
— Oui, le Dr. Klein une fois quand le gaz était amené par l’ambulance à la Croix Rouge. Il en est sorti par le siège à côté du chauffeur. Je l’ai vu aussi à différentes autres occasions. 

Vous souvenez-vous du 7 octobre 1944 ?
— Oui, c’était le jour où 500 hommes du Sonderkommando auraient dû partir parce qu’on leur avait dit d’aller travailler dans un autre lieu, mais il était bien clair pour nous que c’est à leur mort qu’ils allaient. Ils ne voulaient pas partir. Ce jour-là, 100 personnes du Sonderkommando du crématoire n° 1 et  400 du crématoire n°3 furent tuées. Au n° 3 ils furent tués un par un d’un coup de pistolet mortel dans la nuque. L’autre centaine a été mise en rangs en lignes de cinq et un SS seul passait leur tirer dans la nuque. Kramer était le commandant du camp à cette époque et il était présent à ces mises à mort.

Vous souvenez-vous d’un évènement ou quatre filles furent pendues ?
— Oui, au camp des femmes à Auschwitz en décembre 1944. Elles étaient accusées de nous avoir fait passer de la dynamite dans le but de faire exploser tout le crématoire. Elles travaillaient dans une usine de munitions appelée “Union.” C’était une pendaison publique ordonnée par Hössler, qui était Lagerführer à Auschwitz. Je ne connais pas Hössler de vue, mais je reconnais le n° 1 (Kramer). Je ne reconnais personne d’autre.
 
Contre-interrogatoire du Major Winwood.
Qui était le docteur en chef à Auschwitz quand ces expériences étaient menées ?
— A Birkenau le médecin le plus haut placé était le Dr. Mengele. Le médecin en chef pour l’ensemble du camp était le Dr. Wirtz, son titre (son rang, son grade) était Stabsarzt.
 
Le Dr. Mengele recevait-il ses ordres du Dr. Wirtz ?
— Je ne sais pas.

Avez-vous pris part vous-même à ces expériences ?
— Les médecins qui étaient parmi les prisonniers ne participaient pas à ces expériences.

Sous quelle autorité était le Sonderkommando ?
— Celle du Hauptscharführer Moll. Seul Kramer était au-dessus de Moll.

Le Sonderkommando dépendait-il d’un service politique du camp d’Auschwitz ?
— Oui.
 
Ce service politique était-il la Gestapo ?
— Je ne sais pas. Les ordres pour le Sonderkommando arrivaient de la section politique.

Est-il exact que les ordres ne venaient pas du commandant de Birkenau ?
—Je sais seulement qu’ils venaient de la section politique de Birkenau.
 
Le 7 octobre 1944, est-il exact que le crématoire fut incendié ? 
— Nous avons incendié le crématoire n°3. Cinq cents personnes ont pris part à cette révolte. Ils avaient des armes à feu au crématoire n°1, mais à cause d’une mauvaise compréhension elles n’ont pas pu être utilisées, parce que les gens du crématoire n°1 ont vu trop tard l’incendie du n°3.
  
Savez-vous qui était le commandant de l’ensemble d’Auschwitz le 7 octobre 1944 ?
— Je ne pourrais pas le dire.

Vous avez dit que beaucoup de personnes du Sonderkommando avaient été abattues. Des officiers supérieurs SS étaient-ils présents ?
— Il y avait quantité de SS lors de ces exécutions. Toute une compagnie de SS est venue spécialement d’Auschwitz. Je ne connais pas la hiérarchie, mais le principal tueur était le Rottenführer Barowski.

Le Hauptsturmführer Baer, qui était commandant d’Auschwitz, était-il avec cette compagnie de S.S. ?
— Je ne sais pas.

Contre-interrogatoire du Major MUNRO
Les quatre femmes qui ont été pendues étaient-elles accusées d’avoir fourni des explosifs au Sonderkommando ?
—Oui.

Ces explosifs vous sont-ils réellement parvenus ?
— Je ne pourrais pas le dire parce que les gens qui sont considérés comme ayant eu affaire avec ces femmes avaient déjà été tués quand je suis arrivé au crématoire.
 
Les explosifs ont-ils été utilisés durant cette tentative d’évasion ?
— Non.

Savez-vous si les quatre femmes ont-été menées devant un tribunal par les Allemands ?
— Je n’en ai aucune idée.

Contre-interrogatoire du Major CRANFIELD
Le crématoire était-il gardé secret ?
— Il n’était pas secret en tant que crématoire, mais on essayait de garder secret ce qui se passait à l’intérieur. 

Quand un groupe arrivait pour la chambre à gaz, était-il amené par l’un des médecins ? 
— Non. Il y avait un S.S. devant et un derrière. C’est tout.
 
Ces groupes arrivaient-ils habituellement en camion ?
— Ca dépendait. Certains prisonniers arrivaient à pieds, d’autres, les gens malades, arrivaient en camion. Ces camions étaient tels qu’ils pouvaient benner et les chauffeurs trouvaient drôle d’utiliser cette possibilité et de déverser les gens.
 
Est-ce que les gens qui arrivaient du camp d’Auschwitz, contrairement à ceux qui arrivaient de la gare, arrivaient habituellement en camion ?
— Oui.
 
Contre-interrogatoire par le Capitaine CORBALLY
Quand les chambres à gaz et les crématoires étaient prêts à commencer le travail et qu’un nouveau transport arrivait pour le gazage, est-ce que le chef de la section politique venait au Sonderkommando et donnait ses ordres ?
— Il ne venait pas donner d’ordres, seulement l’annonce de l’arrivée d’un transport.

Contre-interrogatoire du Lieutenant  JEDRZEJOWICZ
Avez-vous jamais entendu dire, au camp de concentration d’Auschwitz, que quelqu’un soit ressorti  de la chambre à gaz ?
— Non, c’était impossible.
 
By the JUDGE ADVOCATE
Combien de crématoires y avait-il ?
— Quatre, et un qui était appelé le “Bunker,” qui était finalement une chambre à gaz. Ils étaient tous à Birkenau.

Combien de chambres à gaz y avait-il ?
— Dans chaque crématoire il y avait généralement deux chambres à gaz.
 
Quand vous êtes arrivé au Sonderkommando, quel genre de fonction étiez-vous sensé remplir en tant que médecin ?
— Au cas où quelqu’un se blessait parmi les gens du Sonderkommando. Je me souviens d’un cas où un homme en travaillant s’était brûlé les deux pieds dans la graisse humaine, elle était bouillante. Il faisait partie de mes fonctions de lui faire un pansement.


Déposition de Roman Sompolinski

[Information préliminaire sur la déposition du témoin : je n’ai traduit que les réponses concernant Auschwitz. Ce qui concerne le camp de Belsen n’est indiqué que par le […] habituel indiquant une coupure.]

Treizième jour - Lundi 1er octobre 1945    
ROMAN SOMPOLINSKI, sous serment, interrogé par le Colonel BACKHOUSE
- Je suis un Juif de Lodz, en Pologne, et j’ai été arrêté en 1939. J’ai travaillé dans différents camps et suis finalement allé à Auschwitz à l’automne 1943. J’ai été transféré à Belsen quand les troupes Russes ont été trop proches.

Voulez-vous regarder attentivement les personnes dans le box et dire si vous reconnaissez certains ?
- N°1 Kramer, n°5 Hössler, n°30 Schlomoivicz, n°32 Antoni (Aurdzieg), n°47 Anton Polanski, un bon ami à moi, n° 17 Gura, n° 4 Kraft. Kramer était le commandant du camp à Auschwitz et Belsen. Trois jours avant la libération du camp de Belsen, je suis allé à la cuisine pour rapporter de la soupe à mes amis et il y avait des pommes de terre pourries au sol. Nous avons commencé à en ramasser et Kramer s’est mis à tirer sur nous avec son pistolet. Il a tué deux d’entre nous et m’a blessé au bras.

Que pouvez-vous nous dire à propos du n°4 (Kraft) ? […]

Qu’avez-vous eu à faire avec le n°5 ?
- Il a été mon commandant au crématoire n°1 à Auschwitz. A l’automne 1943 nous sommes arrivés à la gare, mes deux frères et moi, et Hössler s’est approché de nous. Nous avons essayé de rester ensemble, mais quand j’ai dit à Hössler que c’étaient mes frères, il les a envoyés au crématoire. J’y ai été employé, au nettoyage des chambres à gaz, à la sortie des corps et à leur chargement dans des « lorries ». […]

Avez-vous connu le n°30 Schlomoivicz à Belsen ?  […]

Contre-interrogatoire du Major WINWOOD.  
Vous prétendez que deux amis ont été tués par Kramer. Quand avez-vous pensé à cette histoire ?
 - Quand j’ai été blessé moi-même.

 Je suggère que vous avez pensé à cette histoire pour la première fois cinq minutes avant de la mentionner ?
- Ce n’est pas vrai.

Est-ce que l’accusé n°4 (George Kraft) était à Belsen ? […] 

Contre-interrogatoire du Major MUNRO
Quand vous avez été séparé de vos deux frères, avez-vous vu ce qui leur est arrivé ?
- Non, tous les gens choisis par Hössler devaient aller de l’autre côté de la place et quand les camions sont arrivés, ils ont été chargés dedans et emmenés.

Quand avez-vous travaillé au crématoire ?
- A l’automne 1943, quand je suis arrivé à Auschwitz. J’y ai travaillé deux mois.

Dans la déclaration que vous avez faite à un officier Britannique, vous avez dit : "Le S.S. qui était en charge de mon groupe pour ce travail était l’Oberscharführer Moll" ?
- Avant que je ne sois transféré de mon commando précédent au Sonderkommando, c’était Moll qui en avait la charge.

"Concernant ma déposition et  ma déposition suivante, toutes deux faites le 24 mai 1945, je souhaite apporter une correction à propos de l’Oberscharführer Moll. Je me suis trompé lorsque j’ai dit qu’il était en charge de mon groupe. On m’a dit à Auschwitz qu’il avait cette charge avant que je ne sois employé aux chambres à gaz et au crématoire. Lorsque je travaillais à la chambre à gaz et au crématoire, c’était le SS Hössler qui en avait la charge. Je l’identifie comme étant le n°1 sur la photographie n°9. Je suis absolument certain que c’est lui, il n’y a pas de doute là-dessus." Avez-vous fait cette déclaration ?
-Oui.

Si vous n’avez pas de doute sur l’identité de Hössler, pourquoi avez-vous nommé Moll en tant que commandant ?
- Au début j’ai dit que mon commandant était Hössler, mais on m’a demandé qui était avant lui et j’ai dit que c’était Moll.
 
Quand vous avez finalement signé votre déposition, vous en a-t-on donné lecture ?
- J’ai fait ma déposition, on me l’a relue et je l’ai signée.

Avez-vous également dit : "Excepté pour l’Oberscharführer Moll et l’Obersturmführer Schwarz, je ne connais pas les noms des autres membres du personnel Allemand à Auschwitz" ?
- Oui.

Je suggère qu’il n’y avait pas de commandant du crématoire ou de la chambre à gaz à Auschwitz ?
- Le commandant du crématoire n°1 était Hössler.
 
Ce n’était pas Moll qui avait la charge du petit groupe de SS qui eux-mêmes avaient la charge du Sonderkommando ?
- Avant mon arrivée.

Et si Hoessler n’avait jamais été, à aucune époque, en charge du crématoire ou de la chambre à gaz ?
- C’est lui qui amenait tous les transports quand ils arrivaient à la chambre à gaz, et les remettait à quelqu’un de haut rang.

Cross-examined by Major CRANFIELD
 Quand les groupes arrivaient pour les chambres à gaz, étaient-ils accompagnés par un médecin SS., tel le Dr. Tauber ?
- Oui.

Quand la nourriture était distribuée à Belsen, est-ce que les  prisonniers se battaient pour en avoir, et pour pouvoir vérifier que chacun avait une part convenable, était-il nécessaire d’utiliser la force pour les retenir ? […]

Contre-interrogatoire du Major BROWN
[…]

Contre-interrogatoire du Capitaine NEAVE
 Vous avez reconnu l’accusé n°30 (Schlomoivicz). Combien de temps l’avez-vous connu à Auschwitz ?
- Un an.

Quand il est devenu Blockältester, a-t-il fait sortir [«parade»] tous les prisonniers du Block 12 pour leur parler ?
- Non.

Contre-interrogatoire du Capitaine PHILLIPS
Quand vous avez fait les dépositions à un officier Britannique, vous a-t-on montré des photographies ?
- Oui, dix. Il y avait cinq ou six personnes sur chaque photo. On m’a demandé si je pouvais reconnaître quelqu’un d’Auschwitz ou de Belsen.

Avez-vous reconnu quelqu’un ?  
- Oui.

Que vous a-t-on demandé ensuite ?
- Comment étaient ces gens et quelle était leur attitude envers les prisonniers. On nous demandait si nous avions vu ces gens maltraiter d’autres gens.
 
Avez-vous dit quelque chose, ou vous a-t-on demandé si vous aviez quelque chose à dire en faveur de ces personnes ?
-Oui.

Contre-interrogatoire du Lieutenant JEDRZEJOWICZ
Avez-vous connu le n°47 (Polanski) à Auschwitz ?
- Non. […]

Est-ce que les grillages [“wire”] entourant l’enceinte extérieure à Auschwitz étaient chargés de courant électrique nuit et jour ou seulement durant la nuit ?
- Pendant la journée il n’y avait pas de prisonniers dans le camp, alors les barbelés n’étaient pas électrifiés. Ils les électrifiaient le soir quand les prisonniers étaient revenus de leur travail.

Réexamen par le Colonel BACKHOUSE
Pourquoi pensez-vous que Hössler était commandant de votre crématoire ?
- Parce qu’il avait l’habitude d’amener chaque transport qui était condamné à mort au crématoire. Le crématoire n°1 était situé à un endroit tel qu’il était visible du camp des Tziganes comme du camp C.

By the JUDGE ADVOCATE
Avez-vous attrapé le typhus à Auschwitz ?
- Deux mois après avoir travaillé au crématoire.
Vous avez passé environ quatre mois à Belsen […]


Dépositions de Ada Bimko et Sophia Litwinska
[Ces témoins sont cités parce qu’ils évoquent les Sonderkommandos. Je donnerai juste ici quelques mots de la présentation qu’ils ont faite d’eux-mêmes lors de leur déposition devant le tribunal, puis le ou les extrait(s) concernés.]
Cinquième jour –Vendredi 21 septembre1945

Ada BIMKO.
Juive Polonaise, médecin. Envoyée à Auschwitz le 04 août 43 avec 5.000 autres Juifs de Sosnowietz. Environ 250 hommes et 250 femmes seront gardés en vie lors de la première sélection sur la rampe. Elle déclare que 25.000 Juifs de sa ville ont été déportés à Auschwitz cette semaine-là.

Interrogée par le colonel BACKHOUSE
Etes-vous déjà allée dans l’une des chambres à gaz ?
- Oui, en août 44, je travaillais dans une partie du camp en tant que médecin. Une nouvelle grande quantité de gens sélectionnés pour la chambre à gaz étaient arrivés, et comme ils étaient malades, ils arrivaient couverts d’une couverture. Deux jours après on nous a dit d’aller rechercher ces couvertures à la chambre à gaz. J’ai saisi l’occasion parce que j’ai toujours voulu voir de mes propres yeux cette chambre à gaz de mauvaise réputation et j’y suis rentrée. C’était un bâtiment de briques et il y avait des arbres autour d’une façon telle que ça faisait camouflage. Dans la première pièce j’ai rencontré un homme qui venait de la même ville que moi. Il y avait aussi un SS Unterscharführer qui appartenait à la Croix Rouge. On m’a dit que dans cette première grande pièce les gens laissaient leurs vêtements, et de cette pièce ils étaient conduits vers une seconde et j’ai eu l’impression que des centaines et des centaines de gens pouvaient entrer dans cette pièce tellement elle était grande. Elle ressemblait aux bains-douches ou aux sanitaires que nous avions dans le camp. Il y avait beaucoup de pommes de douche [sprays] au plafond en rangées parallèles. On fournissait à tous les gens qui entraient dans cette pièce une serviette et un morceau de savon pour qu’ils aient l’impression qu’ils allaient prendre un bain, mais pour quiconque regardait au sol il était tout à fait clair que ce n’était pas le cas parce qu’il n’y avait pas de rigoles d’écoulement. Dans cette pièce il y avait une petite porte conduisant à une pièce un peu sombre qui ressemblait à un couloir. J’ai vu quelques voies (rails) avec un petit wagon qu’ils appelaient un « lorrie » et on m’a dit que les prisonniers qui étaient déjà gazés étaient mis dans ces wagons et envoyés directement au crématoire. Je crois que le crématoire était dans le même bâtiment mais je n’ai pas vu le four moi-même. Il y avait une autre pièce à laquelle on accédait par quelques marches de la précédente [a few steps higher than this previous one] avec un plafond très bas et j’ai remarqué deux tuyaux [pipes] dont on m’a dit qu’ils contenaient le gaz. Il y avait aussi deux gros containers de métal contenant du gaz.
   
Est-ce que certains des prisonniers gardaient trace de ce qui concernait ces chambres à gaz ?
- Oui. Ils étaient de nombreux prisonniers à travailler dans ces crématoires et ce commando de travail portait le nom de Sonderkommando, unité spéciale. Ces commandos étaient changés après quelques mois parce qu’eux-mêmes étaient éliminés. Ils étaient gazés. L’un de ceux qui faisaient partie de ces commandos m’a dit que d’autres membres des commandos précédents avant d’être gazés avaient gardé trace de tous les transports qui arrivaient et étaient ensuite exterminés. Lui-même, en fait, gardait trace aussi et il a dit que le nombre de Juifs qui avaient été exterminés dans cette chambre à gaz serait d’environ quatre millions.

Septième jour - Lundi 24 septembre 1945

Sophia LITWINSKA.
Juive Polonaise, 29 ans, de Lublin. Arrêtée le 19 mai 40 avec son mari, qui était membre de l’armée Polonaise et non Juif. Après un an à Lublin, elle est transférée à Auschwitz en automne 41 où elle restera jusqu’en automne 44.

Interrogée par le Colonel BACKHOUSE
Je ne traduirai pas l’ensemble de sa déposition, mais cette femme raconte que :
Le 24 décembre 41 elle était au Block 4, le Block hôpital, où elle a été sélectionnée sous la direction de Hoessler parmi 3.000 femmes Juives. Le jour suivant, les femmes sélectionnées ont été emmenées au Block 18 puis chargées quasi-nues dans un camion. Elles ont été bennées devant le crématoire [seul existait alors le K I] puis menées dans une pièce où il y aurait eu des serviettes «et même des miroirs». Toutes les femmes criaient et pleuraient. Elle a alors vu des émanations [«fumes»] arrivant par une très petite fenêtre en haut et a commencé à étouffer. A ce moment-là elle aurait entendu appeler son nom, n’aurait eu la force que de lever le bras, que quelqu’un aurait saisi. Hössler l’aurait entourée d’une couverture et emmenée à l’hôpital sur sa moto. Elle dit qu’elle a été sortie de la chambre à gaz «parce qu’elle venait de la prison de Lublin, ce qui semblait faire une différence» et «parce que son mari était un officier Polonais».

Interrogé sur ce témoignage, Hössler répond "oui, mais c’est quelqu’un d’autre que j’ai sorti de la chambre à gaz" puis il raconte avoir vu passer le camion qui emmenait des femmes au crématoire, avoir reconnu l’une d’elles (il ne précise pas) et avoir envoyé un SS avec une moto qui se trouvait là pour la ramener et la reconduire à l’hôpital. Il ajoute pour terminer qu’elle n’était pas entrée dans la chambre à gaz. 

Je me dois de mentionner une dernière déposition, celle de Regina Bialek (28 ans, Polonaise) qui déclare également avoir été sortie in extremis d’une chambre à gaz d’Auschwitz (le 25 décembre 43). Je n’en dirai pas plus, car rien ne correspond à la réalité dans ce témoignage qui ressemble typiquement à un cauchemar, ce que l’on peut concevoir, et aussi à la déposition précédente. On peut facilement imaginer aussi que l’histoire de S. Litwinska est tellement hallucinante qu’elle se serait racontée entre les femmes du camp et qu’elle aurait pu faire impression sur R. Bialek au point de l’intégrer comme sienne du fait de l’état physique et mental dans lequel elle était inévitablement à Auschwitz. C’est en tous cas l’hypothèse que je privilégie a priori.

 

[Page mise en ligne en octobre 2007]

Belsen camp 1 photo archivesLe camp de Bergen-Belsen a été construit par des prisonniers Juifs que les SS ont déplacés des camps de concentration  de Buchenwald et Natzweiler. Il a ouvert le 30 avril 1943. Il était considéré comme ayant une capacité de 10.000 prisonniers. Le premier commandant du camp a été le SS Hauptsturmführer Adolf Haas auquel a succédé Josef Kramer le 02 décembre 1944.

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Le 15 avril 1945, à l'arrivée des troupes Britanniques qui vont libérer le camp de Belsen, l'horreur de la découverte des conditions de (sur)vie dans le camp est totale. Les Alliés réalisent véritablement ce que signifiaient les camps de l'Allemagne nazie. On estime à 60.000 le nombre de prisonniers entassés dans le camp (Belsen a été la destination de nombreuses évacuations de prisonniers d'autres camps). Les conditions dans lesquelles les Britanniques trouvent ces prisonniers sont épouvantables, tant du point de vue du manque de nourriture que de celui de l'hygiène. Plus de 10.000 morts y côtoient les vivants entre les baraques. 13.000 personnes mourront encore dans la période qui suivra, leur état de santé étant déjà si épouvantable qu'ils ne pourront être sauvés. 

La plupart des membres du personnel SS du camp s’étaient enfuis, mais plusieurs dizaines étaient encore sur place, y compris le commandant du camp, Josef Kramer (photo ci-dessous).

Josef Kramer Belsen 1945 photo archives


Deux jours plus tard, 48 personnes sont officiellement arrêtées, dont J. Kramer, et les Britanniques leur imposent d’enterrer de leurs propres mains les corps des prisonniers épars dans tout le camp.

Belsen SS fosse commune photo archives 1945

Devant l’état du camp et la situation spécifique due à une épidémie de typhus, les Britanniques décident de brûler les bâtiments, c’est pourquoi il ne reste aujourd’hui du camp d’origine que les emplacements des fosses communes.

Ce procès a duré 54 jours (du 17 septembre au 17 novembre 45) en présence de 200 journalistes et observateurs internationaux. Il a eu lieu en Allemagne, à proximité du camp, dans la ville de Lüneburg, au 30 Lindenstraße.

Tribunal militaire britannique procès Belsen Auschwitz Lüneburg 1945

 Il s’agissait d’un tribunal militaire Britannique. Il s’est donc tenu en anglais (avec traducteurs allemands et polonais). Il est appelé «procès de Belsen» mais en réalité c’était un procès bicéphale car y ont été jugées des personnes ayant officié à Bergen Belsen, mais aussi antérieurement à Auschwitz pour certaines. En fait, 19 personnes parmi les accusés avaient davantage sévi à Auschwitz et la plupart n’étaient en réalité venues à Bergen Belsen qu’à l’approche des troupes Soviétiques fin 44 et début 45.
Les accusés étaient au nombre de 48 au départ, mais les charges contre trois d’entre eux ont été abandonnées (Nikolas Jenner, Paul Steinmetz et Walter Melcher) et l'état de santé d'un quatrième (Ladislaw Gura) lui a évité le procès. Ils étaient donc quarante quatre. Ainsi ce procès est dit «procès de Josef Kramer et 44 autres».

Tribunal militaire britannique procès Belsen Auschwitz Lüneburg 1945 photo archives

Josef Kramer et Fritz Klein étaient les deux principaux accusés, qui avaient essentiellement sévi à Birkenau (Auschwitz II) jusqu’en décembre 44, date à laquelle ils sont arrivés à Bergen-Belsen.
Vingt-quatre avaient officié à Belsen, dix-neuf étaient concernés par les deux procès et une seule était accusée pour ses exactions à Auschwitz et n’était pas allée à Belsen (Stanislawa Staroska ou Starostka, appelée "Stanie" par les prisonnières). Trente deux des accusés avaient été des membres de la SS dont seize femmes, douze (sept hommes et cinq femmes) avaient été des prisonniers de fonction (Kapo, Blockältester, Lagerältester).
Huit hommes et trois femmes ont été condamnés à la peine de mort et exécutés par pendaison le 13 décembre 45 à la prison de Hameln. Dix neuf autres ont été jugés coupables et condamnés à diverses peines, quatorze ont été acquittés.
Il était très difficile de se prononcer en connaissance de cause pour ce tribunal. La réalité et les particularités de la vie dans les camps (ici, en l'occurence à Auschwitz-Birkenau) n'étaient pas encore suffisamment connues pour que la cour puisse toujours poser les questions les plus pertinentes ; en outre les accusés venaient de camps divers, ils n'étaient arrivés à Belsen que dans les tous derniers mois du fait des évacuations. Les véritables exactions et responsabilités de ces accusés ne pouvaient donc être clairement posées et connues parce qu'elles avaient eu lieu dans d'autres camps.

 

[Lien vers la présentation des accusés de ce procès]

[Lien vers les témoins et leurs dépositions]

[Lien vers le tableau des peines infligées]

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